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TOUT KIMBANGUISTE DOIT RESPECTER SCRUPULEUSEMENT
LE JOUR DU SEIGNEUR
Lorsque Papa DIANGIENDA KUNTIMA [1]
disait que « Koloba na kosala eza makambo
mibale »[2],
il savait par expérience que l’homme a toujours
du mal à suivre à la lettre les prescriptions
de la loi ou de la morale. On aura beau user de tous les moyens
possibles pour publier à grande échelle les
articles de loi ou les principes moraux, le respect qui est
leur est dû n’atteindra jamais le taux maximal
de cent pour cent. Malgré que « nul
n’est censé ignorer la loi »
et que « nul n’est au-dessus de la
loi », rien n’y fait parce que chacun
n’en fait évidemment qu’à sa tête.
Cependant, les croyants en général et les kimbanguistes
en particulier sortent du lot et font bande à part,
en s’efforçant d’appliquer chaque jour
cette parole de l’Eternel : « …
l’obéissance mieux vaut que les sacrifices, et
la soumission vaut mieux que la graisse de béliers
» [1 Samuel 5:
22].
« Le dimanche 4 janvier 1959, une réunion
de l’A.BA.KO est interdite au dernier moment à
Léopoldville. Elle se transforme en manifestation,
que la police charge violemment. En quelques heures, une émeute
embrase la ville, les policiers protégeant les quartiers
européens. Pendant deux jours, les voitures sont incendiées,
des centres sociaux et des missions saccagés, des boutiques
portugaises pillées. Le calme revenu, on compte officiellement
quarante-neuf morts et officieusement deux cents, tous africains.
Quarante-neuf européens sont parmi les centaines de
blessés. Les leaders de l’A.BA.KO sont arrêtés
»[3].
A cette période cruciale de l’avènement
des indépendances africaines annoncées par Papa
Simon KIMBANGU dès 1921, le Kimbanguisme (mouvement
religieux) et l’A.BA.KO (association politico-culturelle)
étaient l’un et l’autre très bien
implantés à Léopoldville et dans le Bas-Congo.
Bien qu’il n’y ait rien eu en commun entre eux,
on soupçonna à tort les kimbanguistes d’être
de mèche avec les « Abakistes »[4].
Papa DIANGIENDA KUNTIMA mit au défi les autorités
belges de ratisser les prisons de fond en comble et d’y
retrouver, ne fut-ce qu' un seul kimbanguiste arrêté
en flagrant délit. Mais aucune preuve contraire ne
lui fut apportée. C’était la légendaire
époque de « bolingo ya 56 »[5]
où les kimbanguistes avaient en eux une véritable
crainte de Dieu. Qu’en est-il
aujourd’hui ?
Pour répondre à
cette question, nous avons essayé de focaliser notre
vive attention sur le cas concret du respect scrupuleux, que
doit avoir chaque kimbanguiste, pour le jour du Seigneur.
Que l’on soit chrétien ou pas, on est censé
savoir que le principe du repos dominical relève de
l’autorité d’en haut, c’est-à-dire
du tout puissant. Il s’agit là d’un décret
éternel, immuable et obligatoire pour tout être
humain créé par lui à son image et à
sa ressemblance. Ayant achevé son travail de création
du monde et de l’homme entre le premier et le sixième
jour, le bon Dieu s’accorda un repos bien mérité
le septième jour qu’il sanctifia par la même
occasion [Genèse 2: 2 à 3]. Adam, Eve, Noé,
Abraham, Sarah, Isaac, Rébecca, Esaü, Jacob…
se reposaient-ils réellement les dimanches ? La bible
ne nous dit rien là-dessus. Il a donc fallu attendre
que Moïse aille recevoir les dix commandements de Dieu,
du haut de la montagne du Sinaï, pour que les choses
s’éclaircissent davantage [Exode 20: 8 à
11 et Deutéronome 5: 1 à 15].
Dès leur sortie d’Egypte, les Israélites
avaient entamé leur exode avec beaucoup d’euphorie,
ce qui leur fit oublier pendant quelques temps toutes les
souffrances endurées quatre siècles durant.
