|
|
 |
|
Extraits
A travers
le présent document, nous rendons publique une
théologie que Simon Kimbangu a formulée,
dès le début même du mouvement kimbanguiste,
en 1921. Les uns et les autres noteront sans doute que
la théologie kimbanguiste a une position radicalement
différente par rapport aux positions théologiques
de bien des Eglises sur un certain nombre de questions.
Ces différences, qui précisément
la caractérisent, ne doivent aucunement être
prises pour des obstacles dans les relations de coopération
fraternelle que l'Eglise kimbanguiste entend maintenir,
voire développer avec ses consœurs.
Au sein de la famille des confessions
chrétiennes, le Kimbanguisme est un cas bien à
part tant sur le plan historique que du point de vue de
l'approche et de l'interprétation théologiques
qu'il se fait de l'Evangile.(2)
L'Eglise kimbanguiste, issue du mouvement du même
nom, n'est pas une religion schismatique : elle est le
résultat tangible de la volonté d'union
manifestée par ceux et celles que les missionnaires
ont accusés de «syncrétisme»
et expulsés ensuite de leurs Eglises, les «seules
vraies», à un moment donné de l'histoire
du Christianisme en Afrique.
Le simple fait d'avoir admis, le 16 août 1969, l'Eglise
kimbanguiste au sein d'une organisation aussi renommée
que le Conseil œcuménique des Eglises constitue
en lui-même une réhabilitation du Kimbanguisme
que d'aucuns qualifient aujourd'hui de «christianisme
dont les traits rappellent l'Eglise du premier siècle».
Le revirement total de jugement et d'attitude à
l'égard du Kimbanguisme a donc été
spectaculaire. A la lumière de ce revirement, on
ne peut s'empêcher de poser la question suivante
:
la pensée, les actions et les enseignements de
Simon Kimbangu étaient-ils syncrétistes?
Dans la négative, pourquoi lui-même et ceux
qui l'avaient suivi furent-ils si cruellement persécutés?
Et si son enseignement était syncrétiste,
pourquoi le Kimbanguisme a-t-il été réhabilité
et reconnu comme une religion véritablement et
profondément chrétienne?(3) |
Prologue
(*) |
 |
Courant 1977, dix-sept ans(4)
après son institutionnalisation et pour la première
fois de son histoire, le mouvement kimbanguiste(5)
présentait les grandes lignes de sa théologie.
Si par cette occasion qui eut lieu grâce à la publication,
par Son Éminence Diangienda Kuntima, de l’ «
Essence de la théologie kimbanguiste »(6)
l’église kimbanguiste faisait connaître à
la grande famille des confessions chrétiennes les bases
de sa théologie, telles que formulées par Papa
Simon Kimbangu lui même, elle aura surtout affirmer ses
caractéristiques qui, à la fois, la différencient
et la lient à ses consoeurs.
Aujourd’hui, la foi kimbanguiste qui a connu des développements
considérables, ces dernières années, a
besoin de se rendre accessible de manière claire et sans
détour tout en profitant des possibilités offertes
par des nouveaux supports de transmission de l’information.
Nous mettons ici en ligne le texte de 1977(7)
fidèlement tel qu’il a été publié
au chapitre 6 du livre vert(8) et nous espérons
qu’au moment opportun, lorsque la Commission Théologique
Kimbanguiste nous le permettra, nous mettrons à votre
disposition d'autres textes qui traitent la question de la théologie
kimbanguiste.
Que vive, pour toujours, le kimbanguisme !
Essence de la théologie
kimbanguiste |
 |
Les grandes lignes de la théologie
kimbanguiste
Origine de
la vie |
 |
La théologie kimbanguiste soutient
que Dieu est le créateur exclusif de la vie et de l'univers.
Cela n'est pas le point de vue de la science. L'Eglise kimbanguiste
se borne à constater la différence entre ce qu'affirme
sa théologie et la théorie scientifique de l'origine
de la vie. L'Eglise kimbanguiste n'est pas contre la science.
Elle n'a pas non plus la moindre intention de lui faire des
concessions sur cette question fondamentale, d'autant plus qu'il
n'y a rien de définitivement prouvé en ce que
la théorie scientifique avance à ce sujet. En
un mot, la théologie kimbanguiste épouse les affirmations
bibliques de la création du monde.
Un Dieu
trinitaire |
 |
Le créateur de l'Univers est un
Dieu trinitaire; il est en trois personnes: Père, Fils,
Saint-Esprit. La théologie kimbanguiste n'éprouve
pas le besoin de démontrer systématiquement ses
affirmations. Cela n'est pas nécessaire. Ainsi elle admet
l'antériorité et la supériorité
du spirituel sur le matériel, la nature trinitaire et
spirituelle de Dieu. Le Dieu trinitaire a une structure hiérarchisée.
On le voit en ce que l'Eternel ou Dieu le Père ordonne
à son Fils Jésus-Christ de venir racheter l'humanité
du péché. Christ, par obéissance et soumission,
accepte cette mission de gaieté de cœur, bien que
ne se faisant aucune illusion quant aux difficultés inhérentes
à une telle entreprise, car devant l'accomplir à
la fois en tant que Dieu et en tant qu'homme. D'autres faits
illustrent dans la Bible cette notion du respect de la hiérarchie.
Non seulement Jésus se soumet et obéit à
son Père; mieux, il s'humilie devant lui et lui rend
constamment gloire. Saint Paul en témoigne : «Ayez
en vous la pensée qui était en Jésus-Christ
: lui dont la condition était celle de Dieu, il n'a pas
estimé comme une proie à arracher d'être
égal avec Dieu, mais il s'est dépouillé
lui-même en prenant la condition d'esclave» (Philippiens
2:5-8). Le Saint-Esprit, à son tour, reconnaît
et se soumet à l'autorité du Christ.
De lui, Jésus-Christ dit : «Mais le Consolateur,
le Saint-Esprit que le Père enverra en MON NOM, c'est
lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout
ce que je vous ai dit; et quand il viendra, lui, l'Esprit de
vérité, il vous conduira dans toute la vérité,
car ses paroles ne viendront pas de lui-même, il parlera
de tout ce qu'il aura entendu et vous annoncera les choses à
venir. Lui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est
à moi et vous l'annoncera» (Jean 14 à 16).
Les trois personnes, en Dieu, agissent en parfaite harmonie,
en parfaite solidarité; nul n'agit séparément.
C'est ainsi que Christ recommande à ses disciples de
baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et
du Saint-Esprit. Il y a lieu de s'arrêter davantage sur
la personne du Saint-Esprit.
