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L’HOMME : Simon KIMBANGU
La prétendue xénophobie de KIMBANGU ne fut en
fait que le tremplin d’où devait surgir l’accomplissement
des desseins de DIEU et poindre les prémices de la prise
de conscience, de l’indépendance totale de l’homme
noir. Le chemin du long cri de révolte tracé par
lui, a traversé les marigots, les rivières, les
fleuves, en creusant dans son parcours des sinuosités
sur la terre ferme, en perçant les méandres de
la nuit jusqu’à atteindre les persécutés
épris de paix et de liberté.
Humble rejeton noir, la main de DIEU modèle KIMBANGU,
puissance et gloire. Il devient l’HOMME !
Les miracles accomplis par cet élu remplissent l’air
et se propagent avec des sentiments mitigés : admiration,
respect, rage et crainte. La magie de ses mots opère
différemment dans les cœurs ; imposition de ses
mots ranime l’étincelle de vie ; il ressuscite
physiquement et moralement. Son message heurte puissamment
les portes de la pensée noire et blanche. Les conséquences
sont immédiates : l’alarme sonne pour les uns,
le cyclone se déclenche pour les autres. Il tombe alors
des halle bardes de panique sur l’ère coloniale
! La parole de KIMBANGU dénuée pourtant de toute
vanité et de toute provocation, pénètre
et fouille le subconscient puis aboutit au tremblement de
l’édifice de la sérénité,
des acquis coloniaux jugés jusque-là uniques
et inébranlables. Troublant ! …
La placidité notoire de l’illuminé
de Nkamba, comme le nommaient alors les missionnaires, bouleverse,
tandis que son évangile sonne la charge au sein du
peuple des « moins que rien ». Leurs yeux s’éveillent
d’une longue torpeur et voient se profiler à
l’horizon l’avancée de la fin du joug et
la réalité pure, primitive, de l’Amour
de DIEU pour leur race. La roue de la prise de conscience
étant lancée sur les routes semées d’embûches,
mais déterminée à parvenir au terme du
voyage, le dessein de DIEU s’accomplit en écourtant
le ministère de KIMBANGU. Tout alors, se précipite
à une allure vertigineuse. Les détracteurs et
les prédateurs, avides de le neutraliser fondent sur
lui, tels des oiseaux de proie. Ce sont les lourdes chaînes
de la captivité !
Dans la geôle inhumaine d’Elisabethville,
actuelle Lubumbashi, KIMBANGU purgera sa peine dans un espace
de un mètre vingt (1,20 m) de long sur quatre vingt
centimètres (80 cm) de large. Ce réduit ne mesurait
à peine que les dimensions d’un berceau de nouveau-né,
et légèrement un peu plus que celles d’un
lit d’enfant, alors que la normale pour un adulte atteint
une longueur de un mètre quatre vingt dix 1,90 m) sur
une largeur quatre vingt dix centimètre (90 cm). Quel
calvaire pour l’homme corpulent qu’il était
! Que l’imagination reproduise en nous l’image
que présentait le lit d’infortune de cet illustre
opprimé dans l’exiguïté de sa cellule.
Comment se recroquevillait-il ou se contorsionnait-il dessus
pour y reposer la masse son corps fatigué et brisé
par tant de tortures ? Ô sadisme !
Ce fut le coup d’envoi de trente ans
de martyre au cours desquels sa chair subit des sévices
que le commun des mortels n’endurerait pas. C’était
le prix à payer pour sauver la race noire de sa misérable
condition.
Ainsi, dans sa petite prison bien triste, le grabat en ciment
froid et dur qui lui servit de lit des années durant,
supporta le poids de son douloureux sacrifice, tandis que
la rugosité d’une vulgaire couverture noire recouvrit
les meurtrissures de son corps tourmenté. Ses nombreux
tortionnaires s’en donnèrent à cœur
joie. C’était à qui trouverait un supplice
plus raffiné ou un châtiment plus subtil ! Le
but poursuivi par toutes ces atrocités était
de le faire passer de vie à trépas, mais en
vain ! Les tortures du péché…
Chaque matin, le réveil triomphal de KIMBANGU était
une victoire de plus à son effectif, victoire éclatante
qui narguait de plus belle ses bourreaux tenus en échec.
Dans le pesant silence des nuits sombres de sa cellule de
condamné à mort, l’évangéliste
africain recevait de DIEU la nourriture de l’âme,
le réconfort du cœur et l’apaisement du
corps criant mille souffrances. Ainsi, à l’heure
où le sommeil s’abattait sur les humains, l’oreille
de KIMBANGU percevait les notes de chants de gloire et de
délivrance. Le vent soufflant sur ses blessures nées
de la haine, agissait comme un baume anesthésiant.
Puis, les étoiles témoins de sa solitude illuminaient
de mille scintillements son austère vie cellulaire.
La piété nourrissait sont espoir et dans son
isolement, son âme était transportée hors
du temps des hommes ; elle était loin de toute injustice.
Il était face à la sublimité de l’Eternel
qui l’avait élu LIBERATEUR parmi tant d’autres,
pour concrétiser la splendeur de son œuvre.
L’HOMME ! L’homme réduit avec un acharnement
sordide à l’état d’avorton !
KIMBANGU s’est fait infiniment petit,
infiniment humble pour mieux préparer, selon les instructions
précises du Très Haut, l’avènement,
l’ascension de l’homme noir à la haute
magistrature divine. La lutte pour laquelle il a obstinément
combattu afin d’arracher ses frères africains
de la botte coloniale, n’était pas exclusivement
pour une délivrance physique, mais aussi et surtout,
pour une liberté spirituelle en profondeur. Son arme
de combat était particulière. Il la brandissait
avec l’élan vibrant de sa grande FOI : le sainte
BIBLE !
Ce livre sacré fait de Lumière de l’Esprit
et de Sagesse fut sa seule recommandation car à luit
tout seul, il constituait un instrument de délivrance,
de puissance et de gloire dans le Saint des Saints.
Voilà l’héritage que KIMBANGU a légué
à toute la race noire ; c’est là le volumineux
testament qui fera du Continent Noir, de toute l’Afrique,
des libérés spirituellement riches.
Béni sois-tu, ô KIMBANGU, leader noir !
Gisèle Hélène
BOUKOU
AFKIParoisse de Rennes
Rennes, France, octobre 2006
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