Aussitôt étaient-ils dans le désert, loin
de la face du Pharaon, que leur enthousiasme fondit comme
du beurre au soleil et leurs pensées retournèrent
en Egypte. Leur principal grief fut alimentaire. Moïse
le transmit à l’Eternel qui promit de faire pleuvoir
du pain. [Exode 16: 4]. Ce sera la fameuse manne que chacun
devait recueillir, jour après jour, tous les matins
sauf le sabbat. Car l’Eternel avait bien précisé
que : « Pendant six jours vous en recueillerez; mais
le septième jour c’est le sabbat, il n’y
en aura pas… quelques uns du peuple sortirent pour en
recueillir, mais ils n’en trouvèrent pas …
et le peuple respecta le septième jour ».
[ Exode 16: 26 à 28].
Plus tard, un homme parmi les Israélites viola le sabbat
en allant ramasser du bois. On l’amena précipitamment
auprès de Moïse afin qu’il examine son cas.
Devant le fait accompli, il apparut qu’il n’y
avait pas de sanction adéquate prévue pour cette
violation spécifique. Sur le champ, on exposa l’insolite
situation à l’Eternel qui en édicta expressément
une: la mort par lapidation hors du camp. [Nombres 15: 32
à 36]. Depuis, elle fit jurisprudence chaque fois que
l’on violait consciemment le sabbat au sein de la communauté
israélite. Comme le dit si bien le proverbe «
mieux vaut prévenir que guérir », on prit
l’habitude de rappeler constamment le caractère
sacré du sabbat, jour de repos par excellence et de
la sainte convocation du peuple de Dieu. Tout le monde s’en
allait de son plein gré dans le temple pour prier,
glorifier et louer l’Eternel. Ce qui correspond aujourd’hui
aux cultes dominicaux qui ont lieu un peu partout dans les
églises à travers le monde. C’est une
vieille tradition qui ne date pas de la toute dernière
saison.
A l’époque de Néhémie, bien avant
la naissance de notre Seigneur Jésus Christ, il était
strictement interdit aux enfants d’Israël d’acheter
quoique ce soit le jour du sabbat. (Néhémie
10: 32]. A Jérusalem, vendeurs et acheteurs encombraient
fréquemment les abords du temple. Néhémie
fut très indigné par cet affairisme sabbatique.
Etant donné que ni reproches, ni avertissements ne
dissuadèrent les uns et les autres, il ordonna finalement
de fermer dès la veille les portes des murailles entourant
le temple. Ainsi donc, durant le sabbat, aucun vendeur ne
pouvait y entrer pour proposer sa marchandise à ceux
qui venaient glorifier avec joie l’Eternel des armées.
L’ecclésiaste avait bien raison de dire qu’il
n’y a rien de nouveau sous le soleil. En effet, cet
esprit mercantile du dimanche que déplorait jadis Néhémie
a tendance à ressurgir dans certaines paroisses kimbanguistes.
Quelques fidèles, obsédés par l’appât
du gain, viennent les dimanches à l’église
avec des produits manufacturés qu’ils vendent
espèces sonnantes ou à crédit, en plein
culte (notamment pendant la partie sociale) ou plutôt
à la fin de celle-ci. Les tenants de ce marché
informel prétendent que faire crédit n’à
rien avoir avec la vente en numéraire (espèces).
Il s’agit là d’une contrevérité.
En principe, en matière de vente, lorsqu’il y
a accord sur la qualité essentielle de la chose et
sur le prix à payer entre le vendeur et l’acheteur,
on considère que la transaction est conclue. Si cela
nécessite un contrat en bonne et due forme, alors à
ce moment-là l’entente des deux parties est consignée
sur papier puis paraphée. Dans le cas contraire, l’accord
verbal suffit et la remise de l’objet de la transaction
tient lieu d’acte de vente.
