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LA PERSONNALITE DE SA GRANDEUR CHARLES
DANIEL KISOLOKELE LUKELO
En fouillant dans les profondeurs du temps, l’histoire
parvient à déceler et à déchiffrer
des secrets enfouis dans la poussière du passé.
Le spirituel, quant à lui, ne dévoile que parcimonieusement
l’étendue de ses frontières infranchissables
qui dépassent l’entendement du commun des mortels.
D’immenses mystères entiers englobent le ciel,
la terre et les mers. L’insondable bute contre la science
du savoir de l’homme.
A l’instar de cette analyse, le kimbanguisme est comme
un vaste continent qui est à découvrir et à
explorer.
Ils étaient trois frères, trois étoiles
descendues sur terre pour éclairer l’univers
par leur ministère. Ils furent prématurément
plongés dans un éboulement d’événements
désenchanteurs. La haine coloniale se déversa
sur eux avec des proportions démesurées, sans
égards pour leur extrême jeunesse ! Puis, survint
le moment où la relégation sépara cette
modeste famille unie…
Après l’arrestation de leur PERE SIMON KIMBANGU,
l’aîné des trois fils, sa Grandeur Charles
Daniel KISOLOKELE LUKELO fut cité à témoigner,
lors du procès mascarade au cours duquel comparaissait
leur Père, procès durant lequel ce dernier ne
bénéficiât d’aucune garantie légale
de la justice. Pour interroger l’enfant de sept ans
qu’il était alors, on le jucha sur une chaise,
face à l’agent administratif qui manoeuvra habilement
pour lui faire avouer que son Père exhortait la population
à la rébellion, à chasser ou à
faire tuer les blancs. Mais l’enfant refusa d’obtempérer
et répliqua en ces termes : « Mon Père
n’a jamais rien dit de tel; l’affirmer serait
un mensonge or, comment mentir devant DIEU qui nous voit ?
« Furieux, le fonctionnaire ordonna à un soldat
de le gifler. Le petit Charles regarda la main du soldat et
celle-ci devint énorme; le soldat apeuré regarda
également sa main qui avait doublé ou triplé
de volume et rétorqua : « Non, je ne peux pas,
faites-le vous-même si vous le voulez »…
Le petit garçon fut alors envoyé à la
colonie scolaire catholique de Boma où il ne vécut
pas la jeunesse insouciante des enfants heureux, mais il y
reçut néanmoins l’instruction qui lui
valut d’acquérir plus tard, un bagage intellectuel
des plus méritants.
Durant sa captivité à Boma, il recevait fréquemment
la visite de son PERE, non pas dans la normalité des
dimensions humaines, mais dans celle qui n’appartient
qu’aux plus élevés, qu’aux Saints
des Saints. Ainsi, lorsqu’Il arrivait, ils allaient
souvent se promener et ils conversaient, soit tranquillement
assis dans les profondeurs des eaux, soit paisiblement installés
à l’intérieur d’un rocher. Les gens
pouvaient passer devant ledit rocher, marcher dessus ou s’y
asseoir, sans se douter un seul instant qu’au cœur
de cette pierre Papa Simon KIMBANGU était en grande
conversation avec son fils Charles !
Les années s’écoulant, le jeune homme
fut muté à Banana en poste de travail. Et là,
le fils du rejeton noir honni fut, une fois de plus la cible
idéale d’autres facettes de la méchanceté
alors qu’il en avait déjà tant subi !
Les prêtres projetèrent de le supprimer. Décidant
d’aller se baigner au fleuve, ils l’entraînèrent
avec eux. et fomentèrent un plan diabolique en inventant
un jeu cruel : lancer un ballon dans un endroit bien spécifique
du fleuve infesté de caïmans et le premier qui,
à la nage, atteindrait ledit ballon, serait récompensé
(tout en sachant pertinemment au fond d’eux qu’il
n’était pas possible d’en réchapper).
Suivant fidèlement le tracé de leur sordide
machination, ils désignèrent naturellement le
jeune Charles comme premier candidat. Celui-ci plongea donc
dans les eaux meurtrières et nagea en direction de
la cible visée. Au moment précis où il
atteignit le ballon un caïman émergea des profondeurs
des eaux ! Les prêtres restés sur la berge, ne
perdirent pas une miette du spectacle, ils assistaient, satisfaits
à la scène qui se déroulait au loin,
intimement convaincus que l’issue serait indiscutablement
fatale. Mais… il état écrit que leur victime
ne périrait pas ce jour-là car l’inégalable
puissance de DIEU recouvrit le fleuve et, devant les yeux
exorbités de ses geôliers, KISOLOKELE, le ballon
bien serré contre lui, se retrouva bien assis sur le
dos du caïman qui nagea paisiblement vers la rive ! Médusés,
les prêtres prirent prudemment de la distance et attendirent
la sortie de l’eau du jeune miraculé. Ravalant
leur cuisant échec, ils n’eurent pas d’autre
choix que de le féliciter…
Devenu Administrateur Territorial à Tshela, il ne
rentra définitivement à Kinshasa que le 2 Juin
1960; il avait alors 46 ans. C’est au cours de cette
même année qu’il se présenta aux
élections du parti de sa circonscription où
il obtint le plus fort pourcentage des suffrages, ce qui d’ailleurs
le distingua considérablement de son concurrent. Ainsi
démarra la carrière politique de sa Grandeur
KISOKELE LUKELO qui occupa tour à tour les postes de
Député, de Secrétaire d’Etat, de
Ministre, de P.D.G. de différentes sociétés,
etc… C’est durant le parcours de ses multiples
fonctions administratives qu’il s’adonna, dans
la foulée, aux rudiments des travaux de dactylographie.
