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Papa André Nsambu Twasilua, révérend pasteur kimbanguiste, n’est plus depuis le 14 juillet 2013. Une fois de plus, l’église kimbanguiste vient de perdre un grand homme, qui est resté fidèle à Papa Simon KIMBANGU de la clandestinité jusqu’à sa mort. Travailleur et pragmatique, inspiré confirmé et chef de chœur, papa André Nsambu Twasilua fut pendant plus de 50 ans au cœur de l’hymnologie kimbanguiste. Transfuge du protestantisme, il créa et dirigea dès 1948 la chorale protestante de la paroisse Kitega de la commune de Saint Jean, ancienne commune de peuplement noir rebaptisée Lingwala depuis 1971.

Papa André Nsambu Twasilua découvrit pour la première fois son don d’inspiré en 1956, lorsqu’il capta en cours de route le cantique « Mbanza mpa », alors qu’il s’en allait à Ngombe Kinsuka rendre visite à mama Muilu Kiawanga Nzitani Marie, l’épouse de Papa Simon KIMBANGU. Tenant compte de son expérience multiforme d’ex chrétien protestant, de créateur et de dirigeant de chorale, de kimbanguiste affermi par la clandestinité et aussi d’inspiré confirmé, Papa DIANGIENDA KUNTIMA lui confiera en 1957 la noble mission de créer l’incontournable bureau des chants kimbanguistes. Papa André Nsambu Twasilua fut à la fois le créateur et le premier président de la grande chorale des « Dirigeants ».

En février 2006, lors de la première conférence internationale sur Papa Simon KIMBANGU, papa André Nsambu Twasilua faisait partie du panel de « kimbangulogues » qui ont témoigné sur la divinité de ce dernier. En guise d’hommages posthumes à ce fin connaisseur de l’histoire de la chanson kimbanguiste, nous avons choisi de partager avec vous les extraits choisis du témoignage, qu’il a fait à l’occasion cette historique conférence.

Témoignage du rvd Nsambu Twasilua sur les cantiques kimbanguistes.

« Comment capte-t-on les chants célestes ?
C’est un don de Dieu et cela n’est pas donné à tout le mode. Personnellement, j’entends souvent chanter les anges ; et à ce moment-là, dès que quelqu’un me parle, les anges arrêtent de chanter. Mais, en tout cas, mon interlocuteur ne peut les entendre. Le captage d’un chant céleste se fait de trois façons :
1. Sans les voir, j’entends chanter les anges et je capte la mélodie.
2. Cela m’arrive sous forme de message dont je transcris le texte.
3. Pendant le sommeil, on vient me présenter une chorale qui chante et je capte aussitôt le cantique avec toutes les voix.

Je suis le premier inspiré après 1921. Au mois de mars 1956, j’avais obtenu un congé annuel à la COGEAC où j’étais employé, et je devais me rendre dans mon village natal à Mputu dans le Bas-Congo. Auparavant, je suis allé voir Papa DIANGIENDA Joseph pour l’informer des menaces dont j’étais l’objet à la paroisse de Kitega, où j’étais dirigeant de la chorale protestante que j’avais créé en 1948. Le conseil protestant, réuni dans son quartier général de la commune de la Gombe à Wumes, m’avait suspecté de prier pour ce qu’ils appelaient, eux, un Dieu de nuit ou « Nzambi’a mpimpa » en kikongo.

Ce Dieu n’était autre que Papa Simon KIMBANGU. Et, comme nous prions dans la clandestinité, j’étais donc surveillé. Après avoir fait ce rapport alarmant à Papa DIANGIENDA, ce dernier m’avait suggéré de me rendre aussi à Nkamba voir mama Muilu. Arrivé sur place au village, je suis allé quelques jours après rendre visite à mama Muilu à Ngombe Kinsuka, et je lui fis également le même rapport. Cette dernière me dit : « il ne t’arrivera rien »… Avant mon retour à Kinshasa, je suis allé dire au revoir à mama Muilu. Alors que j’étais sur ma bicyclette pour Ngombe Kinsuka où habitait mama Muilu.. j’entendis entre le village Lukengo et celui de Ngombe Kinsuka, en provenance du ciel une mélodie merveilleusement chanté. Je suis descendu donc de mon vélo et j’ai capté ce chant des anges : « Mbanza mpa yakubamene ».

(Cantique en question en Kikongo).