Que tout kimbanguiste sache, qu’il emprunte ou achète
le dimanche « dans la maison de Dieu », cela équivaut
à une violation flagrante des dix commandements de
Dieu. [Jérémie 17: 21 à 22]. Sur cet
aspect de la loi, le principe même de cette interdiction
ne prête pas à confusion: aucun achat ni vente
n’est autorisé. Il n’y a pas non plus d’exception
sur les produits estampillés « E.J.C.S.K »[6],
comportant ou pas l’effigie de la famille sainte [7]
ou le logo vert et blanc utilisé dans la stratégie
d’évangélisation de l’église.
Il serait plutôt logique de créer un vrai label
kimbanguiste de référence et des points de vente
adaptés pour ce type de produits, afin de traiter une
bonne fois le mal par la racine.
Un fait capital et inédit à signaler: l’église
kimbanguiste est l’unique église au monde qui
a inséré dans sa liturgie la lecture obligatoire
du décalogue (dix commandements de Dieu) avant chaque
prédication. Normalement, tout kimbanguiste sévère
avec lui-même sait que le jour du Seigneur doit être
respecté et nul n’est besoin qu’on le lui
rappelle. Mais à cause de la mauvaise volonté
de l’homme, l’église est fréquemment
contrainte de lui rafraîchir la mémoire sur ses
droits et ses devoirs, ses privilèges et ses obligations
devant Dieu. On exhorte ainsi le kimbanguiste à lire
et à observer le décalogue, l’objectif
final étant de le conscientiser et de le responsabiliser
vis-à-vis du péché.
Papa DIANGIENDA KUNTIMA a eu plusieurs fois l’opportunité
de mettre les kimbanguistes en garde contre le péché
concernant la sacralité du dimanche. Grand pédagogue,
il savait trouver les mots justes pour faire passer le message.
Dans son exhortation du 13 février 1987, il parla
du respect dû au jour du Seigneur en faisant une nette
distinction entre la règle générale et
les quelques possibles exceptions: «… Na mokolo
mu’eyenga tokoki kosomba eloko te. Exception ezali.
Yang’oyo: mokolo mua poso nionso tout ovuandi na yo.
Okomona na 2 heures du matin, baye kobeta porte: …moninga
na yo asi akufi… Na 2 heures du matin ya mokolo mua
poso tokomi déjà na mokolo mu’eyenga.
Tango wana okoki kosumba… puete okoki kotika ndeko na
yo akende bolumbu te. Mais tokomonaka mawa: soki ndaku’a
Nzambe esili topusani kuna na porte, batu babandi kosomba.
E Satana mpe azalaka mayele, akotinda batu bakende kaka na
porte wana, bango bakosombaka te. Kasi okende kutana ba tata,
okende kutana ba mama, surtout ba mama ndumba… mawa.
Biso tosombaka na mokolo mu’eyenga te, ezali mobeko
na biso. Tokotala bato mosusu te… Kasi lelo ezali mokolo
mu’eyenga, lobi ozalaki au lieu okende kosomba mfumbua
na yo, lobi kaka na mokolo mu’eyenga. Wana nde obebisi.
Ah ! Nazalaki na posa ya coca, nakende kosumba mokolo mu’eyenga:
te. Ezali mobeko… Bato mosusu bakoteya bino wana ezali
mobeko kaka ba Papa bato basali yango, kende kosomba na yo
yakobombama… Soki mpe moyen ezali, ozui mua tango na
yo esika na yo moko, okoki pe komela kasi kolangua te. Yo
mpe motambolisi mutu ozali koloba boye ». [8].
Dans ce message de Papa DIANGIENDA KUNTIMA, il y a un petit
détail important à ne pas passer sous silence:
la durée de la journée du dimanche. Comme n’importe
jour de la semaine, il ne dépasse pas 24 heures. Les
12 ou 24 coups de minuit font office de frontière temporelle
entre le samedi et le dimanche. Et celui-ci dure jusqu’à
minuit prochain. Désormais, que plus personne ne s’y
trompe. Nécessité fait loi et c’est justement
dans cet esprit-là que notre vénéré
Père donne l’autorisation d’acheter le
dimanche, lorsqu’on se trouve confronté à
une situation exceptionnelle. Illustration avec deux cas concrets
cités par Papa DIANGIENDA KUNTIMA lui-même.
