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Analyses, Récits, Poèmes, ...
LE TESTAMENT MORAL ET INTERGENERATIONNEL
DE Joseph DIANGIENDA KUNTIMA
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Joseph Diangienda
est le premier Chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste.
Il est le fils cadet de Simon Kimbangu et de Marie Muilu
Kiawanga, né le 22 mars 1918 à N’kamba.
Après l’arrestation de son Père en
1921 par l’autorité coloniale Belge, J. Diangienda
a été relégué en 1934 dans
une colonie scolaire à Boma pour y passer son enfance
et faire sa scolarité. Il y obtient son diplôme
d’études moyennes après avoir effectué
des brillantes études. |
Ensuite, il a travaillé dans l’administration coloniale
de 1943 jusqu’au 20 mai 1959, date à laquelle il
a décidé de quitter la fonction publique coloniale
afin de se consacrer entièrement au mouvement kimbanguiste
dont les persécutions des fidèles avaient duré
38 ans. Pour Elikia M’bokolo : « Il y eut plus de
trente sept milles condamnations ou relégués parmi
les fidèles de Kimbangu, mais cela ne put jamais arrêter
le mouvement qui fournit à l’ABAKO, dans les années
1950, ses premiers cadres avant de devenir un mouvement principalement
religieux vivant jusqu'à ce jour .
Lorsque le statut du mouvement fut reconnu le 24 décembre
1959 par un arrêté du gouverneur général
de la province de Léopoldville monsieur Bomans, interdisant
l'arrestation et la déportation des Kimbanguistes à
la suite des revendications formulées par les fidèles.
Dès lors cette date fut considérée comme
étant la date de la reconnaissance officielle de l’Eglise
kimbanguiste. Nul ne doute que Joseph Diangienda a réalisé
un travail de titan pour la construction des édifices
de l’Eglise mais également pour la formation de
la jeunesse kimbanguiste. Comme l’écrit François
M’vuendi : « Joseph Diangienda organise, dirige
les structures de l’Eglise montre aussi un visage moderne
du Congo, de l’Afrique et du monde. Mais le Chef spirituel
se préoccupe surtout de l’élaboration de
la doctrine de l’Eglise en fixant sa tradition tout en
conservant naturellement sa richesse spirituelle et son originalité
pour assurer son avenir .
Ainsi le 16 août 1969 et le 24 mai 1974, l’Eglise
kimbanguiste adhère respectivement au Conseil Oecuménique
des Eglises du Christ et à la Conférence des Eglises
de toute l’Afrique.
Son pastorat qui a duré 33 ans de 1959 à 1992
à la tête de l’Eglise a été
déterminant pour l’affermissement de la foi des
[vrais] kimbanguistes. C’est le cas de son exhortation
du 2 janvier 1992 au Centre d’accueil kimbanguiste de
Kinshasa devant les responsables de mouvements, de services,
d’associations et de certains ecclésiastiques de
l’Eglise. Ce message que nous avons reproduit in extenso
marque un tournant dans la vie de l’Eglise, malgré
les critiques, les insultes et les moqueries dont il était
incessamment l’objet durant tout son ministère.
Voici son contenu qui est à la fois un testament moral
et intergénérationnel (3):
«
Mes chers papas et mamans, nous n’avons
pas de message spécial à vous transmettre.
Dans les jours à venir, quand nous ne serons
plus
de ce monde, car nous sommes de passage; nous sommes
venus en voyage. Vous allez demander, papa, avant de
mourir, quel était son dernier
message? Faites référence à ce
que nous vous donnons quotidiennement. Tous les jours,
nous vous exhortons. Tout ce que nous vous enseignions,
c’est cela notre bouclier : l’amour, les
dix commandements de Dieu et le travail. Ces trois éléments
si vous les négligez, notre souffrance demeurera
éternelle. Car nous constatons que Dieu est réellement
vivant parmi nous. Mon corps est souffrant, mais mon
esprit est parfaitement fortifié. Cependant avec
mon corps, ce n’est pas possible de rester longtemps
debout ni assis. Il me faut toujours que je sois couché.
Or en restant coucher, cela n’est pas évident.
Papa NKulutu aussi, ne va pas bien, il est également
souffrant. Papa Mfumu a Mbanza, de même, il souffre.
