Le thème de « Lukulu », sujet qui concerne l’accident mortel du 29 juillet 1958 fait par Papa DIANGIENDA KUNTIMA, a été traité sur ce site plus d’une fois. Comme cela ressort dans l’intitulé de cet article, nous allons nous intéresser cette fois-ci à un seul aspect de ce drame: le cantique capté ce jour-là par Papa DIANGIENDA KUNTIMA, quelques temps après son auto-résurrection. « Dieu est le témoin privilégié de l’homme, et ce dernier est lui aussi le témoin privilégié de Dieu », dit un proverbe très populaire dans le milieu kimbanguiste. Et, pour le triste événement du 29 juillet 1958, Papa DIANGIENDA KUNTIMA avait donc pris la précaution de s’entourer de quatre principaux témoins : papa Nkalamvuila, papa Nsomi David, papa Watula Matthieu et papa Ntende Félicien. Aujourd’hui, tous ces hommes et Papa DIANGIENDA KUNTIMA ne sont plus, mais grâce à la magie de la technologie on a pu conserver leurs voix et images pour la postérité.
Le 29 juillet 1958, tous étaient du voyage Kinshasa-Boma qu’effectuait Papa DIANGIENDA KUNTIMA, et ce jour-là ils vécurent de l’intérieur le tragique accident, dont ils gardèrent tous de très douloureux souvenirs. Ce sont donc d’authentiques témoins oculaires et auriculaires ; et leurs poignants témoignages audiovisuels ne peuvent en aucun cas être remis en cause, parce qu’ils ont vu et entendu ce qui s’était réellement passé. Excepté le témoignage de Papa DIANGIENDA KUNTIMA lui-même, nous avons déjà eu l’opportunité d’écouter et de visionner ceux de papa Nkalamvuila et de papa Watula Matthieu. Depuis, nous recherchons vainement les témoignages privés ou publiques de papa Nsomi David et de papa Ntende Félicien. Jusqu’à preuve du contraire, notre longue quête n’a pas encore aboutie, mais nous gardons le ferme espoir d’en retrouver éventuellement les traces. Sauf, si ces deux autres témoins-clés n’ont jamais eu à parler de ce qu’ils ont vu et entendu sur cette fatidique date du 29 juillet 1958.
Après avoir croisé et comparé les témoignages individuels de papa Matthieu Watula et papa Nkalamvuila, nous avons constaté que l’un et l’autre sont unanimes sur un point précis : mort et ressuscité, Papa DIANGIENDA KUNTIMA s’était aussitôt mis à chanter un cantique divinement inspiré qu’il venait lui-même capté. Bien que son histoire fut connue de certains kimbanguistes ; les paroles, elles, restèrent pendant longtemps inconnues de tous. Chez lui à la maison, Papa DIANGIENDA KUNTIMA exécutait parfois les airs de ce fameux cantique de lamentation sur un piano ; sans en prononcer la moindre parole qui vaille. Il en fut ainsi jusqu’au jour où papa Daniel Ndongala (Choreki) eut, plusieurs décennies après le tragique événement du 29 juillet 1958, le privilège de capter enfin les paroles de ce cantique de lamentation. Excepté celui-ci, Papa DIANGIENDA KUNTIMA en avait capté d’autres.
Nous transcrivons ici, dans toute son intégralité, le fameux cantique de lamentation capté par Papa DIANGIENDA KUNTIMA le 29 juillet 1958.
Nkunga / Cantique.
E Tata ngue wamfila va nza Père c’est toi qui m’as envoyé ici-bas Musala salu kiaku se pour que je fasse ton travail E wawu ntangu’ame yifinamene Maintenant que mon heure est proche Tata se dia nkenda. Père miséricordieux, je t’en supplie
Wumvana diak’e ntangu e Tata Donne-moi encore un peu du temps Mu luengisa nkangu’ewu Afin d’affermir la foi de ce peuple E kiadi mu ntim’ame Tata Mon cœur est rempli de tristesse Ngeye u se ungua. Père exauce-moi.
Refrain
Nkenda zaku Tata Dans ta miséricorde, Wunguila ku’ame se Père, écoute-moi ! E kiadi mu mamonso ngeye Aie pitié pour tout Wubafuile nkenda. Pardonne-leur.
E Tata mono yikivene Père je m’offre en sacrifice Va fulu kia ntangu’ewu A la place de ce peuple Ubaloloka mu mawonso Pardonne tous leurs péchés Se dia nkenda ungua. Père miséricordieux, exauce-moi.
Ubafuile nkenda e Tata Père aies pitié d’eux Umvana diak’e ntangu accorde-moi encore du temps Yalonga bana basidi’ e Tata Que j’enseigne le reste Tata ngue Nzambi’a nkenda. Père tu es le Dieu miséricordieux.
Refrain
Bidilu biame se Père, de mes pleurs Mansanga vayika Jaillissent des larmes O vo nza yayo yifukisua Même si le monde entier périssait Kiadi ubafuile nkenda Pitié ! Accorde-leur ton pardon.
En guise de résumé, on pourrait dire que Papa DIANGIENDA KUNTIMA, qui s’est offert en sacrifice, demande à son Père de pardonner à ce peuple (la race noire) et le supplie pour qu’il lui laisse le temps de le prêcher et de l’enseigner. La traduction française, qui accompagne la version originale captée en kikongo, n’émane pas du bureau des chants kimbanguistes mais plutôt de l’auteur ; qui s’est permis de le traduire pour aider ceux qui ne lisent pas kikongo, de comprendre dans l’ensemble ce que dit le cantique en question. C’est vraiment dommage que chaque 27 juillet les dirigeants des chorales oublient souvent de le chanter en l’honneur de Papa DIANGIENDA KUNTIMA, celui-là même qui l’avait capté à Kunda Masangu (Lukulu) en 1958.
N.B : En Kikongo, Watula ne s’écrit pas avec ou. Mais, au Congo-Brazzaville, les noms des Bakongo ont été pour la plupart francisés par l’état-civil colonial français. C’est pourquoi le nom Watula de papa Matthieu s’écrit désormais "ou", devenant Ouatoula ou Ouattoula. Mais, à l’origine, il n’en était pas ainsi, car en kikongo le son « u » peut aussi se lire « ou ».
_________________ Bobangi bua Njambe ezali ebandeli ya mayele.
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