Premier cas. « Tovuandi na ndako 19h, 20h, 22h, 23h,
ekomi 0h. Omona bapaya bayeli yo. Bapaya wana balongue par
exemple na Burundi ou bien n’Angola, ou bien esika mosusu.
Ou bien bato oyo otielaka motema bayeli yo. Kuna na ndako
na yo eloko moko ezali te. Bato wana mingi: banda tolonguaki
kuna nanu tole te. Na minuit, zando okomona yango lisusu wapi
! ...Ya solo ezali lisumu ata muke te, soki lobi na tongo
nazui mua eloko nake kosombela bato wana eloko ya kolia...
Eza lisumu te » [9].
Deuxième cas. ...Tata boye akufi mokolo mu’eyenga
na tongo. Ye azali na dragili te. Yo oza na boutique. Sika
sik’awa tata oyo akufeli mutu: pap’é tala
nanu kuna na ndako na ngai ebembe, nazali na eloko ya ko couvrir
ye te. Oza na ba dragili na kati na ndako na yo: okotekela
ye to okotekela ye te ? Okotekela. Même soki okozua
mbongo te, pardon ! Yakofuta ngai lobi » [10].
Ces nécessités absolues ne peuvent prévaloir
que s’il y a une extrême urgence avérée.
Qu’on ne profite donc pas de cette fenêtre ouverte
sur certaines éventualités pour se permettre
de satisfaire à tort nos caprices et convoitises. La
notion de nécessité n’est pas du tout
une nouveauté. Cette brèche par laquelle Papa
DIANGIENDA KUNTIMA nous permet de passer, en de très
rares circonstances, avait déjà été
ouverte par le Seigneur Jésus Christ. Matthieu nous
en donne sa version des faits: « Il… se rendit
dans leur synagogue. Il s’y trouva un homme qui avait
la main sèche. On demanda à Jésus: est-il
permis de faire une guérison le jour du sabbat ? C’était
afin de l’accuser. Il leur répondit: lequel d’entre
vous, s’il n’a qu’une brebis et qu’elle
tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pas
pour l’en retirer ?… Alors, il dit à l’homme:
étends ta main. Il l’étendit et elle redevint
saine comme l’autre ».
(Matthieu 12: 9 à 13).
Le 10 février 1991, en présence de Papa DIANGIENDA
KUNTIMA, une mama kimbanguiste nommée Mayimona livra
à l’assemblée des fidèles un témoignage
poignant sur ce qu’elle avait vu en songe; après
avoir désacralisé le jour du Seigneur en allant
vendre au marché des plats à emporter. Les faits
réels et authentiques eurent lieu une semaine plus
tôt. En voici le résumé.
Dimanche 03 février 1991. Kimbanguiste dans l’âme,
âgée d’une trentaine d’années,
mama Mayimona exerçait comme traiteur détaillant
dans un marché de Kinshasa. Contrairement à
son habitude, elle n’avait pu se rendre ce jour-là
au culte dominical parce que les plats préparés
la veille devaient impérativement être vendus,
au risque de subir une perte déficitaire pour l’avenir
de son petit commerce. A midi pile, elle était déjà
installée dans son échoppe quand un homme muni
d’un cabas s’y présenta. A près
l’avoir salué, il exprima son étonnement
de la croiser là un dimanche puis commanda ensuite
un plat de haricots, de pondu [11]
et une grosse boule de foufou [12].
Le tout pour une somme de 9.000 zaïres [13].
Au moment des faits, le prix du plat se situait entre 300
et 500 zaïres. Curieusement, l’étrange client
sortit de son cabas trois petites assiettes en plastique et
exigea qu’on y mette séparément chacun
des aliments commandés. Chose impossible. Parce qu’elles
étaient trop petites pour pouvoir contenir autant de
nourriture. Mama Mayimona proposa de le servir dans des récipients
plus grands, mais il refusa net avant d’ajouter que
« depuis que le monde existe, c’est toujours dans
ces assiettes qu’on me sert à manger ».