Est-ce que Dieu veut que nous trois soyons simultanément
malades? Quel est son souhait? Que sa volonté
soit faite, mais pas la nôtre.
Comme nous venons de l’annoncer. Dans les jours
suivants si nous ne sommes plus avec vous, ne demandez
plus, quel était notre dernier message? A travers
nos prières et nos messages quotidiens, ce sont
des messages que nous adressons à ceux qui ne
sont plus présents, à ceux qui sont présents,
et à ceux qui viendront. Car notre responsabilité
est tellement lourde et importante.
Vous et moi qui avons choisi de suivre Papa Simon Kimbangu,
sachons que sa voie comporte plusieurs obstacles. Vous
avez choisi de le suivre, nous disons sincèrement,
vous êtes différents. Car notre voie est
vraiment difficile parmi toutes les voies existantes.
On se moque de vous partout où vous allez si
on apprend que vous êtes Kimbanguistes. On vous
traite d’idiot et pourtant, vous n’êtes
pas des idiots; vous êtes plus sages que tout
ce monde là. Comment ? Car vous avez déjà
choisi votre voie.
Parfois, quand je suis allongé sur mon lit, nous
essayons de suivre des informations. Nous voyons que
l’homme noir partout où il se trouve est
toujours zéro. Or les hommes intelligents sont
nombreux. Les gens pouvant faire des exhibitions sont
considérables. Néanmoins pour faire des
découvertes, c’est impossible. Qu’est
ce qui nous manque, si bien que les intellectuels existent
? Notre intelligence nous pouvons l’utiliser à
bon escient pour en faire une bonne application comme
nous avons étudié. Toutefois ce n’est
pas toujours possible car il nous manque quelque chose.
Comme l’a si bien souligné Jésus-Christ.
« Cherchons d’abord le royaume de cieux
et le reste vous sera donné par surcroît
».
Pour chercher le royaume de cieux, il nous faut le respect
de l’amour du prochain, les dix commandements
de Dieu et le travail. Ce sont ces conditions qui nous
sont données, qui vont nous ennoblir. Franchement,
si nous les sous-estimons, notre souffrance s’éternisera.
Nous sommes entrain de suivre les discours qui sont
prononcés à la Conférence Nationale
Souveraine. Un papa se lève et dit: « nous,
à chaque fois nous avons l’habitude de
recourir aux étrangers pour résoudre nos
problèmes. Maintenant, c’est mieux que
nous invitions les Américains, les Français,
les Allemands, les Anglais pour qu’ils nous assistent,
même s’ils n’auront rien à
dire, de toute manière qu’ils y soient
quand même des observateurs. »
C’est vrai qu’il a exprimé son intention.
Est-ce qu’il a bien réfléchi ? Est-ce
qu’ils nous font appel pour siéger dans
leurs assemblées? Il est vraiment inconscient,
car à tout moment, même pour le moindre
problème, on les fait venir
Aujourd’hui à la Conférence Nationale
Souveraine, il faut qu’ils viennent nous dicter
ce que nous devons faire. Et faisons également
appel aux diplomates africains et d’ailleurs.
Et que toutes ces personnalités viennent participer
à la Conférence Nationale Souveraine ?
Où est notre secret ? Vraiment, nous n’avons
pas encore compris. Mais vous qui êtes déconsidérés,
montrez que vous avez bien maîtrisé "
les choses." Nous avançons progressivement.
Comme nous l’avons annoncé, nous sommes
de passage, un jour viendra, Papa NKulutu partira ou
bien Papa Mfumu a Nlongo ou bien Papa Mfumu a Mbanza.
Nous allons partir car nous sommes venus en promenade.
Nous avons été avec vous. Vous nous connaissez.
Vous avez montré votre amour envers nous. Vous
nous avez habillés. Vous avez conversé
avec nous. Vous nous avez donné à manger.
Tout ce que nous avons éprouvé comme besoins
ont été satisfaits.
En ce jour du 2 janvier 1992, vous êtes venus
nous présenter vos vœux de nouvel an. Vraiment,
nous vous félicitons chaleureusement. Mes frères
ne sont pas présents, mais nous sommes présents,
car nous sommes un. Nous vous réciproquons autant.