Pour l'Eglise kimbanguiste,
le Saint-Esprit est loin d'être une sorte de flux magnétique
ou électrique qui fournit de l'énergie en vue
de l'accomplissement d'une tâche donnée. Dieu a
créé l'homme à son image et à sa
ressemblance. Cela s'est vérifié par le fait que
Christ, Dieu, a vécu ici-bas sous forme humaine.
De cela, il est aisé de déduire que la troisième
personne en Dieu, le Saint-Esprit, a aussi une ressemblance
humaine dont le corps est spirituel et par conséquent
invisible aux vivants. Dieu, Jésus-Christ et le Saint-Esprit
sont trois personnes revêtues de corps spirituels (Corinthiens
15:1-44) mais existantes à l'image et à la ressemblance
de l'homme, lui-même créé à l'image
de Dieu.
Un certain nombre de passages bibliques donnent davantage de
précisions sur la personne du Saint-Esprit et justifient
l'approche que se font les Kimbanguistes du Saint-Esprit: «
L'Esprit lui- même rend témoignage à notre
esprit que nous sommes enfants de Dieu. Mais l'Esprit lui-même
intercède par des soupirs inexprimables» (Romains
8:16 et 26).
Mais le Consolateur, le Saint-Esprit que le Père enverra
en MON NOM, c'est lui qui vous enseignera toutes choses et vous
rappellera tout ce que je vous ai dit (Jean 14:26).
Ainsi donc l'Esprit sonde, témoigne, intercède,
enseigne, console. Ce sont là des actions que seule peut
accomplir une personne pensante et agissante.
Peu avant sa mort, Jésus promet à ses disciples
et au monde la venue du Saint-Esprit. Cela fut chose faite à
la Pentecôte. De là, bien des gens concluent que
le Saint-Esprit n'est pas descendu dans le monde avant la Pentecôte.
La théologie kimbanguiste ne connaît que les saintes
Ecritures comme livre de référence. Que disent
les Ecritures à ce sujet?
- Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
Or la terre était vague et vide, les ténèbres
couvraient l'abîme, l'Esprit de Dieu planait sur
les eaux (Genèse 1:1-2).
- La femme mit au monde un fils et elle le nomma Samson.
L'enfant grandit. Yahvé le bénit, et l'Esprit
de Yahvé commença à l'agiter au
camp de Dan, entre Corea et Eshtaol (Juges 13:24-25).
- Aussitôt baptisé, Jésus remonta
de l'eau. Et voici que les cieux s'ouvrirent; il vit
l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir
sur lui (Matthieu 3:16).
- Jésus, rempli de l'Esprit Saint, revint des
bords du Jourdain et fut conduit par l'Esprit à
travers le désert où pendant quarante
jours il fut tenté par le diable (Luc 4:1-2).
- Or il y avait à Jérusalem un homme du
nom de Siméon. Cet homme était juste et
pieux, il attendait la consolation d'Israël et
l'Esprit Saint reposait sur lui. Et il lui avait été
révélé par l'Esprit Saint qu'il
ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du
Seigneur (Luc 2:25-26). |
Les textes sont clairs; point n'est besoin
d'en dire davantage. Avant que le monde ne fût, le Dieu
trinitaire existait. L'Esprit Saint est donc dans le monde bien
avant la Pentecôte. C'est lui qui a inspiré les
Prophètes et c'est par lui que ceux-ci ont prophétisé.
A la Pentecôte, il s'était agi d'une manifestation
nouvelle et solennelle de l'Esprit Saint. Cela était
nécessaire pour redonner courage aux Apôtres, désormais
privés de la présence physique du
Christ. L'Esprit Saint demeure éternellement avec nous,
dans le monde, conformément aux paroles du Christ.
Pour la théologie kimbanguiste,
le Saint-Esprit est une personne effective, pensante et agissante
dans la dimension trinitaire de Dieu. Au Saint-Esprit a été
assignée, entre autres, la mission de guider les serviteurs
de Dieu sur le bon chemin, afin qu'ils consolident leur foi
en lui et qu'ils le servent infailliblement tout au long de
leur vie ici-bas.
Un
salut conditionné |
 |
Dieu a créé l’univers
et les êtres humains. Il a assujetti la nature à
l’homme. Le dessein de Dieu depuis la création
d’Adam et Eve a toujours été de sauver tous
les êtres humains. C’est Dieu qui, de tout temps,
a pris de son gré l’initiative de se révéler
à l’homme pour le sauver finalement. Cet acharnement
de Dieu à vouloir sauver l’homme est la manifestation
tangible de son amour immense envers lui. Après la chute
d’Adam et Eve, Dieu aurait pu en finir avec l’humanité.
Au contraire, il se borna à chasser les deux coupables
du jardin d’Eden ; parce qu’il n’avait pas
écarté la possibilité de leur pardonner,
de les récupérer, de les sauver. Il est à
relever que Dieu, dans sa bonté, va jusqu’à
conclure des alliances, c’est-à-dire des conventions
avec l’homme, sa propre créature. Il le fit avec
Noé après le déluge ; il en conclut une
autre avec les Israélites après la sortie d’Egypte
; enfin il scella une autre alliance avec l’humanité
par le sang de son Fils Jésus-Christ. « Toute convention
entre les parties fait loi entre elles », disent les juristes
; la validité d’une convention est fonction du
degré de respect des clauses de celles-ci par les parties
concernées. Il se trouve, dans les alliances entre homme
et Dieu, que c’est toujours l’homme qui les viole.
Dieu a toujours exigé de l’homme qu’il lui
obéisse et qu’il s’abstienne de faire le
mal. L’homme doit souscrire aux dix commandements tels
que Dieu les édicta au sommet du Mont Sinaï. De
tout temps, Dieu a conditionné l’accomplissement
de ses promesses au respect par l’homme de ses commandements.
« Si vous vous conduisez selon mes lois, si vous gardez
mes commandements et les mettez en pratique, je vous donnerai
en leur saison les pluies qu’il vous faut…Je mettrai
la paix dans le pays et vous dormirez sans que nul ne vous effraie
» (Lévitique 26 : 3-46).
