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Maman Marie Muilu Kiawanga : « l’âme du Kimbanguisme »
- Réflexion méditative à l’occasion du 45 ième anniversaire (an 2005) de la mort de l’Héroïne de la foi chrétienne kimbanguiste.
Article du Théologien Nduku-Fessau Badzee

0. Préalables nécessaires

Maman Marie Muilu Kiawanga – ainsi que tous et toutes les Kimbanguistes l’appellent affectueusement – est le nom de l’épouse de l’Envoyé de notre Seigneur Jésus, Papa Simon Kimbangu. Autant dire que ce nom ainsi que cette personnalité exceptionnelle sont intimement liés à l’histoire et à la vie de notre héritage commun le Kimbanguisme (NHCK). Elle décédée le 27 avril 1959, c’est-à-dire quelques mois avant la libération du Kimbanguisme suivie de sa reconnaissance officielle par l’Administration coloniale belge, le 24 novembre 1959.

En ce jour mémorial du 27 avril 2004, les Kimbanguistes célèbrent non sans méditer ce que Maman Marie Muilu Kiawanga incarne dans notre foi individuelle et collective. Grâce à la foi fervente, la ténacité, la persévérance de celle qu’il convient désormais, sans exagération aucune, d’appeler « l’Héroïne de la foi chrétienne kimbanguiste » (HFCK), l’œuvre de libération intégrale de l’homme/femme noir amorcée le 6 avril 1921 dans le contexte de la domination coloniale par le Ntumwa a su se perpétuer jusqu’à ces jours. En cette occasion anniversaire de la mort de celle qui fut et demeure l’âme, le « cœur », autrement dit : le « centre d’orchestration et de pulsation du Kimbanguisme naissant », il est un devoir impérieux non seulement d’avoir une pensée priante, attachante et affectueuse en mémoire de notre Mère dans la foi, mais aussi et surtout de pouvoir rappeler – pour nous et pour des générations à venir –, le courage, la détermination et l’engagement mobilisateurs de Maman Marie Kiawanga dans le combat spirituel, humain et socio-politique de notre peuple aujourd’hui crucifié sur l’Autel du fric roi pour les intérêts multiformes des puissances nuisibles de toutes parts.
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Il y a déjà quelques années passées, dans notre réflexion intitulée : Le Nsinsani kimbanguiste un exemple de solidarité chrétienne au Zaïre(1), en parlant, non sans tremblement de Maman Marie Muilu Kiawanga, nous avons attiré l’attention sur l’engagement courageux et la ténacité de cette Mère dans la survie du mouvement kimbanguiste ; cette Mère en la personne de laquelle tous les héritiers spirituels de Ntumwa Simon Kimbangu devons beaucoup :

« L’histoire du Kimbanguisme retiendra pour mémorable le nom d’une femme que l’on peut considérer d’héroïne de la foi kimbanguiste. Cette femme, c’est Marie Muilu Kiawanga. Elle était l’épouse de Simon Kimbangu. Après l’arrestation et la déportation de son mari, elle mena une vie extrêmement difficile et misérable : persécutée, privée de contacts avec toutes les personnes supposées être adeptes de Simon Kimbangu, etc. »(2)

C’est ici aussi – du moins ce que nous espérons de la profondeur même de notre être – l’occasion pour l’Eglise de Jésus-Christ sur la terre par son Envoyé Spécial Simon Kimbangu (EJCSK) en lambeaux, une église, faut-il le souligner sans complaisance, en totale déconfiture à cause de « la course au pouvoir excessive et déconcertante » qui ne cesse d’alimenter le « combat fratricide » au sein de la progéniture biologique de Ntumwa, de se rappeler des enseignements de haute portée spirituelle du Kimbanguisme originel. Cet « rappel appel » (voir notre dernière contribution) est extrêmement important dans le processus de la re-construction et/ou la redynamisation audacieuses de notre héritage commun le Kimbanguisme (NHCK). Mais comment parler au sujet de cette Héroïne de la foi chrétienne kimbanguiste en peu de mots ? Telle est la question. En tout cas, modestie oblige : il faut reconnaître qu’on ne saurait – dans une réflexion strictement limitée, à cause des impératifs de temps – prétendre brosser de manière exhaustive toute l’histoire et la vie riches de Maman Marie Muilu Kiawanga ! Autant admettre que cette modeste contribution a pour souci majeur de relever le fait instructif selon lequel, malgré elle et le contexte dans lequel elle a difficilement évolué dans sa foi inébranlable, Maman Marie Muilu Kiawanga a su, contre vents et marrés, contrairement aux attentes de ses détracteurs de tous bords, diriger sans résignation ni défaitisme le Mouvement religieux kimbanguiste (MRK) pendant toute la période de la clandestinité ; période que Son Eminence, Papa Joseph Diangienda Kuntima a, à juste titre appelé : « le Kimbanguisme de silence »(3) . On s’en souvient : cette période caractérisée par la persécution des Kimbanguistes a révélé certaines personnalités talentueuses qui, dès l’aube de l’œuvre du Seigneur dans le contexte africain, ont marqué de leurs empruntes l’apport de la femme au sein du Kimbanguisme. Maman Marie Muilu Kiawanga fait partie de la constellation de ceux et celles qui ont traduit dans les faits palpables, cette foi rayonnante, dynamique et épanouissante. De manière quasi schématique, on pourrait brièvement esquisser l’engagement de Marie Muilu Kiawanga à travers les cinq articulations :

