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Documents,
Analyses, Récits, Poèmes, ...
LA GLOIRE ETERNELLE DE MAMAN MARIE MUILU
Née de Mfuka et de Tuba, maman Muilu Marie était
convertie au christianisme le 04 juillet 1915. Bien avant que
son époux puisse commencer son ministère, elle
a été celle qui a vu son mari entrain de monologuer
dans son sommeil vers les années 1918. Un jour, à
son réveil, maman Muilu lui demande, pourquoi parles-tu
parfois dans ton sommeil ? Ainsi Simon Kimbangu lui explique
la mission qu’il venait de recevoir de Jésus-Christ.
Alors, à cette occasion, maman Muilu Marie lui rassure
en disant ne craint pas car je vais pouvoir t’aider.
Mercredi, le 06 avril 1921, c’est elle qui tinta pour
la première fois la cloche du premier culte kimbanguiste
à N’kamba. Cette mission lui donne la qualité
du premier apôtre de Kimbangu. Après avoir parlé
de cette mission à son épouse, il a fait autant
pour en parler à la population locale de N’kamba
comme l’indique ce cantique :
1er Couplet
Mungiantika kisalu kuna N’kamba
Lorsque j’ai
amorcé mon travail à N’kamba
Mansila mfumu yalusongamo
Tout ce qui m’a
été ordonné par le Seigneur,
je vous en avais exposé
Yibeno kibeni luavanguluamo
Tout cela a été
fait pour votre faveur
Nga kemukuma kieno kue ?
N’est-ce pas
à cause de vous ?
2ème Couplet
Munganga bankanga kuna N’kamba
Lorsque j’ai
été arrêté à N’kamba
Mpangi zame kaluamona kue ?
Mes frères,
n’aviez-vous pas vu cela ?
Mana mawonso dimavangamena
Tous ceux-ci ont
eu lieu
Nga kemukuma kieno kue ?
N’est-ce pas
à cause de vous ?
Refrain
Nzungu zame mbeluzezo
Mes tourments vous
les connaissez
Mpasi zame mbeluzezo
Mes souffrances,
vous les connaissez
Mana mawonso dimavangamena
Tous ceux-ci ont
eu lieu
Nga kemukuma kieno kue ?
N’est-ce pas
à cause de vous ?
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Le 6 juin 1921 lors de la fuite clandestine de Simon Kimbangu
à Mbanza-Nsanda, maman Muilu et ses enfants se sont réfugiés
à Madinga où elle a accouché d’une
fille qui n’a pas survécue, puis à Dimba
Kenge considéré comme leur havre de paix.
Le 17 juin 1921, lorsque Dupuis organisa une recherche méthodique
des documents de Mfinangani et Nzungu, tous deux secrétaires
de Simon Kimbangu au cours de laquelle il importa plusieurs
manuscrits. En revanche, maman Muilu a pu sauvegarder certains
manuscrits de son époux dans une dame-jeanne dissimulée
sous les roches de la chute d’eau de la rivière
Mbuki, située près de huit Km de N’kamba.
Simon Kimbangu étant arrêté le 12 septembre
1921 et dirigé à Thysville, maman Muilu, ses enfants
et les deux secrétaires de Simon Kimbangu, eux, ont été
arrêtés le 15 septembre. Lors du jugement de Simon
Kimbangu au tribunal de Thysville, une question lui a été
posée, c’était celle de savoir si son époux
avait bel et bien opérée des miracles. Après
l’avoir vraiment confirmé, l’autorité
coloniale belge décida de la replacer momentanément
en prison.
« Le dimanche 2 octobre 1921, Muilu Kiawanga Marie
contracta une fièvre causée par un furoncle apparu
sous l'une de ses aisselles. On fit venir à son chevet
un médecin préposé à la prison.
Venant la consulter, ce dernier la surprit en prière,
entourée de ses trois enfants. Ainsi, dit le médecin
: la femme de Simon Kimbangu ne peut être guérie
par le prophète. Ce serait mieux de faire venir Simon
Kimbangu qui pourra la guérir. Car lui qui avait guéri
des milliers de malades ne peut abandonner son épouse
en pareil état. Après que l'interprète
eut rapporté à Muilu les propos médisants
du médecin, elle se contenta de dire: Allez en paix,
je sais que Dieu n'abandonnera ni mon époux, ni moi-même,
ni mes enfants, ni quiconque croit en lui. Aussitôt le
médecin partit, Muilu et ses enfants se mirent encore
en prière. Et puis, ils virent apparaître Simon
Kimbangu devant eux ([1]).».