La différence fondamentale entre la nouvelle alliance
en Jésus-Christ et les alliances antérieures que
Dieu et l’homme ont établies réside en ce
que la première a un caractère de salut global
et universel que ne peut limiter ni le temps et encore moins
l’espace. Les alliances anciennes concernaient presque
exclusivement les Israélites, alors que l’alliance
par le sacrifice du Christ profite potentiellement à
l’humanité toute entière. Pour la théologie
kimbanguiste, l’homme n’est sauvé que et
si seulement les trois conditions ci-après sont remplies
: la grâce divine, la foi en Dieu et en son Messie, les
bonnes œuvres. La première condition ne dépend
que de Dieu et sur ce fait Dieu n’a pas failli à
ses engagements, car par la mort de son Fils Jésus-Christ,
il a accordé potentiellement la grâce à
l’humanité dans son ensemble. La théologie
kimbanguiste n’admet pas que, par la grâce seule,
l’homme soit sauvé.
Car la grâce n’est que l’une des trois exigences
qui conditionnent le salut. C’est ainsi que, se faisant
l’écho du Christ, Simon Kimbangu affirmait qu’il
est des chrétiens et des chrétiennes qui n’hériteront
pas de la vie éternelle, du fait de n’avoir pas
mis en pratique fidèlement les commandements de Dieu.
Jésus-Christ lui-même n’affirmait-il pas
que ce n’est pas en lui disant Seigneur, Seigneur, qu’on
entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant
la volonté de son Père qui est dans les cieux
? L’apôtre Paul affirme de même que quiconque
vit d’après la chair, c’est-à-dire
qui se rend coupable de fornication, idolâtrie, magie,
haine discorde, jalousie, emportements, disputes, meurtre, ne
saura hériter du royaume de Dieu (Galates 5 : 24).
Par conséquent, la théologie de l’Eglise
kimbanguiste rejette la thèse du salut collectif. Chaque
être humain doit individuellement œuvrer pour son
salut, car le Seigneur reviendra pour rétribuer «
chacun selon son œuvre ». La théologie kimbanguiste
insiste sur l’obligation impérieuse pour le chrétien
et la chrétienne de vivre une vie spirituellement décente,
en tendant toujours vers la sanctification comme le recommande
saint paul. C’est ainsi que le code moral kimbanguiste
impose de strictes obligations aux membres de l’Eglise.
En dépit de son aspect radical, pour ne pas dire intransigeant
sur le problème du salut, la théologie kimbanguiste
ne néglige nullement le fait que l’amour de Dieu
est immense envers le genre humain. N’est-il pas écrit
que « l’Eternel est lent à la colère
mais prompt au pardon » ? Ce que la théologie kimbanguiste
n’accepte pas c’est l’affirmation selon laquelle
cet amour serait illimité. Quelques illustrations le
prouvent à suffisance : l’amour de Dieu envers
les Israélites ne l’avait pourtant pas empêché
de les châtier chaque fois qu’ils péchèrent
; la quasi-totalité de la génération qu’il
fit sortir de l’Egypte périt avant d’avoir
atteint le pays de Canaan. Qui ne se souvient de ce que ces
mêmes Israélites que Dieu délivra de manière
spectaculaire du joug égyptien, il les livra par la suite
comme captifs aux mains d’autres nations ? Que faut-il
conclure de ce qui advint aux habitants de Sodome et Gomorrhe
? Quel fut enfin le sort que Dieu réserva à la
génération perverse qui peuplait la terre au temps
de Noé ? La théologie kimbanguiste met en garde
contre le danger de la surestimation de l’amour de dieu
dont se rendent coupables la plupart des chrétiens.
Le fait, pour la théologie kimbanguiste, de rejeter la
notion de l’amour divin illimité à l’égard
de l’humanité ne signifie nullement que cette théologie
réduise à néant la sollicitude que l’Eternel
a envers le genre humain. L’Eglise kimbanguiste n’a
pas une vision étroite de cet amour. Elle n’a pas
non plus une conception d’un dieu rébarbatif et
vengeur. Si tel était le cas, elle s’expliquerait
difficilement sans doute le fait que le sacrifice du Christ
s’inscrive justement dans le cadre de cet amour. L’Eternel
est plein d’amour pour l’homme, au point qu’il
préfère convenir avec lui des conditions de son
salut, plutôt que de les lui imposer. L’homme croyant,
en particulier le chrétien ou la chrétienne, fait
chaque jour l’expérience de la patience et de l’amour
divins. Si Dieu n’était pas amour et s’il
devait sévir contre l’homme pour le moindre péché,
plus personne ne vivrait. C’est cette longue patience
de Dieu face à l’iniquité de l’homme
qui fait dire à d’aucuns que l’amour de Dieu
est illimité et que même l’Enfer n’existerait
que dans l’imagination des esprits légers.
En fait l’homme a tendance à vouloir délibérément
abuser de cette patience, patience dont saint Paul dit qu’elle
devrait plutôt être mise à profit pour produire
la repentance. Si le salut ne dépendait que de dieu en
toute exclusivité, sans participation de l’homme,
il ne ferait aucun doute alors que l’humanité dans
son ensemble en bénéficierait. Les paroles du
Christ lui-même prouvent clairement qu’il n’en
est pas ainsi.
Pour la théologie kimbanguiste, Jésus, de par
son sacrifice, a créé pour tout être humain
la première des trois conditions du salut, à savoir
la grâce. En d’autres termes, la grâce divine
est une condition nécessaire mais pas suffisante pour
produire le salut. L’homme doit apporter sa contribution
au mécanisme de son propre salut ; il lui suffit pour
cela, la grâce étant déjà pourvue
par Dieu, da faire preuve de foi en la sainte trinité
et puis de mettre en pratique les commandements de Dieu. Le
salut, dans la théologie kimbanguiste, se réduit
à l’équation suivante :
Salut = grâce + foi +
bonnes oeuvres.
C’est précisément parce qu’il est
des hommes dans la sociétés - et ils sont nombreux-
qui refusent d’avoir la foi en Dieu et d’obéir
à ses commandements que la théologie kimbanguiste
rejette l’idée du salut collectif.
Après tout, Christ n’avait jamais dit que c’est
collectivement que la société aura à rendre
des comptes ; c’est chacun selon ses œuvres. La théologie
kimbanguiste fait grand cas de la repentance. Cependant, bien
que le Christ ait recommandé de pardonner aux coupables
plusieurs fois, il n’y a pas lieu ici non plus d’abuser
de la largesse et de la grandeur d’âme de l’Eternel.
Dans la théologie kimbanguiste, la repentance n’a
de sens que dans la mesure où la personne qui la sollicite
adopte un comportement radicalement positif qui marque une rupture
totale avec celui du passé. L’homme pénitent
doit sentir le remords de ses fautes et doit agir par la suite
de façon à ne plus commettre les mêmes erreurs
du passé. En d’autres termes, il doit se rapprocher
davantage du Christ qu’il doit servir avec le maximum
d’efficacité et de bonne foi.