Marie Muilu Kiawanga : « Premier chef spirituel »
La présence de Marie Muilu Kiawanga à N’Kamba
Maman Marie Muilu Kiawanga et la transmission de l’héritage du Kimbanguisme
Face à la crise actuelle du Kimbanguisme institutionnel : Une interpellation pressente à l’Association des Femmes kimbanguistes (AFEKI) !
Ah ! Ba ndeko bana ya Papa : « Où est l’esprit de Kintuadi ? »

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1. Marie Muilu Kiawanga : « Premier chef spirituel »

Alors qu’aujourd’hui, l’épineuse problématique de la succession héréditaire et/ou familiale suscite un certain nombre des questions (4) , en alimentant une polémique non sans fondement ; il n’est pas inutile de rappeler avec insistance qu’on n’est pas loin d’être confronté à un phénomène nouveau ! Que non ! En effet, l’histoire du Kimbanguisme rappelle que dès le commencement du mouvement kimbanguiste, la « succession intra-familiale » (SIF) s’est opérée de manière quasi spontanée, naturelle, oserait-on dire ! Telle est la réalité qu’il convient de rappeler avec objectivité !

En effet, tous/toutes les kimbangologues sont d’avis qu’après la déportation de son mari ainsi que les collaborateurs/trices de celui-ci, ce fut automatiquement l’épouse de Simon Kimbangu, à savoir : Maman Marie Muilu Kiawanga, qui a pris la direction de l’œuvre prophétique initiée par Simon Kimbangu. « Témoin privilégié » de l’oeuvre de son mari et "premièr chef spirituel" du mouvement religieux kimbanguiste en gestation, Maman Muilu Kiawanga était aussi le « dépositaire de la foi (chrétienne) kimbanguiste ». Ce qui dans nos investigations antérieures, nous a fait
« Dire que Marie Muilu Kiawanga était le témoin privilégié de l’oeuvre de Simon Kimbangu paraît d’emblée une assertion exagérée. Et pourtant, de par l'histoire même du Kimbanguisme, on réalise effectivement que la personne et la contribution de cette femme dans le processus de développement du mouvement kimbanguiste confirment et amplifient notre propos. Ceci peut être résumé en deux points :

a) En tant qu’épouse de Simon Kimbangu, et grâce à cette proximité conjugale, Marie Muilu Kiawanga avait eu le privilège de vivre et d’accompagner son mari dans son cheminement spirituel. Pour visualiser ce qui vient d’être dit, le Groupe théâtral Kimbanguiste (G.T.K), dans une de ses pièces, intitulée La vocation de Simon Kimbangu, montre comment elle assista, aux scènes de conversations entre son mari et un interlocuteur inconnu, c’est-à-dire, Jésus-Christ. Et à chaque fois, au terme de ces conversations, Simon Kimbangu racontait à son épouse que Jésus lui recommandait d’exercer sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle aux siens et au monde entier. On peut tout de même s’imaginer que durant cette période de la vie de Simon Kimbangu, le rôle de Marie Muilu Kiawanga auprès de son jeune époux n’était pas négligeable. Ses conseils, sa tendresse et son encadrement avaient certainement été aussi indispensables et ressentis comme un soutien important. En tenant compte du rôle que Marie Muilu Kiawanga devrait assumer en tête du Mouvement Kimbanguiste, on peut aussi se demander si sa présence auprès de son mari n’était pas déjà une préparation au ministère du Christ.

b) Dans son comportement face aux menaces des autorités belges, elle s’est montrée ferme, confiante, rassurée et animée par la force du Saint-Esprit. On pourrait, peut-être, lire sur ses lèvres cette réponse des disciples de Jésus aux membres du Sanhédrin : «Nous ne pouvons certes pas quant à nous taire ce que nous avons vu et entendu» (Actes des Apôtres 4, 20).
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De ce qui précède, on peut aussi dire que l’épouse de Ntumwa Simon Kimbangu est, vue du point de vue biblique, un exemple de Marie de Magdala qui, après avoir vu le Seigneur ressuscité, est allée sans déformation aucune annoncer fidèlement la nouvelle aux disciples, alors que, s’étant réunis et ayant peur des autorités qui ne voulaient pas entendre parler de Jésus, les autorités qui les traquaient, pour ainsi dire. De même, pour le mouvement kimbanguiste naissant, Marie Muilu Kiawanga, « témoin privilégié » de l’oeuvre de son mari, s’est vue aussi confier la lourde mission de propager la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à partir de N’Kamba, point de départ de la prédication et du rayonnement de l’oeuvre de Simon Kimbangu. » (5)

C’est précisément ce que Papa Joseph Diangienda Kuntima, celui-là même qui devait, quelques années après, assumer la direction de l’Eglise née du mouvement religieux initié par son Père – dit de manière plus explicite en ces termes limpides :

« Simon Kimbangu avait le privilège de converser avec le Christ à tout moment. Il ne s’agissait pourtant pas de visions. Cela se passait comme ce fut le cas de Moïse lorsqu’il vit l’Eternel sur le mont Sinaï, et comme lors de la transfiguration lorsque les apôtres purent voir Jésus en train de converser avec Elie et Moïse. [...] Pendant que Simon Kimbangu conversait avec le Christ, de la chambre voisine où elle se trouvait, son épouse Muilu Marie pouvait l’entendre parler, alors qu’elle ne pouvait entendre la voix de l’interlocuteur de son époux. Elle en fut intriguée. Mon époux serait-il devenu fou ? Avec qui converse-t-il chaque jour ? Telles étaient les questions qu’elle se posait constamment. Ne pouvant plus garder le silence, elle voulut en savoir plus en lui posant un jour la question ouvertement. Simon Kimbangu lui répondit avec son silence habituel : “C’est le Christ qui me parle, dit-il. Il me confie une lourde mission dont j’ai beaucoup peur. Il me demande de débuter son oeuvre afin de manifester au monde l’amour et la puissance divine. Je lui ai proposé de confier cette difficile mission aux pasteurs de Gombe-Lutete, mais sans succès, conclut-il ».(6)