Embarrassée et effrayée, ne sachant pas quoi faire,
elle voulut se débarrasser de ce client du dimanche trop
exigeant, en annulant la commande et en lui rendant son argent.
Mais en guise de réponse, il lui fit simplement cette
réflexion: « C’est pourtant dimanche et tu
es quand même venue vendre, moi également je suis
venu en ce jour acheter à manger. Je ne peux donc reprendre
cet argent, donne moi plutôt de la nourriture ».
Pendant que la pauvre femme tentait l’impossible pour
le servir dans ses petites assiettes en plastique, il disparut
sans crier gare en abandonnant sur place les plats et l’argent.
Quant aux assiettes, elles disparurent également. En
fin de journée, madame le traiteur détaillant
rentra chez elle, l’esprit hanté par le souvenir
de ce mystérieux client du dimanche. Au milieu de la
nuit, alors qu’elle dormait à poings fermés,
un songe vint troubler son sommeil. « Il y avait
non loin du domicile de mama Mayimona un mort autour duquel
on pleurait et se lamentait. Voulant connaître son identité,
elle s’approcha de l’endroit où gisait ce
corps inanimé. Tous ceux qui s’y trouvaient étaient
habillés en vert et blanc [14].
Et, à sa grande surprise, la défunte n’était
autre qu’elle-même. C’était un drôle
de phénomène en deux dimensions. En effet, lorsqu’elle
baissait les yeux, elle se voyait couchée et sans vie;
mais dès qu’elle les relevait son corps debout
et tremblant la ramenait à la réalité.
Pourtant, « on m’avoua sur place que je n’étais
plus de ce monde, ce que je récusais avec force: comment
peut-on dire que je suis morte alors que je suis bien là,
le regard alerte et la parole bien articulée ? ».
Une vieille femme s’approcha d’elle et lui fit comprendre
qu’elle était spirituellement déjà
morte; que le corps inerte allongé juste à ses
côtés en témoignait.
Par la suite, trois jeunes garçons, maniant des fouets
et transportant en bandoulière des besaces bourrés
de cailloux, la frappèrent puis la lapidèrent.
Ils s’acharnèrent sur elle à trois reprises:
trois fois sur terre et trois fois dans les cieux. A la fin,
l’exigeant client du dimanche lui apparut de nouveau ;
cette seconde fois, il avait un air tout à fait rassurant.
Il exhiba devant elle sa main droite (chacun de ses cinq doigts
avait une couleur différente) et lui dit: « …
C’est moi qui ai demandé à mes enfants de
te frapper. Puisqu’ils l’ont déjà
fait, je t’accorde mon pardon. Si je te frappe moi-même
de cette main-là, ton corps et ton esprit mourront sur
le champ… Bref ! Je te pardonne ». C’est sur
ces mots que mama Mayimona s’était réveillée
en sursaut de son lit conjugal. »
Le pasteur kimbanguiste à qui elle s’était
adressée pour confesser son péché et recevoir
le réconfort spirituel (prière et conseils) avait
pu identifier les quatre principaux personnages qui étaient
intervenus dans ce songe. Selon lui, il n’y avait pas
l’ombre d’un doute: il s’agissait bien de
Papa Simon KIMBANGU et de ses trois enfants, c’est-à-dire
Papa KISOLOKELE, Papa DIALUNGANA et Papa DIANGIENDA.
Prenant à son tour la parole, le chef spirituel [15]
aborda une fois de plus ce fameux thème du respect du
dimanche en ces termes: « Mama andimaki alanda Tata Simon
KIMBANGU… Mokolo mu’eyenga mopesameli biso nde topesa
ye yango mobimba… Tosomba te, toteka te. Soki likambo
ya monene ekueyeli bino: ndeko, tata ou mama akufi aza n’elamba
te, na mokolo wana Nzambe akoki kopesa yo permission okende
kosomba. Puete o couvrir nzoto ya tata, mama ou camarade na
yo. Wana permission ezali exceptionnelle ». [16].
