| 
                   
                   
                  Documents, Analyses, Récits, Poèmes, ...    
                   Mort de Papa DIALUNGANA KIANGANI 
                  La disparition d’un Chef et 
                  la problématique de sa succession 
                   
                   
                  
                    
                        
                         | 
                      Kinshasa, 16 août 2001. Huit mois s’écoulèrent 
                        depuis que le pouvoir politique avait changé de 
                        mains en République Démocratique du Congo, 
                        passant en douceur comme une lettre à la poste, 
                        de KABILA père à KABILA fils. La fièvre 
                        de l’incertitude qui s’était emparée 
                        de la capitale, avait fini par retomber lentement mais 
                        sûrement, faisant place nette à un relâchement 
                        de tension très manifeste.  | 
                     
                    
                  Dans les vingt-quatre communes, la vie quotidienne avait repris 
                  son cours normalement, comme si rien ne s’était 
                  passé. A Kasa-vubu (commune portant le nom du premier 
                  président congolais), le centre d’accueil kimbanguiste, 
                  situé au croisement des avenues Saïo et des Forces 
                  publiques, était en revanche en effervescence à 
                  cause de l’arrivée impromptue de Papa DIALUNGANA 
                  KIANGANI, Chef Spirituel et Représentant légal 
                  de l’E.J.C.S.K[1]. 
                   
                  Devant la résidence Shenouda III[2], 
                  le corps ecclésiastique, la FA.KI[3] 
                  et tous les autres fidèles l’attendaient patiemment. 
                  Les surveillants kimbanguistes, vêtus de leurs uniformes 
                  vert et blanc, étaient déjà de faction 
                  au milieu de ce dispositif d’accueil, afin de lui rendre 
                  dès sa descente de voiture, les honneurs dus à 
                  son rang. Un fait inhabituel avait tout de suite intrigué 
                  les fidèles : à 13h 30mn ce jour-là, le 
                  cortège du Chef Spirituel entra en trombe dans l’enceinte 
                  du centre d’accueil et poursuivit sa progression à 
                  vive allure. Alors que d’ordinaire, il stationnait devant 
                  l’entrée de la résidence, où Papa 
                  DIALUNGANA KIANGANI était accueilli par les slogans de 
                  bienvenue, avant de recevoir au son de la fanfare, les honneurs 
                  qui lui étaient dévolus. Cette fois-ci, à 
                  la surprise générale, le cortège alla stationner 
                  à l’abri des regards derrière la résidence. 
                  De mémoire de kimbanguiste, c’est la toute première 
                  fois que l’on assistait à ce fait insolite et cela 
                  conforta l’impression qu’il se passait quelque chose 
                  d’inhabituel et de grave.  
                   
                  Avant d’être le Représentant Légal 
                  de l’église kimbanguiste, le Chef Spirituel en 
                  est d’abord le pasteur suprême. C’est pourquoi 
                  où qu’il aille et où qu’il se trouve, 
                  il est obligé d’exhorter immanquablement ses ouailles. 
                  Ce jour-là, aussitôt après son arrivée, 
                  la FA.KI exécuta à son intention le cantique « 
                  Hosanna wizidi ». Sûrs de leur bon droit, les 
                  fidèles constitués en véritable comité 
                  d’accueil s’attendaient à le voir, l’écouter 
                  et si possible le saluer. Mais les choses ne se passèrent 
                  pas comme ils l’espéraient. A peine avaient-ils 
                  commencé à digérer leur terrible frustration, 
                  que le secrétaire général de l’église 
                  kimbanguiste papa Bena NSILU vint enfoncer le clou : « 
                  … Papa est arrivé mais il est très fatigué… 
                  Il s’excuse de ne pas pouvoir vous rencontrer maintenant. 
                  Ce soir, vous aurez l’occasion de le saluer. Ne spéculons 
                  pas car c’est à sa propre demande qu’il a 
                  été conduit à l’arrière de 
                  la résidence… ». 
                   