Consciente de la position privilégiée que toute la Communauté kimbanguiste lui reconnaissait, Maman Marie Muilu Kiawanga va devoir jouer un rôle déterminant dans la direction du mouvement kimbanguiste, durant toute la période de persécutions infligées aux Kimbanguistes – soit de 1921 jusqu’en 1959, année de son décès. D’une part, elle apparaîtra incontestablement en tant que facteur de cohésion et la référence de tous/toutes les Kimbanguistes. C’est ici que la Tradition kimbanguiste lui reconnaît également d’avoir été une personne clé autour de laquelle tous les Kimbanguistes se retrouvaient, se reconnaissaient. D’autre part, elle fut l’animatrice, c’est-à-dire le véritable centre de pulsation, d’orchestration, de sensibilisation et de mobilisation vivifiants des Kimbanguistes, dans le combat pour la libération totale du mouvement prophétique initié par son mari, à partir du petit village symbolique N’Kamba – surnommé la nouvelle Jérusalem – le point de ralliement clandestin de tout/toutes les Kimbanguistes.
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2. La présence de Marie Muilu Kiawanga à N’Kamba

Que dire de la présence de Maman Marie Muilu Kiawanga à N’Kamba, la nouvelle Jérusalem ? Question qui nécessite une réponse plus approfondie. Ce qui, comme il a été signalé ci-dessus, n’est pas possible dans cadre de cette contribution limitée. Pour l’essentiel, on pourrait brièvement résumé comme suit : Tous les contemporains de Ntumwa Simon Kimbangu ont difficilement supporté sa condamnation à perpétuité – pire encore son exil lointain, « ku ntandu », comme disent les Besingombe. Vue rétrospectivement, certes, la déportation de Simon Kimbangu fut un drame pour les Congolaises et les Congolais en général et ses adeptes, c’est-à-dire tous ses « héritiers spirituels », en particulier. Pourquoi ? Cela s’explique. En effet, par l’acte même de sa condamnation, ainsi que les missionnaires et les agents du commerce florissant les y ont contraintes ; les autorités coloniales étaient quasi convaincues d’avoir définitivement trouvé un moyen efficace pour éradiquer le mouvement religieux kimbanguiste. Ils ont sans discernement cru avoir ainsi anéanti tout son élan libérateur.

Bien sûr que l’Administration coloniale belge fut sans naïveté consciente du fait que l’épouse du condamné ne leur causait pas moins de soucis. Mais du point de vue des instances de l’establishment colonial, celle-ci ne fut véritablement pas considérée comme un danger pouvant menacer le pouvoir établi (la « société coloniale », selon l’expression du sociologue français, Georges Balandier) dans ses fondements respectifs. D’où quelques mesures envisagées afin, au besoin, de surveiller l’épouse de Simon Kimbangu, en examinant minutieusement, scrupuleusement ses mouvements et fréquentations durant toute la période des persécutions. (7)

Or l’histoire a démontré que la personne sous-estimée de Maman Muilu Marie Kiawanga, et surtout sa présence physique et spirituelle à N’Kamba furent des facteurs déterminants dans la poursuite silencieuse mais certaine du combat spirituel amorcé par Simon Kimbangu.

« De 1921 jusqu’en 1933 », dit Papa Joseph Diangienda Kuntima « Muilu Marie fut maintenue à N’Kamba dans un état de semi-réclusion. Par la suite, ce régime fut quelque peu assoupli. L’autorité coloniale était consciente du capital qu’elle représentait aux yeux des kimbanguistes, en sa qualité d’épouse de Simon Kimbangu. Clandestinement, les pèlerins venus du pays sous l’influence du Kimbanguisme – à l’époque le Congo belge, le Moyen – Congo français et l’Angola du Nord surtout – continuaient de venir la consulter pour différents problèmes liés aux difficultés que l’on ne cessait d’imposer au Kimbanguisme. En fait, Muilu Marie Kiawanga joua, Simon Kimbangu lui-même. »(8)

Malgré les mesures drastiques prises par le pouvoir colonial à l’encontre des Kimbanguistes d’une part et le traitement auquel Maman Marie Muilu Kiawanga fut soumise d’autre part, il s’est avéré que la présence de cette dernière à N’Kamba a permis aux adeptes de Ntumwa de pouvoir curieusement déjouer la vigilance accrue des autorités établies. C’est ainsi qu’ils/elles pouvaient non sans précautions se rendre clandestinement, massivement à N’Kamba, ce haut lieu de la spiritualité kimbanguiste.

Lieu de la manifestation de l’œuvre de Jésus-Christ par son Ntumwa SK – considéré à la fois en tant que cité sainte de tous/toutes les Kimbanguistes ; et « berceau du Kimbanguisme » libérateur, hier comme aujourd’hui encore –, N’Kamba est et doit demeurer le point de ralliement de celles et ceux qui se réclament de Simon Kimbangu. Depuis l’inauguration des événements du 6 avril 1921, « N’Kamba, le village natal de Simon Kimbangu, le lieu où Jésus-le-Christ s’est personnellement montré (manifesté et adressé) sans la médiation d’aucune puissance usurpatrice à son serviteur. Ce petit village de Bakongo, aujourd’hui aux allures d’une petite ville moderne, revêt une signification symbolique dans l’histoire et la foi des Kimbanguistes de toutes provenances. Du point de vue de la piété populaire kimbanguiste, on pourrait affirmer à la suite de Papa Joseph Diangienda Kuntima que « N’Kamba est comparable à Rome pour les chrétiens catholiques et à la Mecque pour les croyants musulmans » . Selon la foi des Kimbanguistes enracinée dans la tradition initiée par le Ngunza a Njambi, Maman Marie Muilu Kiawanga connaissait mieux que quiconque les secrets de la Nouvelle Jérusalem. Grâce à sa présence symbolique à N’Kamba, tous ceux et celles qui montaient à N’Kamba pouvaient aisément s’informer sérieusement au sujet du ministère et de l’enseignement de Simon Kimbangu. C’est, entre autres, cette tâche noble de la transmission courageuse de notre héritage commun le Kimbanguisme (NHCK) que notre Mère dans la foi au Christ Jésus assuma sans défaillance ni trahison aucune.
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3. Maman Marie Muilu Kiawanga et la transmission de l’héritage du Kimbanguisme