Quoiqu’il s’attarda sur les volets achat et vente,
Papa DIANGIENDA ne manqua pas d’insister sur le fait que
le dimanche devait être considéré dans sa
dimension matériel et spirituel, c’est-à-dire
qu’il importait de le consacrer tout entier à Dieu
en pensées, en actes et en paroles.
Ce 21e siècle tant attendu a apporté dans son
sillage une crise économique de grande ampleur dont les
conséquences sont tout à fait néfastes.
Pouvant être interprété comme un signe de
temps avant-coureur parmi tant d’autres, elle crée
inévitablement un contexte propice au relâchement
des mœurs et des comportements. C’est ainsi que dans
la conjoncture actuelle, beaucoup de croyants (y compris les
kimbanguistes) sont devenus spirituellement tièdes et
froids quant à la sacralité du jour du Seigneur.
D’où, l’importance de les exhorter à
retrouver leur ferveur d’antan, afin qu’ils ne perdent
pas de vue la ligne de conduite qui doit être la leur.
C’est le sens même des mises en garde, rappels à
l’ordre et sages conseils de S.E Papa Simon KIMBANGU KIANGANI,
actuel Chef Spirituel et Représentant légal de
l’église kimbanguiste. Dans son vibrant message
du 21 janvier 2003 qui complète pratiquement celui de
Papa DIANGIENDA KUNTIMA, il révèle en même
temps la sévérité dont faisait montre Papa
DIALUNGANA KIANGANI [17])
au sujet de cette journée spéciale qu’est
le dimanche. Voici en substance l’essentiel dudit message:
« Bayekoli pe bazalaki kotuna pona na mokolo mu‘eyenga…
réponse ya Nkolo Yesu: kosomba mokolo mu’eyenga
te, tokoteka mpe mokolo mu’eyenga te… Mingi tozali
kosomba mokolo mu’eyenga, tozali koteka, tozali mpe kozua
ba niongo mokolo mu’eyenga… Tangu’a ba Papa,
ba mbuta mpe batunaki. Ba Papa ba autorisaki basomba essence…
Likambu’a essence bapeselaki yango nzela mpo soki bokueyeli
likambo ou bien soki ozo voyager… Papa Mfumu’a mbanza
azalaka sévère. Biloko na yo somba samedi, Kolamba
lamba samedi, mokolo mu’eyenga ko repasser te, balongola
yo suki te, kokombola ndako te. Makambo nionso malamu mokolo
mua poso ». [18].
Le fils de l’homme avait dit qu’il était
le maître du sabbat et c’est en vertu de cela qu’il
avait énoncé les quelques rares exceptions à
la loi (Luc 6: 5). Papa DIANGIENDA KUNTIMA n’a ni ajouté
ni retranché quoique ce soit, il a juste confirmé
en des termes plus appropriés en phase avec son époque,
ce que le Christ avait déjà dit précédemment
en son temps. Et Papa Simon KIMBANGU KIANGANI, en digne successeur
de Papa DIANGIENDA KUNTIMA, n’a fait que le paraphraser
pour une bien meilleure compréhension. Malheureusement,
ayant perdu petit à petit cette crainte de Dieu qui les
caractérisaient, beaucoup de kimbanguistes surestiment
à tort son amour sous prétexte qu’il est
infiniment bon. Sûrs de bénéficier au moment
opportun de la grâce christique, ils profanent volontairement
la sainte journée en se permettant d’acheter et
de vendre, d’exiger des tiers le remboursement de leurs
dettes, de pratiquer leur sport favori, de faire le ménage
à fond (balayage, lessive, vaisselle, repassage…),
d’aller se faire beau ou belle dans un salon de coiffure,
d’honorer de leur présence à toutes sortes
de festivités, de visiter musées et autres sites
touristiques, de se prélasser chez soi scotché
devant la télé sans avoir prié une seule
fois tout au long de la journée. Or, à force d’oublier
le caractère sacré du dimanche, on finit par l’assimiler
inconsciemment à n’importe quel jour de la semaine.