Que l’Eternel vous protège et vous enseigne
profondément.
Négligeons les habitudes charnelles. Cultivons
l’amour du prochain d’une manière
sincère. Il convient de prouver de toute évidence
que nous avons l’amour du prochain du fond du
cœur car si nous sommes hypocrites, cela nous coûtera
très cher. Cela vous fera davantage souffrir.
C’est pourquoi nous devons fuir la mort. Nous
n’avons pas un autre consolateur que Dieu le Père,
Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. En tout état
de cause, toute l’année, nous nous confions
à Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit afin
de nous assister et qu’ils nous guident à
accomplir leur volonté de façon à
ce que tout ce dont nous aspirons, nous puissions le
recevoir.
L’amour, les dix commandements de Dieu et le travail.
Nous les répétons tous les jours. Nous
lisons les dix commandements de Dieu. Est-ce que nous
les mettons vraiment en pratique ? Pour certains, lorsque
nous allons à l’église, nous lisons
un seul commandement de Dieu. Généralement,
nous avons toujours de prétexte à avancer.
Il vous a été donné la charge de
les lire, il faut les lire complètement. Il ne
faut pas dire que la lecture de dix commandements est
devenue une routine. Non, ce n’est pas une routine
car journellement, nous renouvelons notre attachement
à Dieu. C’est pourquoi, nous recommandons
la lecture intégrale des dix commandements de
Dieu.
Ne demandez pas, mais Papa nous a laissé quoi
avant de rendre l’âme? L’amour, les
dix commandements de Dieu et le travail: Toute la bible
y est contenue. Donc n’oubliez pas ce message
capital.
Nous sommes tous très contents. Mes frères
et moi, nos épouses et nos enfants, comme vous
êtes venus dans cette enceinte. Cette cérémonie
nous a donné une grande émotion de la
façon dont vous êtes habillés, cela
montre que vous avez beaucoup d’amour. Ainsi,
louons l’Eternel afin qu’il nous aide à
faire sa volonté. Sinon, nous n’avons pas
grand chose.
Soyons fermement unis pour que nous construisions une
nouvelle terre. Ne soyez pas hypocrites. Ici, nous avons
l’amour, cependant lorsque nous tournons le dos,
nous commençons à calomnier. Non, et pourtant,
nous en avons l’habitude. Cessons ces habitudes
charnelles.
Si vous arrangez quelque chose de bien d’un côté,
et vous mettez un obstacle de l’autre côté,
donc vous coupez le pont. Nous, nous sommes des ponts.
C’est nous qui allons organiser. Malgré
les assises de la Conférence Nationale Souveraine,
vous constaterez par la suite qu’à la fin,
il leur manquera quelque chose. Il était souhaitable
que tout soit réuni pour que nous dirigions notre
pays car Dieu nous l’a bel et bien confié.
Mais à cause de l’orgueil, il faut que
j’y sois, pas lui. Nous devons savoir que l’autre
est aussi comme moi. Si nous nous respectons mutuellement,
en tout cas, Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu
le Saint-Esprit seront d’accord avec nous.
Nous allons demander la paix dans notre pays. A travers
toute l’Afrique, il y a certainement la souffrance.
La population souffre par manque de cet élément.
Nous n’avons pas d’abord commencé
par chercher le royaume de cieux. Nous le cherchons
certes, car nous avons beaucoup d’évangélistes
et de spécialistes. Depuis que nous avons pris
les habitudes «d’appartenir dans leurs sociétés
secrètes », dès lors nous ne sommes
que des esclaves.
Nous savons bien sûr parler et lire le français,
et les différentes langues. Nous pensons que
cela nous suffit. Cela ne nous suffit pas.
Nous avons appris que l’on fasse appel aux étrangers
pour qu’ils viennent être des observateurs.
Mais lorsqu’ils organisent leurs affaires, ils
ne nous associent pas. Cela a été dit
à la Conférence Nationale Souveraine et
les gens ont applaudi. Vous avez vu cela nulle part
ailleurs. Si mon épouse et moi, avons un différend,
devons-nous recourir à papa Wanzungasa pour résoudre
notre désarroi ? Non, il faut que Tata Wanzungasa
vienne constater que nous deux, nous sommes heureux.
