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HISTOIRE DES CANTIQUES KIMBANGUISTES
La suite harmonieuse de mots, de phrases s’élevant
en une sonorité agréable à l’oreille,
donne naissance à la mélodie, au chant ou au
cantique, selon le style et les thèmes sur lesquels
l’on se base. Ces sons qui charment bien à propos
l’écoute, peuvent emplir de joie ou de tristesse.
Pour la petite histoire, sachez qu’en 1517, une violente
dispute éclata entre les catholiques, concernant l’enseignement
de leur doctrine. Parmi eux, un moine allemand, qui s’appelait
Martin LUTHER et qui était des leurs pourtant, s’opposa
à l’Eglise catholique romaine et protesta énergiquement
contre leur logique. Cette constatation qui est considérée
comme le début de la Réforme marqua le début
du protestantisme dans lequel Martin LUTHER accorda une place
importante à la musique. Sa passion et sa fascination
pour la musique furent telles qu’elles lui permirent
d’introduire des cantiques, textes et mélodies
qui occupèrent une place prépondérante
dans la liturgie de l’église réformée.
L’autre récit est celui des esclaves noirs africains
déportés vers les Amériques, au quatorzième
siècle qui, pour adoucir et rythmer de longs et pénibles
travaux imposées par des maîtres blancs dans
les plantations, entonnaient des chants en un crescendo de
voix cristallines et gutturales. A l’origine, ces chants
provenaient exclusivement des répertoires africains
puis, avec l’évangélisation des esclaves,
ils s’inspirèrent des textes bibliques qu’ils
transformèrent en louanges de piété.
Pendant longtemps, chanter restera l’un des moyens privilégiés
qu’utiliseront les esclaves pour communiquer avec Dieu
qu’ils imploraient afin qu’Il les assiste dans
les souffrances féroces qui leur étaient infligés
en terres inconnues et qui étaient devenues leur lot.
Par la suite, les Européens furent saisis par la profondeur
poignante des mélodies entonnées par les esclaves.
Ils les trouvèrent magnifiques, ces chants spirituels
noirs. C’est ainsi que naquit le Negro Spiritual.
Si nous avons dépeint ces deux tableaux comparatifs,
c’est pour mieux dissocier, mieux souligner la ligne
de démarcation qui différencie et distance d’une
bonne longueur, la manière et le style des cantiques
kimbanguistes qui sont complètement à l’opposé
des procédés généralement employés
pour solfier.
Lorsque Simon KIMBANGU débuta son ministère
en 1921, il n’y avait pas encore de cantiques proprement
dits kimbanguistes. Pour combler cette lacune, il dépêcha
deux émissaires à Ngombe-Lutete pour aller acheter
un recueil de chants protestants auprès des missionnaires.
Mais ceux-ci refusèrent catégoriquement de les
recevoir, et ne leur vendirent donc pas de recueil. Au contraire,
ils les raillèrent en ces termes : « Mais pourquoi
Simon KIMBANGU lui, a-t-il besoin de notre recueil de chants
? Il a eu la force de fonder une Eglise qui n’est pas
pourvue de cantiques ? Allez donc lui dire de se procurer
ses propres chansons ! »
Pendant que toute cette scène dénigrante se
déroulait à Ngombe-Lutete, Papa Simon KIMBANGU,
dans sa nature multidimensionnelle, suivait depuis Nkamba-Jérusalem
où il était resté, le défilement
de ces images à caractère hostile. Il en fit
part aux disciples et très abattu, il se retira pour
prier. Le Seigneur Jésus lui apparut alors et lui parla
comme suit : « Kimbangu, Kimbangu ! Pourquoi cet effondrement
? Pour l’Eglise que tu as acceptée de fonder
en mon Nom, vous aurez désormais vos propres cantiques
».
Les choses ne traînèrent pas en longueur et
le tout premier chant, « A makesa ma ndungidi »,
fut capté par la grâce du Saint Esprit, le mercredi
18 Mai 1921 par papa Jean MUKOKO. Par la suite, de 1921 à
1937 d’autres inspirés, hommes et femmes reçurent
le même don ; nous n’oublions pas de mentionner
que Papa Simon KIMBANGU lui-même fut l’auteur
de deux chansons :
- 10 Septembre 1921 à Mbanza-Nsanda : « O Nzambi
wu nzengi’ankanu »
- 1922 à Lubumbashi : « Minkuikizi lutoma wa
Ceux dont les noms figurèrent dans la liste des premiers
inspirés de cette période-là, furent notamment
:
- 1) Jean MUKOKO : huit chansons, dont entre autre,
« A makesa ma ndungidi », « O kunga
mia mbazi nu bonga »
- 2) Simon KIMBANGU : deux chansons suscitées
- 3) Dragon MAVUNZA : un chant, « A kundi mu
kiese be kuizilang’owa
- 4) Emile ZOLA : deux chants
- 5) André MBAKI : quatre chants dont «
A Kwame nuiz’owa »
- 6) Philémon MVUBU : quatre chants
- 7) Mikala MANDOMBE : un chant, « O Yesu wu
ntiama nza »
- 8) David NSIAMA : huit chants
- 9) Thomas NZOAMFUNDU : quatre chants
- 10) Daniel DIANSAMBU : deux chants
- 11) Samuel DIAKANUA : un chant, « Lutale mbandu’eto
»
- 12) Bruno MBATA : un chant
- 13) Céline NTOMBO : quatre chants
- 14) Bernard DIABUANA : un chant
- 15) Paul LUSEKA : un chant
- 16) André MASAMBA : trois chants
- 17) Samuel MALONGA : un chant
- 18) Simon NSUMBU : quatre chants
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Il a déjà été précisé
dans d’autres textes, que les kimbanguistes ne composent
pas leurs cantiques religieux, mais qu ils les captent spirituellement,
il y a une nette nuance et il importe de la saisir. Les privilégiés
qui sont dotés de ce fabuleux don, sont inspirés
et investis de l’Esprit Saint, de différentes manières
dont nous définissons quelques aspects ci-après
:
- Transmission par transe en entendant ou en voyant des anges,
une chorale ou une personne chanter
- Transcription directe (comme téléguidée
parfois) du ou des chants par écoute des mélodies
sans pour autant percevoir une vision particulière
- En rêve, en entendant ou en voyant ceux qui chantent
- En entonnant spontanément une chanson dont on n’a
jamais entendu l’air auparavant, etc…
Les inspirés kimbanguistes possèdent aussi
la merveilleuse faculté de capter des cantiques dans
des langues qui leur sont totalement étrangères
et qu’ils ne parlent même pas dans leur vie courante.
Ils assimilent aisément et stockent tous les styles
de chansons tout en retenant les différentes consonances,
car les chorales kimbanguistes sont composées de quatre
voix principales appelées : soprano, alto, ténor
et basse.
Voilà le cycle d’émanation des cantiques
kimbanguistes dont la finesse et le charme envoûtant
ne sont plus à contester.
Hélène
Gisèle
BOUKOUPreskiParoisse de Rennes
Rennes, France, 10 Septembre 2007
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