Le verdict du jugement étant prononcé, Simon Kimbangu,
seul, étant relégué à Elisabethville;
Kisolokele Lukelo Charles et Marie Kinzembo sont envoyés
à Boma. Tandis que maman Marie Muilu Kiawanga et ses
deux enfants (Dialungana Kiangani Paul Salomon et Diangienda
Kuntima Joseph) sont assignés à résidence
à Ngombe Kinsuka.
« Le village de N’kamba ayant été
occupé et le pèlerinage interdit, les fidèles
se rendront clandestinement à Ngombe Kinsuka trouver
la femme du prophète qui leur fera l’historique
de l’œuvre de son mari. Celle-ci ne se borne pas
seulement à raconter les guérisons de Simon Kimbangu,
elle donne aussi des conseils aux fidèles : persévérer
dans la voie de vérité, elle dit la prière
et donne maza ma nsambu (de l’eau bénite) ([2])
».
Parfois, certains agents territoriaux tenter de dire à
Muilu, pourquoi ne peux-tu plus te remarier, puisque ton mari
ne reviendra plus ? Sa réponse demeurait stricte en ces
termes : vous avez arrêté mon mari, vous avez fait
votre volonté. De toute manière, je n’ai
plus l’intention de me remarier. On lui rétorquait,
mais tu vas souffrir pour élever tes enfants. Cette fois-ci,
elle répondait, ce n’est pas grave.
Malgré tous ses tourments et multiples tentations, elle
a organisé en date du 7 décembre 1949 à
N’kamba, la première cérémonie de
baptême de son deuxième fils Salomon Dialungana
Kiangani, ainsi que son mariage. En sus, elle a attribué
le 12 avril 1959 les cartes de catéchistes aux premiers
responsables de l’Eglise dans le but de poursuivre cette
œuvre. Par contre, toutes les personnes ne pouvant pas
se présenter à N’kamba, celle-ci indiqua
à son fils, Diangienda, un lieu convenable à Lutendele
où ce dernier avait procédé aux remises
des cartes restantes.
Sa contribution au mouvement kimbanguiste dans la clandestinité
était tout à fait remarquable pendant trente huit
ans dès 1921 à 1959. Par ailleurs le confort matériel
de la vie terrestre la préoccupait de moins de moins,
d’autant plus que son souci quotidien gravitait autour
du royaume de Dieu quand elle se posait la question suivante
: Moi, Muilu réussisse-je vraiment à hériter
le royaume de cieux ?
Ayant pressentie sa mort prochaine, elle fit appel à
ses enfants à qui elle avait conseillé de rester
solidaire après sa mort car leur tâche sera immense.
Il m’est nécessaire de partir pour que je sois
votre interlocutrice, ajoute-t-elle. On peut trouver son exhortation
dans les cantiques suivants :
Couplet
« Salu kia nene kisidi yeno
Luzolana bana bame e e
Kalu didiko mulufua luame
Ngiele yafinama se dieno
Mpasi vo nzengo wazengoka |
« Vous avez un grand
travail
Cultivez l’amour mes enfants
Ne pleurez pas ma disparition
Je vais auprès de votre père
Pour que le verdict soit prononcé |
Refrain |
Lutoma zolana bana bame
ee
Ngiele yafinama se dieno
Yakala kimpovela kieno
Yekulu lombela makondolo
Lungiambula ngienda
Lungiambula ngienda bana bame
Nzengo waseno wazengoka». |
Cultivez sincèrement l’amour
Je vais auprès de votre père
Afin que je sois votre interlocutrice
Et pour demander tout ce que vous désirez
Laissez-moi partir
Laissez-moi partir mes enfants
Pour que la sentence auprès de votre Père
soit prononcée ». |
Autre cantique :
Couplet
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« Mama Muilu Kimpovela
Watusisa ye wayenda kua se
Mbidia mpasi kamuesesua
Mbidia nzungu kamuesesua
Watusisa ye wayenda kua se |
«
Maman Muilu est l’interlocutrice (avocate)
Qui nous a laissé pour partir auprès du
père
Elle a énormément souffert
Elle a été énormément torturée
Elle nous a quitté pour rejoindre le père
|
Refrain