Quand nous sommes heureux. Eh bien, dès ce moment-là,
il ne saura pas que nous, nous avons un différend.
Il est correct que nous tous, nous soyons comme cela.
Mais pour nous, il faut qu’il y ait la présence
d’un arbitre pour trancher. La personne qui prend
une telle initiative croit qu’il a avancé
une bonne idée. Or, nous faisons sûrement
une marche en arrière. Pourquoi devons-nous faire
appel aux étrangers pour trancher sur nos propres
affaires? Il conviendrait que nous soyons notre propre
arbitre.
Nous félicitons tous les responsables car ces
jours-ci, vous avez été vraiment de bons
entraîneurs des fidèles. Certains ont certes
détruit, par contre d’autres, ont donné
de bons conseils. Par conséquent, les fruits
du travail sont maintenant visibles. Nous vous en félicitons
tous et vous souhaitons aussi bonne année. Que
Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit soient avec
vous à travers vos maisons, soient avec notre
famille africaine, européenne, américaine,
asiatique ou bien océanienne, et que nous demeurons
tous unis afin de glorifier notre Dieu.
Comme nous l’avons souligné hier, le moment
de la demande de pardon d’Adam et Eve auprès
de Dieu est proche. Les jours nous sont déjà
déterminés et le programme sortira à
partir de ce lundi. Cela ne pouvait pas être faisable
que nous demandions pardon du péché que
nous n’avons pas commis. Mais nous allons demander
pardon car cela est juste. Une affaire conclue par les
grands-parents, alors les arrière-petits-fils
ont le droit de traiter de cette affaire.
Que notre Dieu soit glorifié et vous félicitons
tous et bonne année. Au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit.
Amen ! ».
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Ce message avait, à mon sens, bien évidemment
préparé "les esprits" lors de des événements
tragiques qui ont frappé l’Eglise lors des disparitions
physiques de trois fils de Simon Kimbangu : Charles Kisolokele
Lukelo (12 février 1914 - 17 mars1992), Joseph Diangienda
Kuntima (22 mars 1918 - 08 juillet 1992), Salomon Dialungana
Kiangani (25 mai 1916 - 16 août 2002). Or un tel message,
comme tant d’autres encore, devraient cimenter la foi
des fidèles à l’aube du ministère
de l’actuel Chef spirituel, Simon Kimbangu Kiangani, représentant
légal de l’Eglise kimbanguiste. Malheureusement
certains comportements « désagréables »
des membres montrent que tout le monde ne vise pas toujours
l’idéal poursuivi par les vénérables
Chefs spirituels et n’ont aucun souci des souffrances
endurées par 37 000 familles déportées
à cause du kimbanguisme et celle du fondateur de l’Eglise,
Simon Kimbangu, détenu exactement pendant 30 ans et un
mois du 12 septembre1921 au 12 octobre 1951 dans une cellule
de 1.20 m sur 0.80 à Elisabethville. Malgré les
tendances observées ces dernières décennies,
l’Eglise kimbanguiste demeurera unie et son siège
international reste foncièrement à N’kamba,
la nouvelle Jérusalem.
LUZITISA DIAMBU LUNGISA Narcisse
Chrétien Kimbanguiste - Paroisse de Saint-Ouen
Paris, France, le 22 NOV 2007
NOTES
(1) : ELIKIA
M'Bokolo, Afrique noire, histoire et civilisation, Tome II,
Hatier, déc 1992. p.420.
(2) : F. MVUENDI,
le kimbanguisme de la clandestinité à la tolérance
1921-1959. Université de Paris, Contribution à
l’étude des mouvements messianiques du Congo, Sorbonne,
1969. p.203.
(3) : Dans ce
message lorsque le Chef spirituel parle de papa Kulutu, papa
Mfumu a nlongo et papa Mfumu a Mbanza, il fait allusion respectivement
à son frère : Kisolokele Lukelo Charles, à
lui-même, le Chef spirituel : Joseph Diangienda Kuntima
et à Dialungana Kiangani Salomon. En revanche, papa Wanzungasa
était l’un de ses disciples qui est encore vivant
jusqu’à ce jour.
(4) : Le passage
"quand nous ne serons plus" a été preféféré
(par le Webmaster), à la place de "si nous ne sommes
plus" que proposait l'auteur de l'article.
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