Repentance
et confession |
 |
La conception de la repentance et du pardon,
telle qu’elle est comprise et pratiquée par les
Kimbanguistes, est en totale contradiction avec la pratique
de l’excommunication. En clair, l’Eglise kimbanguiste
ne peut excommunier personne : elle met les coupables de fautes
graves sous « état de discipline ». L’état
de discipline consiste à interdire à celui ou
celle qui le subit de prendre part aux sacrements pour une période
dont la durée n’excède généralement
pas six mois, mais qui peut être plus longue (en cas de
violation délibérée des règlements
prescrits en la matière). Au cours de la période
de mise sous discipline, le ou la coupable doit être en
contact avec des pasteurs de sa paroisse pour des sermons spéciaux
qui visent à sa « rééducation morale
et spirituel ».
Le problème de la repentance ne peut être séparé
de celui de la confession. Pour la théologie kimbanguiste,
une totale repentance est celle qui précède la
confession totale et sincère.
Le principe « chacun selon ses œuvres » commande
que chaque personne confesse ses péchés. Bien
qu’il existe la possibilité pour chacun de confesser
ses péchés au pasteur, l’Eglise kimbanguiste
prend mieux en considération la confession que l’individu
fait en présence d’un groupe de personnes. Cette
forme de confession, bien que n’étant pas imposée,
est la plus courante au sein de l’Eglise kimbanguiste.
L’individu confesse ses péchés, s’humilie
devant Dieu et devant ses semblables. Les « témoins
à la confession » ont pour rôle d’intercéder
auprès du seigneur en faveur de la personne confessante
dont ils se sentent solidaires. Il est plus facile de commettre
un péché que de le confesser, en particulier lorsque
cela doit se faire en présence de gens. Mais si l’on
est persuadé que rien de ce se fait en cachette n’échappe
à Dieu, la présence de témoins au moment
de la confession n’est plus alors motif de honte et de
gêne, mais bien un stimulant.
La
communauté des saints |
 |
« Bon maître, que dois-je faire
pour avoir en partage la vie éternelle ? » Jésus
lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est
bon que Dieu seul (Bible de Jérusalem, Marc 10 : 17).
Ces extraits de la conversation entre le jeune homme riche et
Jésus incitent à une profonde réflexion.
Pourquoi Jésus, qui est Dieu, refuse-t-il d’être
appelé « bon » et affirme qu’il n’y
a de bon que Dieu seul ? Est-ce par modestie ? Nul ne sait.
Pour la théologie kimbanguiste en tout cas, cette conversation
éclaire d’un jour nouveau ce qu’il y a lieu
de comprendre par « saint ». Nul doute que Jésus
refuse de se faire appeler « bon » en partie à
cause du fait qu’au moment où a lieu cette conversation
il est encore homme, il est encore charnel. Bien que Jésus
n’ait cédé en aucune fois aux penchants
et aux sollicitations de la chair, il n’était pas
moins conscient de la difficulté de la lutte que tout
serviteur de Dieu doit livrer contre lui-même afin de
demeurer irrépréhensible devant le seigneur. Nul
doute qu’en tant que Dieu, Jésus était saint
; nulle part cependant le Christ n’a voulu l’affirmer.
Les enseignements que les Kimbanguistes tirent de cette conversation
entre jésus et le jeune homme riche sont que nul être
humain vivant n’est saint. L’homme peut constamment
tendre vers la sainteté, mais sans jamais l’atteindre
tant qu’il demeure dans la chair. Par extension, par communauté
des saints, la théologie kimbanguiste entend ceux et
celles qui ne sont plus et que le Christ a fini par recevoir
dans son céleste royaume, parce qu’ayant été
de leur vivant de fidèles serviteurs de Dieu. La théologie
kimbanguiste n’accepte pas que des chrétiens encore
vivants dans la chair puissent être appelés «
saint ». La communauté des saints, faut-il le rappeler,
est composée de ceux qui ont vaincu Satan et au nombre
desquels il faut compter des serviteurs de renom : Abraham,
Noé, Moïse, Daniel, Ezéchiel, Esaïe,
Jean-Baptiste, les Apôtres et pourquoi pas Simon Kimbangu
et bien d’autres encore, hommes et femmes, jeunes comme
vieux. Jésus-Christ, affirment les saintes Ecritures,
est ce Roi des rois dont la domination est éternelle.
Est-il sensé de s’imaginer un seul instant un roi,
un chef de gouvernement sans Cour, sans entourage ? Par ailleurs
tous les citoyens d’une nation, si bons et si compétents
soient-ils, ne peuvent pas tous faire partie de l’entourage
du roi ou du chef de l’Etat. De même, au sein de
la communauté des saints, on est en droit de penser qu’il
est des personnes qui jouissent du privilège spécial
d’être de la Cour royale du Christ. Le livre de
l’Apocalypse ne nous parle-t-il pas de vieillards qui
se prosternent en permanence devant le trône de la Divine
Majesté ? Les conditions d’appartenance à
la Cour du Christ, dans son céleste royaume, ne relèvent
que de dieu en toute exclusivité. Nous Kimbanguistes
sommes convaincus que Simon Kimbangu fait partie de cet entourage
privilégié du Christ, au même titre que
les Apôtres et bien d’autres serviteurs de Dieu.
La théologie kimbanguiste exploite au maximum les avantages
de l’existence d’un groupe de justes privilégiés
autour du Christ. En effet, bien que le Kimbanguisme, en tant
que chrétien, n’ait pas besoin d’intermédiaires
pour transmettre ses doléances et ses supplications au
christ par la prière, il peut solliciter le concours
spirituel mettons de saint Paul, de saint Pierre et surtout
de Simon Kimbangu pour qu’ils appuient sa cause auprès
du Christ. Ceci n’est pas obligatoire, étant donné
que Christ reçoit directement toute prière. Il
n’en demeure pas moins vrai que les Kimbanguistes recourent
discrétionnairement à cette possibilité.
Ceci est comparable à bien des égards à
la situation d’un enfant qui sollicite le concours, voire
la complicité de sa mère en vue de faire réussir
ses demandes auprès de son propre père. Il n’y
a rien d’anormal et de scandaleux à cela. A la
lumière de ce qui précède, il ressort clairement
que Simon Kimbangu est celui-là même qui appuie
auprès du Christ nos prières, afin que le Seigneur
puisse y donner suite le plus rapidement possible.