Dieu est certes miséricordieux mais sa colère
est redoutable. La bible nous en donne un bref aperçu
avec le déluge. Profitons donc de sa patience pour nous
repentir sincèrement. Ne soyons pas si cruels envers
notre Dieu: laissons-lui son unique jour et ne nous en approprions
pas, de quelque manière que ce soit. D’ailleurs,
dans son exhortation du 28 janvier 1990, Papa DIANGIENDA KUNTIMA
ne dit pas le contraire: « Nzambe asengi biso likambo
moko: alobi ete mokolo muango malamu nde bopesa ngai yango ezala
mokolo mua ngai, pamba te ezali mokolo mua ngai » [19].
A tout seigneur tout honneur. Un homme, sérieux et discipliné,
peut « boucler » sa semaine en six jours chrono.
A Dieu ce qui est à Dieu, aux hommes ce qui est aux hommes.
Voici donc cette pertinente question que nous pose en toute
simplicité l’Eternel des armées: «
Jusqu’à quand refuserez-vous d’observer mes
commandements et mes lois » ? (Exode 16: 28).
NGOMA Saturnin
15 février 2010
NOTES
:
[1].
Fils cadet de Papa Simon KIMBANGU et premier chef spirituel
de l’église kimbanguiste. Né le 22 mars
1918, il est décédé le 08 juillet 1992.
[2].
Dire et faire sont deux choses différentes et distinctes.
On peut aussi mieux comprendre cette thèses dans le
sens du proverbe « les bons diseurs ne sont pas les
bons faiseurs ».
[3].
La marche vers les indépendances: article de Philippe
Gaillard paru dans Jeune Afrique n° 2558 (page 23) du
17 au 23 janvier 2010.
[4].
On se permet de désigner par le terme « Abakistes
» les membres de l’A.BA.KO (Association des Bakongo).
[5].
La répression accentuée du kimbanguisme dans
les années 50 avait engendré chez les fidèles
de forts liens d’amour, d’entraide et de partage
dont le soubassement était la foi en Papa Simon KIMBANGU.
Une véritable solidarité existait entre kimbanguistes.
C’est ce qu’on désignait autrefois par
bolingo ya 56.
[6].
Abréviation de l’Eglise de Jésus Christ
par son envoyé spécial Simon KIMBANGU, appellation
officielle de l’église kimbanguiste.
[7].
Dans la foi kimbanguiste, la famille sainte est formée
par les cinq personnes suivantes: Papa Simon KIMBANGU, Mama
Marie MUILU KIAWANGA, Papa Charles KISOLOKELE LUKELO, Papa
Paul Salomon DIALUNGANA KIANGANI et Papa Joseph DIANGIENDA
KUNTIMA.
[8].
Traduction du message de Papa DIANGIENDA du 13 février
1987.
« Nous ne devons rien acheter le dimanche, mais les
exceptions existent. Tu passes tranquillement la journée
du samedi et à deux heures du matin, on sonne à
la porte: on t’informe que ton ami est décédé.
Or, à cette heure-là, nous sommes déjà
au dimanche; tu peux donc acheter pour couvrir le corps du
défunt. Mais c’est triste de constater qu’aussitôt
le culte terminé, les gens se précipitent à
l’entrée pour acheter à manger. Sachant
que nous n’achetons pas les dimanches, Satan, rusé
qu’il est, pousse les vendeurs à venir s’y
installer. Parmi ceux qui achètent il y a les hommes,
les femmes et surtout les jeunes filles. C’est triste
! En principe, nous n’achetons pas le dimanche car c’est
notre loi. Si tu reçois des étrangers chez toi,
l’autorisation t’est accordée d’avance
selon les dispositions de ton cœur… Dans ce contexte,
devant Dieu, leur acheter à manger pour les nourrir
n’est pas considéré comme un péché.
Quoique l’église l’interdise, mais à
ce moment-là nécessité fait loi. Par
contre, c’est un péché que de d’aller
t’acheter du « mfumbua »* le dimanche, alors
que tu avais la possibilité de le faire le samedi.