La première cheffe spirituelle du mouvement kimbanguiste, le témoin privilégié et le dépositaire de l’œuvre de Papa Simon Kimbangu : Maman Marie Muilu Kiawanga fut sans conteste « l’âme du mouvement kimbanguiste ». « (…) Restée à N’Kamba, son rôle ne consistait pas seulement à accueillir les pèlerins, mais elle avait aussi pour mission d’informer, d’enseigner et d’instruire les fidèles kimbanguistes sur les principes et les pratiques du Kimbanguisme (…) »(10) , conformément aux intuitions de SK. Sa fidélité et son témoignage à l’œuvre du Seigneur sont autant de marques (indices) qui ont servies à la transmission courageuse de l’héritage du Kimbanguisme, par les gestes d’accueil et l’enseignement.

3. 1. L’accueil des pèlerins :

De toutes parts – précisément des « trois Congos » réduits en morceaux par les étrangers venus du Nord, comme disent les Chefs spirituels : la République Démocratique du Congo (RDC), le Congo-Brazzaville, le Congo Angola, etc., les Kimbanguistes se rendaient clandestinement auprès de celle qui leur apparu être l’icône vivante de la foi chrétienne kimbanguiste : Marie Muilu Kiawanga. A leurs yeux, celle-ci fut à la fois considérée en tant que guide spirituel de tous/toutes les Kimbanguistes privés désormais de la présence physique de Ntumwa, le Ngunza et Nganga a Njambi. A ce titre, elle fut doublement considérée :
- un « modèle de la résistance non violente » (MRNV) contre le pouvoir colonial oppresseur belge et ses alliés de toutes obédiences ;

- une figure maternelle dont l’accueil, la solidarité, la sollicitude… furent autant d’expressions tangibles et vivantes des enseignements de Jésus-Christ contextualisés au Congo, au « cœur des ténèbres africaines » par son Ntumwa Simon Kimbangu.
Et ce n’est pas sans raison que dans un ton quasi accusateur, Pasteur Nkebi Luamba rappelle que :

« Toujours est-il qu’après avoir subi beaucoup de tortures de la part des colons et de traîtres noirs, Mwilu n’a pas nié sa foi en la véracité divine et christologique de l’œuvre de son époux. Elle resta au village où, clandestinement, les fidèles kimbanguistes, “hommes” et “femmes”, allaient chercher auprès d’elle conseils et intercession spirituelle. Mwilu groupa autour d’elle, en solidarité spirituelle, des femmes ferventes qui animaient des séances de prière. Elle donna une bonne éducation à ses trois fils, bien que l’aîné fut relégué à la colonie scolaire de Boma où le rejoignit plus tard le cadet. »(11) (sic)

Et de poursuivre :

« Considérant l’engagement spirituel de Mwilu au service de Dieu, les fidèles kimbanguistes voyaient en elle la présence même de Kimbangu, malgré son absence physique. Les gens de partout continuaient à se rendre à Nkamba où Mwilu les accueillait dignement. Si elle n’avait pas répondu à leurs besoins, ces gens n’auraient pas continué à se rendre auprès d’elle (…). »(12) (sic)

Ces paroles quasi-défensives de Nkebi Luamba trouvent un écho retentissant chez Susan Asch qui n’a pas moins attiré l’attention sur la personnalité et l’engagement de Maman Marie Muilu Kiawanga sur le devenir du Kimbanguisme :

« De 1942 à 1951 (du vivant du Prophète), des messagers (tel Diakanua Samuel) partaient clandestinement de Nkamba pour rendre visite aux relégués. En outre, ils inventèrent un alphabet secret aux symboles incompréhensibles pour les non-initiés. Ce n’est qu’après maintes hésitations que le secrétaire général Luntadila a rendu public l’alphabetkidoumacomme preuve supplémentaire de l’existence des contacts réguliers entre kimbanguistes. Voici l’alphabetKidouma”. »

« X = A
.. = B
c = C
au = D
e = E
– = F
g = G
i = I
j = J
./. = K
I = L
III = M
2 = N
ce = O
PQ = P
Q = Q
R = R
7 = S
! = T
ii = U
" = V
al = W
x = X
y = Y
. . = Z
Exemple : !X!X ./.iIII..X2gii = tata Kimbangu (tata = papa en kikongo) »(13)
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3. 2. L’enseignement :

Quoi qu’ayant été privés de la présence physique de leur leader charismatique, et malgré la distance physique qui les séparait de ce dernier ; les Kimbanguistes ont su inventer quelques moyens de communication, afin de maintenir le contact et échanger les informations entre eux. Est-il besoin de dire que l’invention de l’écriture kidouma ci-dessus a servi d’une certaine manière aux échanges clandestins entre les Kimbanguistes restés dans le Bas-Congo et ceux/celles relégués (exilés !) dans les différents camps de relégation à travers le territoire national congolais. Il faut reconnaître que loin d’avoir obtenu beaucoup de succès, aussi louables soient-elles, ces initiatives qui démontrent une certaine créativité admirable de la part des adeptes de Simon Kimbangu étaient souvent entravées par les mesures administratives dont la surveillance et la sévérité demeurèrent exceptionnelles – pour ne pas dire contraignantes – à l’égard des Kimbanguistes.

