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La musique adoucit les mœurs, dit-on. Si cela est encore vrai sous d’autres cieux ; au Congo, celle-ci est par contre devenue le moyen le plus sûr pour les pervertir. Et la jeunesse avec. Les thèmes récurrents souvent dépourvus de pédagogie, les animations vulgaires et de plus en plus impudiques des « atalaku », les « mabanga » ou déclamation des noms à la fois rémunérée et personnalisée, les danses lascives aux gestuelles de plus en plus suggestives, le culte abominable et insensé du vêtement, le recours à l’occultisme pour pérenniser le succès… Tout cela contribue à la descente en enfer d’une musique, qui a longtemps fait la fierté des congolais des deux rives du fleuve Congo.

Les villes de Brazzaville et Kinshasa, situées l’une sur le coté droit et l’autre sur le côté gauche, sont jusqu’à preuve du contraire les deux capitales les plus rapprochées au monde. Ce qui a fait dire à Stervos Niarcos que : « Kinshasa-Brazza ezali mboka moko, kaka ebale e ekabola biso ». Traduction : « Kinshasa et Brazzaville ne forment qu’une seule ville scindée en deux par le fleuve ». Ces paroles, Adrien Mombele, alias Stervos Niarcos, les avait chantées aux côtés de Bozi Boziana et papa Wemba, dans un titre composé par lui et intitulé «Kinshasa-Brazza».

Peu avant 2000, piqué par on ne sait quelle mouche, Papa Wemba s’était improvisé spécialiste de l’histoire de Papa Simon KIMBANGU. Devant une presse polémiste à souhait, il fit état avec une inexactitude blâmable _ pour son âge _ de la filiation de Papa DIANGIENDA KUNTIMA. Ce qui eut pour conséquence de scandaliser les kimbanguistes et de choquer les congolais. Nous y reviendrons

Au début de sa carrière musicale, seigneur Rochereau était le nom de scène qu’avait choisi l’artiste musicien Pascal Tabu. Dans sa langue maternelle qui est le kiyanzi, Ley signifierait « branche d’arbre » et en 1971, politique d’authenticité oblige, il renonce à se faire appeler seigneur Rochereau. Ainsi donc, Pascal Tabu devient naturellement « Tabu Ley », afin de se conformer au retour aux sources prôné par le jeune président Mobutu. En 1970, un an plus tôt, le seigneur Rochereau eut un défi historique à relever : jouer à Paris dans la célèbre et mythique salle de spectacles « Olympia Bruno Coquatrix ». Il fut à l’époque le tout premier musicien africain, et donc l’unique congolais à s’y produire ; ouvrant ainsi largement la voie à tous ses compatriotes. Aujourd’hui, pour la nouvelle génération des musiciens congolais, le passage à « l’olympia Bruno Coquatrix » est considéré comme une véritable consécration.

Dans sa publication du 12 décembre 1970, le journal « Le progrès » avait écrit ce qui suit : «… Olympia a coutume de consacrer des vedettes internationales de la chanson… Rochereau sera, ça ne fait pas l’ombre d’un doute, l’ambassadeur de la musique congolaise moderne et africaine. Il devra à la fois faire connaître et défendre honorablement notre musique auprès du public parisien qui, à notre avis, est trop exigeant. A ce titre, il engage la musique de la République Démocratique du Congo, par ailleurs, parce qu’étant la première vedette africaine à se produire à l’olympia et à ce titre aussi, ambassadeur du continent auprès de ce music-hall ».

Programmé pour le 12 et 13 décembre 1970, le concert à « l’Olympia Bruno Coquatrix » du seigneur Rochereau, accompagné pour la circonstance par l’orchestre African fiesta national, fut une réussite totale. Mais, jusqu’à présent, les gens ont toujours ignoré que ce succès-là il le devait d’une certaine façon à Papa DIANGIENDA KUNTIMA, qui avait de ce fait apporté un coup de pouce providentiel au rayonnement de la culture congolaise à travers le monde.

En 2005, Tabu Ley fut reçu au centre d’accueil kimbanguiste en tant que vice-gouverneur de la ville de Kinshasa. C’est à cette occasion qu’il raconta lui-même aux kimbanguistes les faits tels qu’ils s’étaient passés. En résumé, ayant mis à l’époque Papa DIANGIENDA KUNTIMA au courant de son challenge, ce dernier le bénit et donna à un groupe de kimbanguistes la mission d’intercéder pour lui auprès de Papa Simon KIMBANGU ; pour que le concert de Tabu Ley à l’Olympia Bruno Coquatrix ne soit pas un terrible fiasco. Et, comme rien n’est impossible à Dieu, sa prestation fut un immense succès.

Depuis lors, l’ancien fonctionnaire Pascal Tabu, devenu musicien par la force des choses, avait beaucoup de déférence pour Papa DIANGIENDA KUNTIMA ; non pas parce que sa propre mère est kimbanguiste, mais parce que le chef spirituel de l’église _ lui-même fils de Papa Simon KIMBANGU _ le méritait bien.

