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Documents,
Analyses, Récits, Poèmes, ...
LA DEPORTATION
En remontant les marches du temps, force est tenue de constater
hélas, qu’une page importante de l’histoire
du Kimbanguisme n’a que très peu été
feuilletée : celle de la DEPORTATION ! La déportation
massive, du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est,
des relégués kimbanguistes du Congo-Brazzaville,
du Congo-Kinshasa, et du Congo-Angola, couvrant la période
s’étalant de 1921 à 1959.
La répression coloniale qui exila de leur territoire
respectif les 37 000 familles composées d’hommes,
de femmes et d’enfants, s’apparentait, à
ne pas s’y méprendre, à l’ère
esclavagiste. Traînés de force vers des terres
d’éloignement qui se substituèrent aux camps
de concentration, comme au temps des grandes guerres, ils se
soumirent.
Les relégués, appelés « nkole »
en langue kikongo, partirent sans contestation avec, pour tout
bagage, de maigres baluchons où étaient soigneusement
nouée leur indéfectible croyance en des valeurs
spirituelles reçues de Simon KIMBANGU, le libérateur
des opprimés. Ils ne renièrent pas leur FOI sous
les coups de cravache, ils ne honnirent pas le nom sacré
de KIMBANGU, sous les milles et une facettes de la torture.
Les gémissements de douleur mouillés de larmes
furent une longue complainte qu’ils crurent que nul n’entendît,
alors que l’œil de Dieu était rivé
sur eux, suivant toutes les étapes de leurs pas chancelants
qui raclaient lourdement la route de leur exil.
Par la prière, ils cultivèrent l’intimité
de leur relation avec Papa Simon KIMBANGU ; ils honorèrent
leur amour pour LUI en devenant les sacrifiés qui marquèrent
de leur sang et de leur vie, le long périple de leur
martyr.
Le but poursuivi par les colonisateurs était loin d’être
humanitaire ; le plan diabolique qu’ils avaient ourdi
portait un nom lugubre : GENOCIDE !! Ils avaient projeté
d’exterminer de la surface de la terre tous ceux qui avaient
osé se rebeller contre leur autorité missionnaire
et qui avaient donc opté de servir KIMBANGU, le rejeton
noir. Ils s’étaient arrogés le pouvoir d’exécutions
massives arbitraires ou sommaires, en vue de punir abominablement
toute appartenance spirituelle au mouvement kimbanguiste d’alors.
Ainsi, plusieurs milliers de personnes périrent tout
au long de cette captivité. Seule, une minorité
survécu aux terrifiants massacres : 2000 personnes seulement
sur les 37 000 déportés, selon les statistiques.
De ces rescapés du couloir de la mort, certains ne sont
plus de ce monde, hélas ! Mais les « nkole »
qui sont encore en vie représentent la figure emblématique
de ces fidèles kimbanguistes qui avaient su comprendre
la grandeur, la majesté et la sainteté de la Personne
de Simon KIMBANGU, en subissant l’exil en son Nom. Le
constat aujourd’hui a goût de fiel. Les «
nkole » sont les oubliés de la relégation
car aucune investigation profonde, aucune tentative d’approche
concrète vers eux n’a été réalisée,
ou alors elle a été faite très succinctement.
Et c’est une lamentable erreur, un manque d’intérêt
impardonnable que de n’avoir pas songé à
rédiger les mémoires de ces monuments de l’Eglise,
de l’histoire kimbanguiste , qui portent sur leurs frêles
épaules affaiblies par l’âge, la charge du
très lourd passé de leur déportation, de
leurs sordides années de servitude. Nombreux s’en
sont allés sans avoir eu l’opportunité d’ouvrir
à la génération actuelle, la porte de leurs
tristes souvenirs, de leurs émotions négatives
longtemps réprimées. Est-il trop tard pour rattraper
le temps ? Les théologiens, les historiens, les écrivains,
la Preski, l’audiovisuel, et émission ya bazoba
(pourquoi pas), peuvent réparer cette grave omission
et aller à la rencontre des « nkole » des
trois CONGO afin de leur rendre justice en les écoutant
très attentivement ; en leur donnant enfin l’occasion
de laisser s’écouler de leur cœur les remous
de leur vécu.
Parallèlement, certains de leurs enfants, communément
appelés « bala ba nkole » et qui avaient
également subi cette déportation, sont des témoins
oculaires importants qui auraient sans nul doute des secrets
à dévoiler, un refoulement de souvenirs atroces
à exhumer du long silence de la désolation. Cela
leur procurera le sentiment de la réparation d’une
effroyable injustice. L’apaisement prendra peu à
peu place dans leur cœur, lorsqu’ils se remémoreront
les différents chemins de calvaire longés par
leurs pères.
La véritable histoire de la relégation est à
réécrire. Le peu que nous en savons manque de
fond, de détails plus précis car ce ne sont que
des bribes d’informations glanées par ci, par là.
C’est sûr et certain que durant toute la période
de leur servitude miséreuse dans les multiples camps
de concentration, ils ont vu, entendu et vécu des faits
relevant de la manifestation divine, preuve que l’Esprit
Saint, Papa Simon KIMBANGU, était constamment avec eux
pour leur insuffler un peu plus chaque jour, un regain d’espoir
et de courage. Existent-ils des documents beaucoup plus révélateurs
se rapportant à cette époque bien définie
?
Et à propos de ces camps de détention de la relégation,
nous lisons dans les écrits déjà existants
que plus de 80 lieux de détention pénitentiaire
avaient été dénombrés. Cette estimation
concerne-t-elle la République Démocratique du
Congo uniquement ? Dans l’affirmative, a-t-on alors poussé
d’autres investigations pour chiffrer le nombre de camps
de la République du Congo et de la République
d’Angola ? Il serait intéressant d’en savoir
un peu plus.
D’ores et déjà, nous pouvons considérer
aujourd’hui qu’avec la construction colossale du
magnifique et majestueux Temple de Nkamba, un juste et vibrant
hommage a été rendu aux relégués,
par le fait que ledit temple compte en son sein 37 000 places
assises, chiffre faisant référence aux 37 000
familles déportées. Par ce symbole significatif,
Papa Simon KIMBANGU avait scellé son alliance avec les
relégués. C’est là le privilège
le plus honorifique, le plus élevé qui leur avait
été accordé.
Leur sacrifice n’aura pas été vain et leur
souvenir restera immuable à travers les siècles
car toujours, il sera fait mention de leur déportation.
Gisèle Helène BOUKOUAFKIParoisse de Rennes
Rennes, France, 16 nov. 2006
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