Lorsqu’un travail lui était confié, il
exécutait sa tâche en un temps record car il
tapait très, très vite à la machine,
ce qui naturellement, stupéfiait ses collègues
de bureau. Certains jours, lorsqu’il s’absentait
on entendait dans son bureau pourtant fermé à
clé, le cliquetis d’une machine à écrire
sur laquelle on tapait à une allure extraordinairement
rapide. Mais qui était donc à l’intérieur
alors que la porte était close ? se demandaient les
uns et les autres.
Un témoin oculaire, secrétaire particulier
de sa Grandeur, relata les événements suivants
: « Papa DIANGIENDA, de retour d’un long voyage
se rendit à Monkoto (Ngiri-Ngiri), pour se changer
et se reposer un peu. A l’époque des faits, c’est
donc Papa KISOLOKELE qui partit assister à l’accostage
de la dépouille mortelle de leur PERE au port de Kinshasa.
Ensuite, à l’arrivée de cortège
à Matadi-Mayo, le 02 avril 1960, les autorités
d’alors avaient forgé le funeste dessein de saccager
le cercueil de l’Illustre Papa Simon KIMBANGU afin de
se rendre compte par eux-mêmes que c’était
réellement le corps du disparu qui reposait dans le
cercueil. Papa KISOLOKELE, par cette magnificence propre aux
élus, sut ce qui se tramait. Ulcéré,
il entra dans une colère noire et, levant ses mains
vers le ciel, il pria. Soudain, les cieux s’ouvrirent
et une pluie inattendue, très abondante s’abattit
sur Matadi-Mayo; par la suite, des langues de feu se parsemèrent
de-ci, de-là; certaines maisons brûlèrent.
Paniquée, la foule venue attendre l’arrivée
de la dépouille de Papa Simon KIMBANGU se dispersa
dans tous les sens. Fort heureusement, personne ne succomba
sous les flammes. Très désorientés et
ne comprenant strictement rien à ce qui se passait,
les gens se prosternèrent pour demander pardon; alors,
un livre descendit du ciel et Papa KISOLOKELE le prit et le
remit au témoin oculaire…
Sa Grandeur Charles Daniel KISOLOKELE LUKELO donnait l’impression
d’être un personnage énigmatique, froid,
inabordable. Son regard, tour à tour perçant
et railleur, paralysait. Il avait le langage franc, la répartie
directe de ceux qui ne maquillent pas la vérité.
Avec lui, c’était la limpidité à
l’état brut, la transparence des faits. Il était
craint pour sa terrible sagacité qui troublait et remuait
l’ego.
Pourtant, en grattant le vernis de cette personnalité
tant redouté, on découvrait un souffre-douleur
accablé par les contraintes épuisantes de la
maladie. Jusqu’au bout, il a vaillamment lutté
pour ne pas entreprendre trop tôt, le long voyage du
non-retour. Au plus fort de son calvaire, son PERE venait
en esprit auprès de lui. Il venait le consoler, le
relever des faiblesses de son corps martyrisé parce
qu’i n’était pas temps encor pour le grand
départ.
Sa Grandeur était un homme sensible qui, en plongeant
progressivement dans le passé, avait relaté
l’histoire de la tragique disparition de son fils aîné,
Simon KIMBANGU KISOLOKELE . Et au fur et à mesure qu’il
parlait, une vive émotion se peignait sur son visage;
c’était une plaie qui cicatrisait très
péniblement car tout au bout de ces longues années,
l’évocation de ce terrible drame, du départ
précoce de son fils pour l’au-delà, suscitait
en ce cœur de père une douleur encore vivace !
Epoux attentionné et père de famille affectueux,
comme tout parent normal soucieux du bien-être et l’avenir
de ses enfants, il adorait plaisanter et savait rire selon
les circonstances. Lorsque ses forces le lui permettaient,
il consacrait la majeure partie de son temps à ses
affaires, à son courrier pour lequel il répondait
personnellement à la main ou à la machine à
écrire, à certaines des nombreuses lettres qu’il
recevait tous les jours. Cette tâche précise,
il ne la confiait que rarement à son secrétariat.
Sa Grandeur KISOLOKELE LUKELO était un homme extraordinaire
et le véritable hommage qui puisse lui être rendu
sera de continuer son combat pour la droiture et la justice
pour lesquels il oeuvrait.
Hélène
Gisèle
BOUKOUPreskiParoisse de Rennes
Rennes, France, 08 février
2007
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