Toujours est-il que, dans ce « Kimbanguisme du silence »(14) , selon l’expression de Papa Joseph Diangienda Kuntima, ce fut par l’enseignement clandestin que celle que l’on a qualifié de « dépositaire de l’héritage du Kimbanguisme » (DHK) a su transmettre les enseignements, les pratiques et les consignes éthiques de Ntumwa aux adeptes de son mari. « Malgré la répression, l’administration constate la survivance des pratiques kimbanguistes ». Elle cite le R.A.C.B. qui rapporta qu’« À l’heure actuelle, le culte kimbanguiste n’est plus pratiqué publiquement, mais la doctrine du prophète est conservée et transmise dans les familles ou dans des réunions clandestines… ». Il ne s’agit pas d’un enseignement au sens classique du terme. En effet, comme certains de ses compatriotes, surtout les femmes ; Marie Muilu Kiawanga n’a pas pu accéder à une formation scolaire élémentaire. Parler de l’enseignement ici, c’est vouloir simplement souligner le fait qu’elle a su communiquer de manière vivante, en racontant (15) et en explicitant ce que son époux a enseigné et posé comme différents « gestes prophétiques » qui, comme on l’a dit, sont significatifs en tant que des actes de langage.

3. 2. 1. Le contenu de cet enseignement :

Il se ramena à quelques points fondamentaux : « Elle leur enseignait les règles morales, les chants, les prières prononcées par le Prophète. Elle les baptisait dans la source de N'Kamba, malgré la présence de soldats dans la poste de surveillance perché sur la colline » (16). Comme nous l’avons vu, disons que dans la tradition kimbanguiste, les trois premiers points énumérés : les règles morales, les chants, les prières du Prophète sont très importants. Susan Asch a fondé ses arguments sur « l’entretien qu’elle a eu avec le délégué régional de l’Equateur, Nueba, en compagnie des pasteurs de zone, à Mbandaka », a-t-elle insisté. Que certains anciens de l’Eglise kimbanguiste aient pu donné cette version des faits sur ces trois premiers points de l’enseignement de Marie Muilu n’est pas contestable. Cependant, le quatrième point, celui concernant la pratique du baptême laisse perplexe ! D’où la question suivante :

Pourquoi, Maman Marie Muilu Kiawanga, l’épouse de SK, a-t-elle pu oser franchir ce pas, en baptisant alors qu’elle savait pertinemment que de son vivant, et cela malgré le succès foudroyant qu’il avait enregistré au cours de son bref ministère, le Prophète lui-même – qui n’avait manifesté aucune intention de fonder une « chapelle », une Eglise quelconque ! – n’a jamais accepté de baptiser ?

S’agissait-il véritablement des baptêmes au sens classique du terme, ou simplement de la coutume bien connue selon laquelle les Kimbanguistes qui séjournent à N’Kamba saisissent cette opportunité afin d’aller se baigner dans « masa ma nsambu », la source d’eau bénite ?

Autrement dit : Marie Muilu a-t-elle délibérément pris la liberté (décision) de baptiser les membres du mouvement kimbanguiste, sachant que la rupture entre leur mouvement et les « églises de mission » fut consommée ?

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Signalons que Dr Marie-Louise Martin – co-fondatrice et Doyen de la Faculté de Théologie Kimbanguiste (FTK) a, elle aussi, fait mention du rôle fondamental que Maman Marie Muilu Kiawnaga a joué en faveur des Kimbanguistes. Dans un point de son livre intitulé « Le sort de la famille de Kimbangu », elle n’y a strictement pas fait mention du baptême :

« Marie Mwuilu, la femme de Kimbangu, s’était déjà établie avec leurs fils Dialungana et Diangienda à Ngombe-Kinsuka, le village voisin ; il fait face à N’Kamba et n’en est séparé que par une étroite vallée au fond de laquelle jaillit la source sacrée. Selon le témoignage de ses deux fils, Marie Mwuilu vivait dans des conditions misérables et sous constante surveillance. Elle était cependant le point de rencontre secret, la mère spirituelle des adeptes de Kimbangu, que nous appellerons désormais kimbanguistes. Elle priait avec ceux qui venaient à elle dans leur détresse, et même si elle les envoyait à la source, la foi et la prière fondées sur l’Evangile demeurèrent toujours l’élément de base. L’eau de N’Kamba, dans laquelle les croyants se plongeaient et se plongent encore au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ne devait pas prendre un caractère magique » (17).

En tout cas, à la suite de Marie-Louise Martin, nous n’avons pas non plus trouvé la confirmation de la pratique du baptême au sein du mouvement religieux kimbanguiste par Maman Marie Muilu Kiawnanga. C’est pourquoi, dans le but de faire avancer la réflexion, afin de nous enrichir réciproquement dans l’esprit de dialogue constructif, nous laissons cette question ouverte, espérant que d’autres pourront apporter la moisson de leurs recherches. Cependant, il y a l’unanimité sur un acte qui, on pourrait dire sans exagérer, a sanctionné et couronné le travail d’enseignement de Maman Marie Muilu Kiawanga auprès des adeptes de son marie : la remise des cartes aux catéchistes premiers catéchistes kimbanguistes. Fait inédit : quelle audace ?