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Bunungini lalu
eki
Ngiele kuna kua se
Ngiele kua se
Kaludidiko
Lubake mbandu eyi luasadila yo». |
Puisque
j’ai réussi mon travail
Je suis partie auprès du père
Je suis partie auprès du père
Ne pleurez pas
Profitez de cette génération pour l’utiliser
à bon escient ». |
Un autre cantique :
1er Couplet |
« Mama
Muilu wakuamusua kua mintantu
Kansi, kavutula diambu ko
Muela yi nitu bu biavambana
Mbasi kuzulu zakumuka
Kembela bekembelanga |
«
Mama Muilu a été tourmentée par les
ennemis
Mais, elle n’a point répondu
Lorsque le corps et l’esprit se sont séparés
Les anges du ciel sont descendus
Et ont jubilé |
2ème
Couplet |
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Mama Muilu
Bukamona bilumbu bifinamene
Wabokele bana bani
Wabatela mawonso masavova tata Simon Kimbangu
Ngiele kaludidi ko |
Maman Muilu
Quand elle a vu que ces jours étaient proches sur
la terre
Elle appela ses enfants
Elle leur dévoila tout ce que papa Simon Kimbangu
leur avait destiné
Je suis partie, ne pleurez pas ». |
Refrain
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E e e bana
bame, Luzolana
Lungiambula bana bame
Yafiname se dieno
Ngiele ngiele bana bame
Ngiele kaludidi ko
Ngiele ngiele bana bame
Ngiele kaludidi ko |
Eh! Mes enfants, soyez unis
Ne me retenez pas mes enfants
Que j’aille auprès de votre père
J’y vais mes enfants
Je m’en vais, ne pleurez pas
J’y vais mes enfants
Je m’en vais, ne pleurez pas |
Décidément, elle meurt le 27 avril 1959 à
N’kamba et sera inhumée à Ngombe-Kinsuka
où se trouvent les mausolées de quelques collaborateurs
sacerdotaux de Simon Kimbangu et la nécropole de N’kamba.
Toutefois sa contribution fortement louable pour le mouvement
kimbanguiste permet conséquemment d’affirmer que
maman Muilu Marie était une femme choisie par Dieu comme
le confirme ce chant des anges capté par un inspiré
kimbanguiste :
« Tala
nkento wanduka, wasolua kua mvuluzi
I maman muilu wa ngudia mvuluzi
Tala salu kikasimba kieti salua elumbuki
Tata nzambi tukutondele
|
« Regardez
la femme avertie, choisie par le sauveur.
C’est maman Muilu, la mère du sauveur.
Observez l’œuvre qu’elle a gardée,
laquelle est entrain d’être accomplie jusqu’à
ce jour
Dieu nous te rendons grâce. |
Refrain
Tala zola kuena nzambi muna kanda dia vuezoka
Watusongele wete wa zulu dia mpa
Buka vutula moyo kua nzambi wa se dieto
Mu yeluselemi diampa kakembosuanga ». |
Regardez l’amour de Dieu pour les peuples opprimés
Il nous montré le bonheur du nouveau ciel
Dès lors qu’elle a rendu l’âme
à Dieu, notre père
Dans la nouvelle Jérusalem qu’elle est toujours
glorifiée ». |
En effet, huit mois seulement après sa disparition, le
mouvement dont elle avait assuré la direction, sera reconnu
officiellement comme une Eglise le 24 décembre 1959.
Une prouesse pour tous les membres de la nouvelle religion.
Eu égard à sa dévotion et sa détermination
pour ce mouvement dont le fondement s’enracine dans la
clandestinité, l’égalité entre l’homme
et la femme dans le ministère du culte au sein de l’Eglise
devient un droit acquis contrairement aux autres grandes religions
dont la place et le rôle de la femme demeure encore mineure.
En outre, 49 ans après sa mort, maman Marie Muilu reste
un modèle pour la femme kimbanguiste. C’est ainsi
la date du 27 avril est attribuée à l’Association
des femmes kimbanguistes (AFKI), qui célèbre chaque
année en cette date un culte d’actions de grâces
en sa mémoire dans toutes les paroisses kimbanguistes
et de fortes délégations de nombreux pays convergent
vers le siège de l’Eglise à N’kamba
où la fête dure au plus trois jours.