Pour nous Kimbanguistes, c’est Simon Kimbangu qui, en
chrétien exemplaire, nous a conduits à la découverte
du Christ. C’est lui qui précisément, à
travers son ministère et son action, nous a donné
la preuve vivante et irréfutable de ce que Christ n’était
le rédempteur exclusif d’aucun peuple, mais plutôt
du genre humain dans son ensemble. Pour la théologie
kimbanguiste, Simon Kimbangu est une sorte de Simon de Cyrène
qui porta la croix du Christ. Simon Kimbangu est celui qui invite
chacun et chacune de nous à porter sa propre croix et
à marcher derrière les pas de Jésus-Christ,
sans défaillance. En définitive, la théologie
kimbanguiste rend en permanence hommage à ces justes
qui, dans le temps et dans l’espace, ont été
de dignes serviteurs de l’Eternel et de son Messie rédempteur.
Ces gens-là n’appartiennent pas qu’au passé.
Ils vivent et ils sont auprès du Christ et intercèdent
constamment en faveur de l’humanité. Ils appuient
l’action du Saint-Esprit en ce qu’il intercède
pour nous auprès de l’Eternel et du Christ.
Le
Royaume des cieux |
 |
A Pilate qui l’interrogeait, christ
répondit : « mon royaume n’est pas de ce
monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs
auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré
aux juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas
» (Jean 18 : 36).
La théologie kimbanguiste n’épouse pas le
point de vue selon lequel l’humanité vivrait déjà
dans le royaume de Dieu, comme l’affirment certaines théologies
chrétiennes. Il est vrai que Christ est venu accomplir
sa mission de racheter l’humanité de ses péchés,
de créer des conditions qui libèrent l’homme
de l’emprise de Satan. Mais pour la théologie kimbanguiste,
le Royaume des Cieux est un Royaume essentiellement céleste.
Seuls ceux et celles qui ont quitté la chair et revêtu
un corps spirituel, après avoir été justifiés
par le christ, font partie du Royaume des Cieux. L’accès
à ce Royaume est sélectif et se fait selon les
critères de grâce, de foi et de mise en pratique
des commandements de Dieu.
En d’autres termes, être sauvé équivaut
à accéder à ce Royaume. Il aura un temps
où le Royaume des cieux descendra sur terre, conformément
à la vision de Jean, mais cela ne se fera qu’à
l’avènement du Christ (Apocalypse 21 :2). Le monde
actuel est gangrené et miné par le péché,
la haine, la violence, l’immoralité, l’injustice,
l’irréligion, la misère, la mort ; il n’y
a rien de tel dans le Royaume des Cieux. A ses disciples, Jésus
n’enseignait-il pas qu’à son avènement
il dira aux justes à sa droite : « Venez, bénis
de mon Père, recevez en héritage le Royaume de
Dieu ? » De même, peu avant sa mort, Jésus
les rassure et leur promet fermement de les recevoir le moment
venu dans son Royaume.
Sacrements |
 |
Les millions de chrétiens et chrétiennes
qui, à travers de vastes régions du monde, ont
reçu l’Evangile des missionnaires venus de l’Occident
luttent encore aujourd’hui avec acharnement pour se libérer
des méfaits de l’arrogance d’un type de théologie
que certains théologiens du milieu nord-atlantique ont
voulu imposer ailleurs. Jusqu’à la fin de l’ère
coloniale, tout s’est passé comme si Dieu ne pouvait
se révéler à l’humanité qu’à
travers les occidentaux. Ces millions de personnes ne veulent
plus êtres des chrétiens à l’image
et à la ressemblance de ces Occidentaux. Une certaine
théologie chrétienne nord-atlantique considère
avec mépris et suspicion, jusqu’à récemment,
tout apport théologique venu d’ailleurs. Cette
théologie a unilatéralement défini des
critères de « baptême valable » et
de
« baptême non valable » !
Baptême |
 |
Sans doute, la pratique baptismale de
l’Eglise kimbanguiste, le baptême par la prière
et l’imposition des mains, trouve son fondement dans la
bible. L’Eglise kimbanguiste pratique ce qu’elle
appelle le baptême par le Saint-Esprit dont parlait Jean-Baptiste,
avant le ministère du Christ. « Moi (Jean-baptiste)
je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance
; mais celui qui vient après moi est plus puissant que
moi et je ne suis pas digne de porter ses souliers, Lui, IL
VOUS BAPTISERA DU SAINT-ESPRIT ET DE FEU » (Matthieu 3
: 11). « Moi, je vous ai baptisé d’eau, Lui,
il vous baptisera du Saint-Esprit » (Marc 1 :8). «
Il (Jean- baptiste) leur dit à tous : moi je vous baptise
d’eau ; mais il vient celui qui est plus puissant que
moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de
ses souliers. Lui, Il vous baptisera du Saint-Esprit et feu
» (Luc 3 :16). « Je ne le connaissais pas, mais
celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là
m’a dit : celui sur qui tu verras l’Esprit descendre
et s’arrête, c’est lui qui baptise du Saint-Esprit.
Et j’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il
est le fils de Dieu » (Jean 1 :33-34).
Celui qui a envoyé Jean-Baptiste pour baptiser les païens
n’est autre que l’Eternel. C’est sous l’inspiration
du Saint-Esprit que Jean-baptiste parle. Le Saint-Esprit communique
à Jean-Baptiste que le Fils de Dieu, le Christ, n’aura
pas besoin de lui, de continuer comme cela se faisait jusque-là
à baptiser par l’eau, car il baptisera par le Saint-Esprit.
Jean-Baptiste doit donc continuer à pratiquer le baptême
d’eau jusqu’à ce que le Christ prenne la
relève, en baptisant non plus par l’eau mais par
le saint-Esprit.