Mbanza mpa yakubamene
Mbanza mpa yakubamene
Kuna yi kua velela, kua velela
Mfumu do unkumika
Mpasi vo yaluaka yo
Kuna singa yikana
Yaveledi

Refrain

Mbanza mpa, mbanza mpa
Mbanza mpa yakubamene
Mbanza mpa
Mbanza mpa yavelela
Mbanza mpa yavelela
Mfumu do unduakisa
Mu mbanza mpa.

De retour à Kinshasa, j’ai continué de capter davantage de cantiques et quand j’ai atteint au total le nombre de 14, je suis allé voir Papa DIANGIENDA pour les lui présenter. Après avoir vérifié les textes des cantiques, il me confirmera que c’était nos cantiques (c’est-à-dire propres au Kintuadi), et que le moment n’était pas encore venu de les chanter en public. Néanmoins, il m’autorisa à former un petit groupe pour les leur apprendre. C’était la première chorale kimbanguiste que j’ai eu à former. Elle était composée de 20 personnes parmi lesquelles : Nsambu Tuasilua (faisant office de dirigeant), Loso Louis, papa Todi, papa Mfoko, Wutawaku Alphonse, Nsansani Salomon, Nzinga Pierre, Masala Antoine, Nkalamvuila Jean, Mawete, Vilukidi Alexandre, Wankana Walandila Zacharie, Matundukidi Marie, Matuvanga Anna, Kiboba, Asana, Luzitisa Elisa…

Avec ce groupe, j’allais en campagne d’évangélisation. A l’époque, Papa DIANGIENDA ne se faisait pas voir en public. J’étais le seul à le rencontrer pour recevoir les instructions à transmettre à la communauté dans la clandestinité.
C’est en février 1957 que Papa DIANGIENDA Joseph m’a chargé de créer le bureau des chants kimbanguistes, qui verra le jour sur Bongandanga n° 2, dans la commune de Dendale actuellement Kasa-Vubu. Papa Lucien Luntadila était mon tout premier secrétaire, et le chef spirituel y venait à tout moment voir comment ça fonctionnait. Quelquefois, Papa DIANGIENDA nous avisait à temps que les agents territoriaux, avec à leur tête Divinier, débarqueraient pour procéder au saisie de nos cantiques. Déjà avertis par Papa DIANGIENDA, nous cachions alors nos cantiques dans une forêt (située à Limete, à l’endroit où se trouve l’actuel hôpital catholique) qui appartenait à un belge et qu’on appelait zamba avocat.

Le souhait de Papa DIANGIENDA et les instructions qu’il donnait concernaient la conservation de nos cantiques. J’avais pour tâche de recevoir les inspirés pour ouvrir un dossier d’identification. Il y avait trois formulaires à remplir : la première pour la direction, le second pour Papa DIANGIENDA et le troisième pour l’inspiré lui-même. Sur ce dossier devait être annexé des photos format identité.
Ensuite, je devais écouter l’inspiré entonner 2 ou 3 cantiques qu’il a eu à capter. Mais je devrais au préalable prier pour demander à Dieu s’ils étaient d’inspiration divine ou pas. C’est dommage que certains de nos inspirés oublient aujourd’hui les instructions de Papa DIANGIENDA, en ne se faisant pas enregistrer par mon bureau avant de publier les cantiques captés.
Cela explique que de milliers de chants inspirés ne soient pas encore enregistrés par le bureau des chants ; qui n’a donc pu les archiver jusqu’à présent faute d’exemplaire en notre possession. On estime qu’il y a partout à travers le monde plus de 5000 cantiques non enregistrés. « Dans mon bureau, il n’ y a officiellement pas plus de 200 dossiers d’inspirés enregistrés et reconnus comme tels ».

N.B : Il importe de souligner que ce précieux témoignage de papa André Nsambu Twasilua est intacte dans sa quintessence c’est-à-dire sur le fond, mais nous l’avions par contre légèrement retouché sur la forme c’est-à-dire dans sa présentation. Simple question de style.

Source exclusive :

Actes de la conférence internationale sur Simon KIMBANGU,
l’envoyé spécial de notre Seigneur Jésus-Christ.
Du 12 au 15 février 2006 à Kinshasa.
Témoignage du révérend Nsambu Twasilua sur les cantiques kimbanguistes.
Pages 382 à 384. Editions Kimbanguistes.
Novembre 2007.