Pourquoi vont-elles à N’kamba ?
C’est parce qu’il écrit : « Il
me dit : Fils de l’homme, c’est ici le lieu de mon
trône, le lieu où je poserai la plante de mes pieds
; j’y habiterai éternellement au milieu des enfants
d’Israël et ses rois ne souilleront plus mon saint
nom par leurs prostitutions et par les cadavres de leurs rois
sur leurs hauts lieux ([3])
».
Les femmes kimbanguistes sont heureuses de cette journée,
mais aussi toute l’Eglise entière auréole
à la fois la persévérance et la resplendissante
mission accomplie par maman Muilu Marie, femme bénie
pour devenir une icône de l’Eglise de Jésus-Christ
sur la terre par Simon Kimbangu, le Saint-Esprit. Aujourd’hui
les mamans kimbanguistes forment une importante force au sein
de l’Eglise pour leur participation active dans la réalisation
des édifices religieux mais aussi dans leur soutien au
chef spirituel quand elles disent : « Otumboli ba
papas, otumboli ba maman c'est-à-dire lorsque vous en
voulez aux trois fils de Simon Kimbangu, de surcroît au
chef spirituel et représentant légal de l’Eglise,
vous en tirerez des ennuis ».
Si l’on pense non seulement à tous les calvaires
endurés par les trente sept milles familles déportées
pendant la clandestinité à cause du kimbanguisme,
mais également au préjudice moral subi par Simon
Kimbangu détenu 30 ans et un mois en prison dans une
pièce de 1.20m sur 0.80, sans oublier la privation de
l’affection parentale de ses trois fils, diverses arrestations
arbitraires de fidèles ainsi que la privation de l’éducation
aux enfants dont les parents étaient excommuniés
des églises catholiques et protestantes de l’époque
coloniale belge, etc. Le jalonnement de toute cette histoire
débouche actuellement, à ce chant :
« Bendele ya nzambe ekopepa
Na Yelusemi ya sika
Bokonji ya nzambe etelemi
Moyindo sepela |
« Le drapeau de Dieu
flotte
A la nouvelle Jérusalem
L’autorité de Dieu est établie
Race noire, réjouis-toi |
Refrain
Towuti mosika
Pona kowela likambo oyo
Lelo elonga ya bana nzambe emonani,
Tosepela na kimia
Lelo elonga ya bana nzambe emonani
Satana akufi soni ». |
Nous venons effectivement de très loin
Pour défendre cette cause
En ce jour, le triomphe des enfants de Dieu est manifeste
Réjouissons-nous en paix
En ce jour, le triomphe des enfants de Dieu est indubitable
Satan est confus ». |
Bref, quelle que soit la localisation géographique de
celui ou celle qui se considère kimbanguiste parmi les
dix-huit millions de fidèles estimés que compte
l’Eglise en ce début du XXI ème siècle,
si les recommandations du chef spirituel et représentant
légal de l’Eglise, Simon Kimbangu Kiangani, qui
épouse la voie de la triomphatrice maman Muilu Marie,
femme de foi, de prière, pieuse et pétrie de sagesse,
consistent à respecter les dix commandements de Dieu
et les préceptes de l’Eglise, de cultiver l’amour
de Dieu et du prochain mais aussi de réaliser de bonnes
œuvres, entre autre, la poursuite de la construction de
N’kamba, la nouvelle Jérusalem : terre qui abritent
les corps de la Sainte Trinité. En conséquence,
tout kimbanguiste qui se déroberait de ce devoir répond
à ces écrits : « Celui qui se relâche
dans son travail, est frère de celui qui détruit
([4]) ».
LUZITISA DIAMBU Narcisse
PreskiParoisse de Saint-Ouen,
France
22 avril 2008
NOTES
[1].
J. DIANGIENDA KUNTIMA, L’histoire
du Kimbanguisme, éd. Kimbanguiste B.P.7069 Kinshasa
I, Zaïre, 1984. [2].
F. MVUENDI, Le kimbanguisme de la clandestinité
à la tolérance 1921-1959, Contribution à
l’étude des mouvements messianiques du Congo,
Université de Paris, Sorbonne 1969, p.100.
[3].
Ezéchiel 43 :7
[4].
Proverbes 18 : 9
[5].
Preski : Presse Kimbanguiste |
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