3. 2. 2. La remise des premières cartes aux catéchistes :

« L’icône vivante du Kimbanguisme » – Marie Muilu Kiawanga – a laissé derrière elle une œuvre monumentale. Pour marquer de son emprunte l’œuvre dont elle fut un témoin privilégié, et assurer la transmission de celle-ci, elle n’a pas hésité de miser sur l’enseignement, si on entend par là une instruction sous la forme de témoignages auprès des Kimbanguistes. En 1956, c’est-à-dire trois ans avant sa mort intervenue le 27 avril 1959, elle avait personnellement remis les cartes à dix personnes qui avaient suivi son enseignement en qualité de catéchistes. « (...) c’est un monument de Kimbanguisme qui disparaît ainsi : Quelques mois auparavant, elle avait remis leurs cartes aux premiers catéchistes qu’elle avait exhortés à être des modèles dans la lutte pour la liberté »(18) .
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Le souci de la formation des hommes et des femmes semble avoir été l’une des caractéristiques fondamentales au sein de la Tradition kimbanguiste. Outre l’engagement de Maman Marie Muilu Kiawanga dans ce domaine, il a été démontré que Simon Kimbangu lui-même a, dès le début de son œuvre, justifié la raison d’être de son ministère sur l’exigence d’« instruire » et d’« enseigner » les siens par la proclamation de l’Evangile libérateur de Jésus Christ. Le « droit à l’instruction », oserait-on dire aujourd’hui en termes contemporains, modernes, selon le slogan de l’Organisation des nations unies (ONU), à travers le travail laborieux de l’UNESCO. Et plus tard, après l’institutionnalisation du mouvement kimbanguiste, sur les différents chantiers à explorer pour assurer le développement intégral du Kimbanguisme, les responsables de la jeune église naissance – sous la direction de Papa Joseph Diangienda Kuntima – vont entre autres concentrer leurs efforts sur la formation d’une élite instruite, conscientisée.
« Marie Muilu Kiawanga reste et restera pour l’Eglise kimbanguiste un modèle de la foi ferme et courageuse. Elle est un des exemples qui montrent que les femmes ont également le devoir de témoigner au sujet du Christ. Durant son ministère terrestre, le Christ a aussi lutté pour la libération de la femme, lui conférant le même statut, la même dignité, les mêmes droits que son semblable : l’homme. Enfin, les femmes kimbanguistes en particulier et tous les Kimbanguistes en général devraient toujours se rappeler du courage, de la ténacité et de la foi de cette femme qui, malgré tant d’humiliations, de souffrances et sacrifices, a su faire rayonner l’amour et la joie autour d’elle dans le souci d’unir et d’exhorter tout un chacun au nom du Christ. Sa lutte, ensemble avec tous les Kimbanguistes qui ont suivi la voie tracée par Simon Kimbangu, a abouti à la naissance de cette Eglise au sein de laquelle les gens de toutes provenances tissent des liens de fraternité et de solidarité au nom du Christ. »(19)
*
**
Pour clore cette esquisse succincte de « réflexion méditative », sur l’apport substantiel de Maman Marie Muilu Kiawanga au développement de notre héritage commun le kimbanguisme (NHCK), nous pouvons, entre autres, retenir les lignes de force ci-dessous :
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Comme Pasteure Nkeki Luamba l’a dit non sans passions, nous constatons que de part l’ouverture et la place importantes que Papa Simon Kimbangu a sans discrimination accordée aux femmes (voir le cas de Nsadisi Mamans Michael Mandombe et Thérèse Mbonga) dans l’exercice libérateur de son ministère prophétique ; celui-ci a du même coup réhabilité entièrement la femme. De cette manière, il l’a mise et/ou placée sur le même pieds d’égalité avec l’homme, en l’arrachant du ghetto dans lequel aussi bien certaines traditions ancestales africaines que les églises de mission l’avaient longtemps enfermée. Cette prise de position révolutionnaire est une expression critique à la fois des certaines sociétés traditionnelles africaines au sein desquelles la femme était traitée comme un « être de second rang » – un mineur dépendant de la tutelle de l’« homme » son Père et/ou son mari –, sans cependant oublier certaines formes de discriminations instituées au sein des églises traditionnelles.

« Mwilu Marie avait donc accompli le serment fait à son époux Kimbangu, d’être attachée à lui dans le bonheur comme dans le malheur, et le Seigneur l’avait aidée à mener jusqu’au bout cette œuvre. Elle reste, à cet effet, pour les kimbanguistes l’exemple suprême de la persévérance, parce qu’elle fut chef spirituel pendant les moments les plus difficiles. En elle, s’est réalisée une théologie de libération contre la discrimination sexuelle des êtres jadis considérés faibles et soumis à la domination masculine. Kimbangu, en faisant participer sa femme à son ministère, a appris aux hommes à considérer leurs épouses comme leur propre chair ; capables de participer avec eux à toutes leurs activités pour promouvoir le bien commun. Donc, la soumission de chacun des conjoints, l’un à l’autre, ne signifie pas la domination ou l’humiliation de celui-ci ; car la domination est une conséquence du péché (Gen. 3,16). La nouvelle vie de couples chrétiens, c’est aimer et accepter l’autre comme égal […] » (20).

Rappelons que l’engagement de ces trois femmes au sein du mouvement kimbanguiste : Mikala Mandombe, Thérèse Bonga et Marie Muilu Kiawanga n’est pas un cas isolé, dans la prise de responsabilités des femmes en Afrique subsaharienne. Quand bien même, il est vrai que du point de vue des statistiques à notre disposition, les femmes constituent une frange minoritaire au sein des mouvements religieux africains et/ou des Eglises indépendantes (EIA) issues de ces derniers ; de manière générale, elles y jouissent les mêmes privilèges, en y exerçant sans discrimination les mêmes ministères que les hommes (21) . Vue dans cette perspective, ce n’est nullement exagéré de parler d’une révolution libératrice de la Femme !