Dieu ne se contredit jamais ; ce qu’il avait prédit
par ses Prophètes, dont Jean-Baptiste, au sujet du Christ,
ne pouvait que se réaliser ; c’est pourquoi le
Christ n’avait baptisé personne tout au long de
son ministère ici-bas, bien que ses Apôtres l’aient
fait. L’Eglise kimbanguiste est convaincue que, depuis,
Dieu en Jésus-Christ a créé des conditions
nouvelles au sujet du baptême. Jésus n’avait
pas baptisé d’eau parce qu’il avait baptisé
du Saint-Esprit. En d’autres termes, pour la théologie
kimbanguiste, Jésus marque à la fois la fin de
l’ancienne pratique du baptême d’eau et l’avènement
de l’ère du baptême du Saint-Esprit. Le fait
pour la théologie kimbanguiste d’être essentiellement
biblique n’empêche pas l’Eglise kimbanguiste
de se demander aujourd’hui si les Apôtres, en pratiquant
le baptême d’eau, ne se faisaient pas plus royalistes
que le roi, si l’on pense que Jésus s’était
abstenu de baptiser par l’eau. Quels enseignements ne
convient-il pas de tirer de la conversation du Centenier Corneille,
et surtout du fait que le Saint-Esprit descend sur des gens
jusque-là non baptisés, au moment où Pierre
s’adresse à eux ? (Actes 10 :44-48). Si Dieu fait
descendre son Saint-Esprit sur quelqu’un, est-il alors
absolument nécessaire de baptiser cette personne par
l’eau ; car rien de ce fait Dieu n’est imparfait.
« De quel baptême avez-vous donc été
baptisés ? Et ils répondirent : du baptême
de Jean. Alors Paul dit : Jean a baptisé du baptême
de repentance, disant au peuple de croire en celui qui venait
après lui, c’est-à-dire en Jésus.
Sur ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur
Jésus. Lorsque Paul LEUR EUT IMPOSE LES MAINS, LE SAINT-ESPRIT
VINT SUR EUX, ET ILS PARLENT EN LANGUES ET PROPHETISAIENT »
(Actes 19 :3-7).
Expliquant plus tard devant les chrétiens de Jérusalem
la descente du Saint-Esprit sur les païens dans la maison
du Centenier Corneille, Pierre dit : « Lorsque je me fus
mis à parler, le Saint-Esprit descendit sur eux comme
sur nous au commencement. Et je me souvins de cette parole du
Seigneur : Jean a baptisé d’eau, mais vous, vous
serez baptisés du Saint-Esprit. Or, puisque Dieu leur
a accordé le même don qu’à nous qui
avons cru au Seigneur Jésus- Christ, pouvais-je, moi,
m’opposé au Seigneur ? »
Pierre est bien sage de se garder de s’opposer au Seigneur
: il se souvient de même que le Seigneur, de son vivant,
avait tout dit sur le baptême du Saint-Esprit. Pour la
théologie kimbanguiste, il n’était pas vraiment
pas nécessaire pour les Apôtres de continuer à
baptiser par l’eau, bien qu’il n’y ait aucun
mal à cela. Les Apôtres avaient sans doute pensé
que cela valait la peine. La théologie kimbanguiste soutient
qu’il est des cas où les Apôtres n’agissaient
pas toujours sous l’inspiration du Saint-Esprit ; il existe
des cas où ils avaient agi comme le commun des mortels
; ils n’étaient après tout des hommes que
le Seigneur avait appelés à son service.
On ne peu pas dire, par exemple, qu’au moment où
Paul et Céphas se querellent (Galates 2 :11-14), ils
sont sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il y a encore
un autre exemple : « Barnabas voulait emmener aussi Jean,
surnommé Marc ; mais Paul jugea plus convenable de ne
prendre avec eux celui qui les avait quittés depuis la
Pamphylie et qui ne les avait point accompagnés dans
leur œuvre. Ce dissentiment fut assez vif pour être
cause qu’ils se séparèrent l’un de
l’autre… » (Actes 15 :37-39).
Si en ce moment précis l’Esprit avait habité
Paul et Barnabas, cette tension qui les obligea à se
séparer l’un de l’autre ne se serait pas
produite. On le voit, Barnabas et Paul se comportent ici comme
le commun des mortels. De même l’Eglise kimbanguiste,
dans laquelle d’illustres femmes, comme Muilu Marie, femme
de Simon Kimbangu, ont joué (et continuent de jouer)
un rôle extrêmement important dans la progression
de la foi en rendant un témoignage considérable
au Seigneur Jésus-Christ, ne peut pas se conformer aux
recommandations de Paul lorsqu’il interdit aux femmes
de prêcher dans les assemblées. L’Eglise
kimbanguiste, qui met la femme sur le même pied d’égalité
que l’homme en ce qui concerne son rôle et son activité,
ne pense pas que cette recommandation de Paul l’ait reçue
du Saint-Esprit. Après tout, les exemples des cas où
Dieu a eu recours aux femmes pour le bien de l’humanité
ne manquent pas dans la bible.
En dépit de tout et contre toute apparence, l’Eglise
kimbanguiste, bien que ne pratiquant pas elle-même le
baptême d’eau, reconnaît pleinement la validité
de cette forme de baptême ; cela pour des raisons fort
simples : Jésus-Christ lui-même fut baptisé
de cette façon, bien qu’en tant que Dieu il n’avait
pas vraiment besoin de l’être. C’est précisément
parce que l’Eglise kimbanguiste reconnaît totalement
la validité du baptême d’eau, pratiqué
dans bien des Eglises chrétiennes, qu’elle refuse
d’administrer un second baptême à ceux ou
celles qui, l’ayant antérieurement reçu
ailleurs, se décident par la suite à adhérer
à elle.
Dans l’Eglise kimbanguiste, les enfants ne sont pas baptisés
avant qu’ils atteignent l’âge de trois mois,
pour qu’ils soient bénis par le pasteur à
l’exemple du Christ qui fut béni par Siméon
(Luc2 :22-38). Bien que ce rite ne soit pas un sacrement en
soi, il n’est pas moins important dans la mesure où
il constitue une étape notable dans le processus en vue
de la pleine appartenance à la communauté chrétienne.
La
communion |
 |
Il faut retenir que l’Eglise kimbanguiste
n’existe que depuis 1959, année au cours de laquelle
le mouvement du même nom, auquel adhèrent des personnes
appartenant à différentes confessions chrétiennes,
se transforme finalement en Eglise sous la pression des événements.
En 1960, c’est-à-dire dès la création
de l’Eglise kimbanguiste, l’on s’est heurté
à la difficulté de célébrer la communion.
Des tendances divergentes se font jour, lorsqu’il est
question de savoir comment et avec quels éléments
le sacrement de la communion doit être célébré.
Les uns et les autres veulent imposer leur conception. La commission
spéciale formée en 1960 pour discuter de la question
doit être dissoute en 1965. La seconde commission après
cinq nouvelles années de prières et de discussions
sous notre direction, formule des propositions que tous acceptent
unanimement.
- Pour le sang du Christ, c’est
le miel dilué qu’il faudra utiliser.
Jean-Baptiste s’en nourrissait bien.