C’est pareil, si tu t’achètes du coca le
dimanche pour étancher ta soif. Prétextant que
cette interdiction n’a été instituée
que par les trois Papas, certains te conseilleront d’acheter
en cachette... que cela n’a rien de grave. Ils t’encourageront
si possible à consommer de l’alcool en cachette
à condition de ne pas t’enivrer. Et celui qui
t’induit ainsi en erreur est un responsable au sein
de l’église... ».
* Légume très consommé dans les trois
Congo.
[9].
Traduction du message de Papa DIANGIENDA KUNTIMA du 31/01/1987
aux ecclésiastes kimbanguistes. « Nous sommes
à la maison. 19h. 20h. 21h. 22h. 23h. A minuit, des
visiteurs inopinés arrivent par exemple du Burundi,
de l’Angola ou d’ailleurs, ou encore des gens
familiers. Chez toi tu n’as aucune provision, alors
qu’ils disent n’avoir rien mangé tout au
long de leur voyage. Or à minuit, il n’y a plus
de marché. En vérité, ce n’est
pas du tout un péché si le lendemain matin,
disposant d’un peu de sous, tu te permets de leur acheter
de quoi manger... Ce n’est pas un péché
».
[10].
Traduction du message de Papa DIANGIENDA KUNTIMA DU 31/01/1987
aux ecclésiastes kimbanguistes. « Papa* untel
est mort un dimanche matin. Il n’y a rien pour le couvrir.
Toi tu as une boutique et voilà que la personne éprouvée
vient te voir: papa, vois-tu, j’ai un décès
chez moi mais je n’ai rien pour envelopper le corps
du défunt. Toi, par contre, tu as des draps en stock:
vas-tu les lui vendre ou pas ? Tu les lui vendras...».
*Terme usuel désignant un homme avec respect ou affection.
[11].
Légumes à base de feuilles de manioc.
[12].
Fécule de manioc.
[13].
Monnaie de l’ex Zaïre à l’époque
du défunt président Mobutu.
[14].
Couleurs officielles de l’E.J.C.S.K. Le vert symbolise
l’espoir et le blanc la pureté.
[15].
Papa DIANGIENDA KUNTIMA.
[16].
Traduction du message de Papa DIANGIENDA du 10 février
1991. « Mama avait consenti à suivre Papa
Simon KIMBANGU. Malgré le fait que le dimanche nous est
donné comme jour de repos, nous nous devons de le consacrer
entièrement au Seigneur… sans vendre ni acheter.
Sauf, si la situation suivante se produit: qu’un parent,
homme ou femme, décède et qu’il n‘a
pas de vêtement convenable, ce jour-là, la permission
divine est acquise d’office afin d’acheter de quoi
le couvrir. Cette autorisation revêt un caractère
tout à fait exceptionnelle ». [17].
Deuxième fils de Papa Simon KIMBANGU et gardien de la
cité sainte Nkamba nouvelle Jérusalem. Né
le 25 mai 1916 et décédé le 16 août
2001, il avait succédé à son frère
cadet Papa DIANGIENDA KUNTIMA comme Chef Spirituel de l’église
kimbanguiste de 1992 à 2001. [18].
Traduction du message de Papa Simon KIMBANGU KIANGANI du 21
janvier 2003. « Les apôtres aussi posaient
des questions au sujet du sabbat. La réponse du Christ
fut sans équivoque: interdiction formelle de vendre ou
d’acheter. Cependant, le dimanche, nombreux parmi nous
persistent encore à acheter, à vendre et à
recouvrer nos dettes. A l’époque de nos Papas,
les anciens leur avaient également demandé…
ils avaient autorisé l’achat de l’essence
le dimanche en cas d’extrême urgence ou en cas de
voyage… Papa DIALUNGANA, lui, était plus que sévère.
Tout achat ou tout aliment devait être fait ou préparé
au plus tard le samedi. Le dimanche, interdiction de repasser,
de se faire coiffer, de faire le ménage. Il faut tout
faire le samedi ». [19].
Traduction du message de Papa DIANGIENDA du 28 janvier 1990.
« Dieu nous demande simplement de lui consacrer ce
jour-là, parce que c’est son jour à lui
».
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