Il n’y a rien d’étonnant ici dans la mesure où, pour tout observateur averti et responsable, ces quelques exemples attestent, si besoin était, la persistance, autrement dit, la survivance incontestables des traditions ancestrales au sein des sociétés africaines modernes. C’est une preuve irréfutable qu’entre ce qu’on appelle pudiquement la Tradition et la Modernité, le fossé n’est sûrement pas infranchissable. Au contraire, il y a dans cet esprit du syncrétisme dynamique et libérateur le besoin légitime de la complémentarité entre les deux dimensions constitutives de notre identité africaine en mouvement ! Ceci est, vue de manière nuancée, contraire et/ou à l’opposé d’une certaine discrimination féminine accentuée, pour ne pas dire instituée dans nos « écritures saintes », discrimination que les églises missionnaires – notamment l’Eglise catholique romaine – continuent de perpétuer consciemment ou pas, à tort ou à raison, en se basant sur ce qu’on pourrait faute de mieux appeler « la division et/ou répartition sexuelle des ministères ».

Sans intention de vouloir terminer cette contribution sur une note polémique, nous préférons plutôt initier une réflexion, en suscitant le débat créatif sur ce que devrait être l’apport substantiel de la Femme kimbanguiste à la crise asphyxiante qui mine la vie de l’Eglise de Jésus-Christ sur la terre par son Envoyé Spécial Simon Kimbangu (EJCSK), dans l’opacité de la trame actuelle de notre destinée en tant qu’une Famille spirituelle qui a tant de richesses à donner au christianisme universel.
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4. Face à la crise actuelle du Kimbanguisme institutionnel :
Une interpellation pressente à l’Association des Femmes Kimbanguistes (AFKI) !


Bien sûr qu’aujourd’hui nous célébrons le 45ième anniversaire de la mort de Maman Muilu Kiawanga. Nous le faisons dans un élan de foi et de piété en mémoire de son engagement, de sa ténacité, de la foi exemplaire et sans résignation qu’elle nous a légués. Malgré son absence physique, une chose est vraie : la personne et les initiatives de cette « héroïne de la foi chrétienne » (HFCK) se perpétuent encore au sein de la grande famille spirituelle kimbanguiste (GFSK), à travers la présence et l’engagement multiforme des femmes Kimbanguistes qui, à dire le vrai, constituent une force mobilisatrice et un centre foisonnant de créativité au sein de l’Eglise kimbanguiste.

Au sein l’Eglise kimbanguiste en ébullition, cet engagement entraînant des femmes y interprété sous forme de ce qu’on pourrait faute de mieux appeler le Mouvement d’émancipation de la femme kimbanguiste (MEFK) par :

a) l’enseignement de la Parole de Dieu,
b) la diaconie,
c) la direction des retraites spirituelles, etc.

Autant d’indices observables qui permettent d’affirmer sans trop prendre le risque de se tromper que l’impact retentissant de cette prise de conscience libératrice dans la vie de l’Eglise kimbanguiste pourrait constituer un facteur décisif en vue de la libération effective de toute la société congolaise sans oublier la grande nation africaine confrontée, elle aussi, aux impératifs de son développement.

Quoi qu’ayant, pour des raisons évidentes, pris des contours nouveaux et adopté des allures de son environnement ambiant – vue sur le fond, et suivant la dynamique spirituelle qui sous-tendent cette prise de conscience de libération de la femme – il y a constamment la réfère constante à la fois sur la personne et l’engagement de celle que nous appelons : « l’âme du Kimbanguisme » libérateur, à savoir Maman Marie Muilu Kiawanga.

Ceci étant posé, il convient d’interpeller sans détour la Femme kimbanguiste en ces termes : « Face à la crise multidimensionnelle actuelle du Kimbanguisme institutionnel :
- Quel est l’apport de la femme la Femme kimbanguiste afin de pouvoir créativement sortir, c’est-à-dire « libérer » notre héritage commun le Kimbanguisme (NHCK) des schémas dans lesquels il est coincé de manière lamentable à cause du « combat fratricide » qui enchaîne les héritiers biologiques de Ntumwa Simon Kimbangu ?

- A l’instar de notre Mère, l’héroïne de la foi kimbanguiste, Maman Marie Muilu Kiawanga, qui a lutté sans résignation contre les forces destructrices de la grande machine coloniale : n’est-ce pas ici l’occasion, pour la Femme kimbanguiste éclairée par la foi, la ténacité, l’audace et les intuitions de celle qui est l’âme du Kimbanguisme libérateur de faire preuve de créativité afin de sauver notre héritage de sa dérive prévisible actuelle ?
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Enfin, je dois souligner qu’au sein même de la « famille biologique de Ntumwa Simon Kimbangu » (FBNSK), il y a certainement des individualités, parmis les Femmes courageuses, qui, malgré le tourbillon et la teneur ravageuse due à la crise actuelle qui secoue douloureusement leur famille gardent encore la tête sur leurs épaules. Ceci est salutaire afin que notre patrimoine ne chavire pas. On me permettra – à ce propos – de mentionner particulièrement, à titre illustratif, le nom de Maman Marie Muilu Diangienda :
Maman Marie Muilu Diangienda : je crois et je suis profondément persuadé que dans sa configuration actuelle, toute la Communauté spirituelle kimbanguiste prise en otage et traînée douloureusement dans la boue et les immondices à cause de la « crise puante » qui tire ses racines dans votre famille biologique en général et votre likanda en particulier ont plus que jamais grandement besoin d’entendre « le timbre de votre voix »…