- Quat au corps du Christ, il faudra utiliser un gâteau
à base de pommes de terre, d’œufs,
de farine de maïs et de bananes vertes.
|
Après la prière de bénédiction,
le miel et le gâteau deviennent effectivement SANG et
CORPS DU CHRIST. Communier, pour les kimbanguistes, c’est
bien plus que se souvenir du Christ, c’est réellement
manger et boire le corps et le sang du Seigneur.
Afin de souligner le caractère sacro-saint de la communion,
le sacrement ne sera célébrer que trois fois par
an, à des dates soigneusement choisies par l’Eglise
en raison de leur signification :
- Le 25 décembre, à l’occasion
de la fête de la nativité.
- Le 12 octobre, date anniversaire de la mort de Simon
Kimbangu.
- Le 6 avril, date anniversaire du début du
ministère chrétien de Simon Kimbangu
et à l’occasion de la fête de Pâques
(Simon Kimbangu mourut le 12 octobre 1951 en prison,
après trente ans de détention et de
persécution. Le 6 avril 1921, Simon Kimbangu
commence son ministère de prédication
et de guérison)
|
Entre deux célébrations de
la communion, l’Eglise soumet tous ses membres à
une préparation spirituelle intense : les thèmes
des sermons mettent alors un accent particulier sur ce que cela
signifie de communier avec le Seigneur. Celui ou celle qui a
un différend ou une rancœur envers son prochain
est invité à pardonner. Des veillées spéciales
de prières ainsi que des retraites sont volontairement
organisées en prévision de l’événement.
Sensibilisés, bien des gens se décident à
confesser librement leurs péchés, afin qu’au
moment de la communion, le Seigneur soit accueilli dans une
« maison » où a été fait le
maximum d’ordre possible. La sanctification n’est
pas atteinte, mais tout est fait par chacun afin de tendre inlassablement
vers elle. Il est évident que si la communion devait
être célébrée, mettons, chaque dimanche,
l’Eglise ne disposerait pas suffisamment de temps pour
mener à bien son action de sensibilisation et préparation
spirituelles de ses membres. L’ Église kimbanguiste,
du fait de la tolérance qu’elle manifeste à
l’égard d’autres confessions chrétiennes,
se refuse de porter le moindre jugement sur la manière
dont celles-ci s’y prennent pour célébrer
la sainte cène.
Signification
et implications du baptême et de la communion
|
 |
Le baptême est le sacrement qui fait
appartenir au peuple du Christ : l’on ne devient chrétien
qu’après avoir été baptisé.
Par le baptême, nous obtenons la rémission de nos
péchés par la grâce divine en Jésus-Christ.
Nous recevons le Saint-Esprit par le sacrement du baptême
; de ce fait nous devenons un avec le Christ et avec nos semblables
qui ont été baptisés comme nous par le
même Esprit, quelles que soient les dénominations
chrétiennes auxquelles ils appartiennent. Le baptême
impose à ceux et celles qui l’ont reçu l’obligation
de transcender leurs divisions, leurs différences de
classe ou de race.
Ils doivent désormais se sentir solidaires, dans la joie
comme dans la souffrance, et doivent agir de façon à
faire triompher la justice. Il incombe également aux
baptisés de faire connaître le Christ au reste
du monde et d’annoncer l’arrivée de son Royaume.
En acceptant le baptême, l’individu s’engage
à vivre une vie nouvelle en Jésus-Christ, en luttant
jusqu’à la fin de sa vie contre le péché,
l’injustice, l’exploitation et l’oppression
à l’égard de ses semblables. En un mot,
les baptisés doivent manifester au monde qu’ils
appartiennent désormais à cette nouvelle race
que le Christ a rachetée de l’empire du péché.
En ce qui concerne l’eucharistie, sa signification première
est que le Seigneur Jésus- Christ se rend une fois de
plus humble en venant habiter l’être du communiant
; à la même occasion, il remet au pécheur
ses péchés. C’est l’un des très
rares moments où l’homme atteint presque la sanctification
; car, à l’instant précis où le chrétien
communie, il s’unit au Christ. Par cette union, le pécheur,
contrit, dont les péchés sont remis, profite de
la sainteté du Christ qui est présent.
A l’occasion du baptême, Christ accorde au pécheur
la rémission de ses péchés. Mais par la
suite l’homme, qui est loin d’être saint,
se remet à pécher et christ lui accorde une occasion
sublime de se purifier, par la confession d’abord, mais
surtout par la communion.
En dehors de ces quelques aspects particuliers, les implications
que la sainte cène impose au croyant sont en grandes
lignes identiques à celles du baptême. Cependant,
le fait que Christ donne à l’homme l’occasion
de se sanctifier en communiant ne doit pas pousser ce dernier
à abuser de ce sacrement en le prenant indignement. C’est
ainsi que, dans l’Eglise kimbanguiste, il est mis un accent
particulier sur la période de préparation spirituelle
qui précède la communion. Par égard pour
le Seigneur qui s’est sacrifier pour racheter l’humanité,
l’homme est sensibilisé à l’événement
afin qu’il s’apprête à recevoir dignement
le Christ dans son être tout entier, corps et âme.
En dépit de l’absence de contrainte, c’est
en grand nombre que ceux qui se reprochent quelque méfait
dans leur conscience confessent leurs péchés,
se réconcilient, pardonnent.
« C’est pourquoi, quiconque mange le pain ou boit
la coupe du Seigneur indignement aura à répondre
du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve
soi-même et qu’il mange alors de ce pain et boive
de cette coupe, car celui qui mange et boit, mange et boit sa
propre condamnation s’il n’y discerne le corps du
Seigneur » (Bible de Jérusalem, I Corinthiens 11
:27-29).
Ordination |
 |
L’ordination est le sacrement par
lequel l’Eglise élève quelques uns de ses
membres, au nom du Christ, à la dignité de ministres
du Culte, de diacres ou diaconesses. Dans l’Eglise kimbanguiste,
les ministres du culte (pasteurs) sont consacrés au nom
du Christ par le Chef spirituel ou par tout autre pasteur spécialement
mandaté par lui. L’ordination a lieu au cours d’une
cérémonie publique et solennelle.
Le rite essentiel est la prière spéciale et l’imposition
des mains. Par cela on demande à Christ de procéder
lui-même à l’ordination et de guider le ou
les nouveaux pasteurs dans leur ministère afin que ceux-ci
prennent toujours, à tout instant, des décisions
conformes à la volonté divine par la puissance
du Saint-Esprit. Il va de soi que seule une personne déjà
ordonnée peut procéder à l’ordination.