Contrairement à son aîné Tabu Ley, Papa Wemba n’a pas hésité avec une légèreté déconcertante à salir la mémoire de Papa DIANGIENDA KUNTIMA, plusieurs années après sa mort. En effet, au cours d’un point de presse, il lui avait été posé une question relative à Papa Simon KIMBANGU. Il répondit avec grandiloquence qu’à l’école on ne lui avait pas enseigné l’histoire de ce dernier, mais plutôt celle de Martin Luther. Bien qu’ayant fait là preuve d’un manque latent de culture patriotique, Papa Wemba ne s’avouera pas vaincu pour autant, et surprendra tout le monde par son indifférence pour Papa Simon KIMBANGU.

Avec une certaine désinvolture, il diffamera sans la moindre gêne Papa DIANGIENDA KUNTIMA ; en affirmant qu’il n’était pas le fils biologique de Papa Simon KIMBANGU. Selon lui, Papa KISOLOKELE LUKELO, Papa DIALUNGANA KIANGANI et Papa DIANGIENDA KUNTIMA étaient tous les trois les enfants d’un premier lit que mama Mwilu Kiawanga Nzitani Marie avait emmenés avec elle, lors de son mariage avec Papa Simon KIMBANGU. Par là, il insinua que ce dernier n’était qu’un père nourricier pour Papa DIANGIENDA KUNTIMA et ses deux frères. Quelle ignorance ! Bien que cela choqua les honnêtes gens et scandalisa les kimbanguistes, l’église kimbanguiste ne réagit pas officiellement. Ce sont plutôt les fidèles de Londres qui prirent individuellement l’initiative de le faire.

Qui a bu boira ! Et l’évidence de ce proverbe a pu se vérifier puisque devant le silence de l’église kimbanguiste, Papa Wemba récidiva dans son clip « Elongi ya Jésus » avec les images du chef spirituel kimbanguiste, alors qu’il était déjà décédé depuis le 8 juillet 1992. On y voit le visage de Papa DIANGIENDA KUNTIMA se télescoper avec des propos malveillants, accusant les hommes de Dieu d’escroquer leurs ouailles au nom de Jésus-Christ. Sur le site Congo vision, Dr Tedanga Ipota Bembela, très critique envers l’église kimbanguiste, écrira à propos : « Dans une belle chanson (langue congolaise) Elongi ya Jésus pour dire littéralement en français « Le visage de Jésus », le célèbre artiste musicien Ekumany Shungu Wembadio, dit papa Wemba, a stigmatisé certaines pratiques dans le chef de l’église kimbanguiste ». L’auteur de ce petit commentaire fait allusion, non pas à Papa DIALUNGANA KIANGANI qui était en poste à l’époque des faits, mais plutôt à Papa DIANGIENDA KUNTIMA.

A moins d’être aveugle et sourd, le but du musicien était clair : discréditer Papa DIANGIENDA KUNTIMA dans l’opinion publique, en le présentant naturellement comme un voleur invétéré. Trop c’est trop et cette fois-ci, même les non kimbanguistes réagirent pour condamner en bloc Papa Wemba, qui se confondra plus tard en excuses. Pour se faire pardonner par les kimbanguistes, le musicien se déplacera jusqu’au centre d’accueil kimbanguiste de Kasa-Vubu, où il fera don à l’église kimbanguiste d’une tonne de sacs de ciment.

Depuis, on a l’impression qu’il s’est assagi et on peut donc lui dire « salut l’artiste ! », avec le ferme espoir qu’il ne se fera pas prendre une troisième fois. Et, comme gage de sa bonne foi, mama Marie-Rose Luzolo alias « Amazone », épouse de Papa Wemba s’en alla participer à Nkamba aux côtés des femmes kimbanguistes, aux festivités du 27 avril. En 2006, lui-même a pu de nouveau pénétrer dans l’enceinte du centre d’accueil kimbanguiste de Kinshasa, à la faveur de la finition des travaux de l’amphithéâtre mama Muilu Kiawanga Nzitani Marie, qui abrita en février la première conférence internationale sur Papa Simon KIMBANGU.

Ayant surpris les fidèles en pleine activité, il a pu manipuler devant eux balai et pelle, contribuant ainsi à améliorer tant soit peu sa relation avec l’église kimbanguiste. A cette occasion, le célèbre artiste musicien fut d’ailleurs reçu par l’actuel chef spirituel, Papa Simon KIMBANGU KIANGANI, avec qui il s’entretint dans la résidence Shenouda III. Et cerise sur le gâteau ! Invité par papa César Nginamau à participer à l’émission ya ba zoba, Papa Wemba rapportera à une belle anecdote qu’il avait entendu de la bouche d’un ambassadeur nigérian, lors d’une réception officielle : « L’Afrique ira mieux le jour où les africains croiront naturellement en Papa Simon KIMBANGU ». Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas. Et, mieux vaut tard que jamais.