Nous voulons – nous Kimbanguistes convaincus et déterminés à suivre impérativement « le chemin initié » par notre Nkaka dans la foi, le Ntumwa Papa Simon Kimbangu, Vous inviter sans tarder à doubler vos efforts, à « apporter la dose homéopathique de votre substance féminine » afin que notre Eglise réduite en lambeaux ne chavire pas !
Puisse le message de ce chant inspiré nous rappeler le sens de l’« entente symphonique », l’« esprit de cohésion » et d’« unité » qui ont caractérisé l’engagement de nos guides spirituels :

Mansueke ma Yave mu nkanda ndombe wau
Musolokele ki ntinu kia banlongo
E nsilulu za Yave zeti vingila
Yisu se kekembeswa (Bis)
Refrain:
Kisolokele ki ntinu kia banlongo vava nza
Kia nsilulu za Yisu mvuluzi
E diambu edi dialungana mu nsieto Afilika
Ku Mbanza N’Kamba Yelusalemi
Diangienda ye nuwau munsi zawonsono
Balembi kala mpe ye vuninu (Bis)

5. Ah ! Ba ndeko bana ya Papa : « Où est l’esprit de Kintuadi ? »

Enfin, qu’à cette occasion où la Communauté et/ou la grande famille spirituelle kimbanguiste dans son ensemble adresse une prière ardente, fervente et reconnaissante au Dieu de Ntumwa Simon Kimbangu – à cause de tout ce qu’Il a accompli et enseigné à son peuple du Congo-Zaïre par le truchement de sa servante Maman Marie Muilu Kiawanga –, soit à jamais la source intarissable de notre foi, la force et l’énergie mobilisatrices de notre engagement dans l’opacité de l’histoire mouvementée de l’Eglise kimbanguiste.

Vive le Kimbanguisme libérateur
Vive l’AFKI
Vive à jamais Maman Marie Muilu Kiawanga : « Ame du Kimbanguisme libérateur » et « héroïne de la foi chrétienne kimbanguiste »


Nduku-Fessau Badze
Théologien
Fribourg, Suisse, avril 2004
NOTES :

(1) : Nduku-Fessau Badze, Le Nsinsani kimbanguiste un exemple de solidarité chrétienne au Zaïre, Inédit, Université Miséricorde, Fribourg/Suisse, 1995.
(2) : Ibid., p. 83.
(3) : Diangienda Kuntima, L’histoire du Kimbanguisme, Editions kimbanguistes, Kinshasa,1984, p. 82-165.
(4) : Nous pensons ici à la crise qui prévaut actuellemnt au sein de l’Eglise kimbanguiste, depuis la publication des résolutions de l’ Assemblée Générale Extraordinaire de N’ Kamba en octobre 2001 par l’actuel Chef Spirituel Simon Kimbangu Kiangani. Voir Nduku-Fessau Badze, « Lettre à Dominique WAMANISA », in : Nduu-Fessau Badze, Le Kimbanguisme un héritage mal exploité. Dialogue sur les croyances et pratiques de l’Eglise de Jésus-Christ sur la Terre par son Envoyé Spécial Simon Kimbangu, inédit, Fribourg, 2000 ; Nduku-Fessau Badze, Son Eminence Simon Kimbangu Kiangani le Réformateur. « Signes de temps », inédit, Fribourg/Suisse, 2003.
(5) : Nduku-Fessau Badze, op. cit., 1995, p. 89
(6) : Cfr. Diangienda Kuntima, op. cit., p.22-23
(7) : Signalons qu’un homme du même village – un « traitre mukongo » de la même ethnie (Besingombe) – fut chargé par l’Administration coloniale belge de surveiller Marie Muilu Kiawanga, en prenant soigneusement soins de noter aussi bien ses contacts que ses fréquentations.
(8) : Diangienda Kuntima, op. cit., 1984, p. 164
(9) : Ibid., p.200
(10) : Idem, p.180
(11) : Nkebi luamba, Le ministre des femmes dans l’Eglise kimbanguiste, Travail de fin de semestre, Institut œcuménique de de Bossey, 1989op. cit., 1989, p.18
(12) : Ibid., p. 18
(13) : Susan .Asch, L’Eglise du Prophète Kimbangu. De ses origines à son rôle actuel au Zaïre, Editions Karthala, Paris, 1983, p.36.
(14) : Diangienda Kuntima, op. cit., 1984, p.82-165.
(15) : Nous rendons attentif au rôle fondamental du récit et/ou de la narration dans le contexte de l’oralité. Comme ce fut le cas de la première communauté chrétienne, où les enseignements de Jésus-Christ et tout ce qui se disait en son nom furent véhiculés oralement ; ici aussi, les enseignements de Simon Kimbangu ont été transmis de bouche à oreilles par les témoins oculaires de son œuvre notamment son épouse Marie Muilu Kiawanga.
(16) : Susan Asch, op cit., 1983.
(17) : Marie-Louise Martin, Simon Kimbangu. Un prophète et son Eglise, Editions du Soc, Lausanne, 1981, p.82.
(18) : Voir Diangienda Kuntima, op. cit., p. 180.
(19) : Nduku-Fessau Badze, op. cit., 1995, p.89-90.
(20) : Nkebi Luamba, op. cit. 1989, p. 20.
(21) : Cfr. Graines d’Evangile. Aperçu des Eglises indépendantes africaines, Editions Clé, Yaoundé, 1973.
 
 
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