L’on sait la portée du sacrement de l’ordination
par le fait que seules les pasteurs sont habilités à
administrer les sacrements : baptême, communion, mariage,
ordination. Ils procèdent aussi à certains rites
importants qui n’ont pas valeur de sacrement : bénédiction
des enfants et inhumation.
Rôle
du ministre du culte (pasteur) |
 |
Il est à la fois guide et serviteur
de la communion : en ce sens c’est le continuateur de
la mission que Jésus confia aux Apôtres. Par la
prière et l’enseignement de la Parole de Dieu,
il met la communauté en rapport avec le Seigneur. Il
est le conseiller et l’animateur spirituel de la communauté.
Il contribue à la solution des problèmes moraux,
spirituels, voire sociaux auxquels sont confrontés les
individus et la communauté. Il donne les sacrements.
Condition
pour l’ordination |
 |
Dans les premières années
de son existence, l’Eglise kimbanguiste a ordonné
comme pasteurs des personnes qui n’avaient pas toutes
fait des études poussées en théologie.
De nos jours, deux conditions essentielles sont exigées
de quiconque voudrait exercer les fonctions de ministre de culte.
Il est requis de l’ordinand qu’il ait fait des études
de théologie. Il doit aussi posséder une solide
expérience chrétienne et avoir en lui la vocation
de servir le Seigneur et l’Eglise, comme pasteur, diacre
ou diaconesse. Aux ordinands, l’Eglise fait clairement
comprendre qu’ils ne doivent pas se considérer
comme une élite sociale ou spirituelle; l’Esprit,
en effet, peut utiliser qui il veut pour se manifester. C’est
à cause de ces considérations que le pasteur n’a
pas le monopole de l’action évangélique:
c’est une responsabilité de chaque membre du
« peuple de Dieu ». Consciente du fait que, malgré
tout, le pasteur n’est qu’un être humain qui
n’est pas à l’abri des faiblesses et des
erreurs, la communauté prie constamment pour lui. L’ordinand
doit être une personne « capable de vivre dans la
communauté en harmonie avec ses semblables ». L’ordinand
doit remplir les conditions exigées de tout chrétien
exemplaire. L’ordination se fait sans paiement quoi que
ce soit. Le chrétien ne peut être ordonné
s’il se trouve en état de mise sous discipline.
Mariage |
 |
Le sacrement de mariage est celui par lequel
l’homme et la femme sont unis devant Dieu et les hommes
par l’Eglise. Cet important sacrement fut institué
par Dieu lui-même, dès la création. «
Dieu créa l’homme à son image, à
l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les
créa. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds,
multipliez, remplissez la terre et soumettez-la… »
(Genèse 1 :27-28).
La présence du Christ aux noces de Cana, tout comme l’enseignement
qu’il donne sur la mariage, témoignent de l’importance
de ce sacrement. Cet enseignement, de nombreux textes du Nouveau
Testament s’en font l’écho. « Ainsi
donc l’homme quittera son père et sa mère
pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront
qu’une seule chair » (Matthieu 19 :5).
Conditions
requises (pour administrer
le sacrement du mariage) |
 |
L’Eglise kimbanguiste exige un certain
nombre de conditions avant d’administrer ce sacrement.
Il faut d’abord que le fiancé et la fiancée
soient des chrétiens, et qu’au moment du mariage,
ils ne se trouvent pas sous état de « mise sous
discipline » (la mise en « état de discipline
» ou de « pénitence » consiste en ce
qu’un chrétien ou une chrétienne se voit
interdire sa participation à la communion pour une certaine
période déterminée du fait d’avoir
commis une faute grave). Généralement, le Conseil
paroissial en arrive à prendre cette décision
en cas de flagrant délit (adultère, fornication,
meurtre, vol, violence), mais aussi lorsqu’il y a cas
de récidive pour les mêmes fautes à la suite
de confessions répétées et faites en privé
devant un pasteur. Il est un fait que la confession faite devant
témoin ne conduit pas à la mise en état
de pénitence, pour la simple raison qu’on se garde
de revenir sur les mêmes fautes, après avoir confessé
dans des conditions si particulières. Si un catéchiste,
un diacre ou un pasteur est mis en état de discipline,
il cesse d’exercer ses fonctions ecclésiastiques
jusqu’à ce qu’il soit réadmis dans
l’Eglise. Le sacrement doit être administré
par un pasteur et nécessairement devant la congrégation.
Le mariage secret n’étant jamais pratiqué
dans l’Eglise kimbanguiste, la congrégation doit
être informée bien à l’avance de la
décision prise librement par les fiancés de se
marier. Le seul consentement des parents ne suffit pas
Dans la pratique, le mariage religieux n’est célébré
qu’après le mariage dit coutumier. Avant le mariage
religieux, les conjoints ne peuvent ni cohabiter ni avoir des
rapports sexuels. L’Eglise kimbanguiste ne reconnaît
que le mariage monogamique, du fait qu’aucun polygame
ne peut être admis en son sein. Les époux sont
requis de s’aimer mutuellement et de rester unis pour
la vie. S’étant jurés fidélité
l’un envers l’autre, les époux doivent s’abstenir
pour la vie de l’adultère. En principe, les kimbanguistes
ne peuvent divorcer. Cependant, dans la pratique, on enregistre
des cas de rupture de mariage de facto, lorsqu’il y a
eu adultère, tentative de meurtre, d’empoisonnement.
Et cela n’intervient qu’après l’échec
de longues tentatives de médiation de l’Eglise.
En fait, l’Eglise ne prononce jamais la rupture du mariage;
elle se borne à constater que telles personnes ne vivent
plus comme mari et femme. A la mort du conjoint, l’autre
partenaire peut se remarier religieusement. Le mariage des conjoints
appartenant à des confessions chrétiennes différentes
se pratique dans l’Eglise kimbanguiste. Il appartient
alors aux conjoints de vivre les conséquences de leur
décision. L’Eglise offre son assistance morale
et spirituelle en cas de difficultés.
Contre
la polygamie |
 |
Toute union matrimoniale non monogamique
avilit et aliène ceux qui la contractent. La polygamie
porte atteinte à la dignité de la femme ; elle
est source de tentions insupportables et de difficultés
sociales énormes. Le fait pour Dieu d’avoir donné
à Adam une seule épouse, Eve, est une indication
des intentions divines sur le mariage.
Dieu n’a donc ni favorisé, encore moins institué
toutes formes de mariage non monogamique. Il est aussi un fait
que, dans toute société, les polygames ne constituent
qu’une poignée de personnes.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|