                  En effet, parmi les fidèles, les spéculations 
                  allaient déjà bon train et la mise en garde de 
                  papa Bena Nsilu n’avait fait que les amplifier. Pourquoi 
                  le cortège du Chef Spirituel était-il entré 
                  en trombe dans l’enceinte du centre d’accueil ? 
                  Pour quelle raison est-il allé stationner directement 
                  à l’arrière et non pas à l’avant 
                  de la résidence ? Qu’est ce qui empêchait 
                  donc Papa DIALUNGANA KIANGANI d’apparaître en public 
                  ? La mise en garde du secrétaire général 
                  contre la spéculation, n’était-elle pas 
                  en soi, un aveu déguisé sur l’extrême 
                  gravité de la situation qui demeurait encore bien mystérieuse 
                  ? Malgré le manque d’informations fiables, les 
                  fidèles étaient plus ou moins convaincus qu’on 
                  leur cachait quelque chose. Finalement, toutes les zones d’ombre 
                  qui entouraient jusque-là, l’arrivée soudaine 
                  du Chef Spirituel à Kinshasa, seront levées par 
                  papa KIANGANI « Zako ». Entouré de ses frères 
                  papa Charles DIANGIENDA, papa Dieudonné KISOLOKELE, papa 
                  Marthorel DIANGIENDA et papa Firmin KISOLOKELE, il mit fin au 
                  suspens en annonçant officiellement à la communauté 
                  kimbanguiste et au monde entier, la mort physique de Papa DIALUNGANA 
                  KIANGANI. Ce dernier avait terminé son propos en précisant 
                  que pour le reste, les instances dirigeantes 
                  de l’église (secrétariat, collège…) 
                  prendraient les dispositions qui s’imposaient. 
                   
                  Et presqu’aussitôt, papa Bena Nsilu reprit la parole 
                  en sa qualité de secrétaire général 
                  de l’église kimbanguiste. Il exhorta tout d’abord 
                  les fidèles à ne pas pleurer, mais plutôt 
                  à beaucoup prier et chanter. Il 
                  délivra ensuite le message d’adieu de Papa DIALUNGANA 
                  KIANGANI: « Mon heure 
                  est venue, prenez soin de l’église et restez unis 
                  ». Enfin, papa Bena 
                  Nsilu mit tout de suite la charrue avant les bœufs, en 
                  élevant d’autorité tous les petits-fils 
                  de Papa Simon KIMBANGU au rang de Chefs Spirituels:  
                  
                     
                       
                          « …Oyo tozalaki kobenga ti na tongo ya 
                            lelo ba papas leki, batikali ba papas leki te. Bazali 
                            nde ba papas avec la plénitude ya ba pouvoirs 
                            nioso… »[4]. 
                          | 
                     
                    
                  Bref! Après la courte prière du secrétaire 
                  général, des groupuscules se formèrent 
                  spontanément pour commenter l’événement 
                  à chaud. Sur le toit de la résidence Shenouda 
                  III, drapeau et fanion étaient déjà en 
                  berne ; et sur les visages des kimbanguistes présents 
                  se lisaient la douleur, la tristesse, l’inquiétude… 
                   
                  Pour mieux comprendre l’histoire de la mort de Papa DIALUNGANA 
                  KIANGANI, il nous faut repartir à Nkamba où tout 
                  avait commencé. Ce qui s’est passé à 
                  Kinshasa n’est que l’aboutissement d’un long 
                  processus. Ainsi donc, le témoignage de papa Daniel Nzinga 
                  Nduenga Za Nza, l’un de ceux qui étaient présents 
                  lorsqu’il rendit l’âme, va nous servir d’aide-mémoire. 
                  Médecin traitant du Chef Spirituel depuis 1974, il est 
                  resté à son service jusqu’à sa mort 
                  en 2001. 
                   
                  Début août 2001 : En plein préparatif des 
                  festivités du 04 août, journée consacrée 
                  par l’église à la jeunesse kimbanguiste, 
                  Papa DIALUNGANA KIANGANI envoya d’urgence son épouse 
                  Mama KIWASISILUA à Kinshasa, car sa santé défaillante 
                  nécessitait un traitement médical conséquent. 
                   
                  Le 4 août 2001: En présence 
                  de Papa DIALUNGANA KIANGANI, le jubilé de cette journée 
                  fut célébré dans la paix et la joie. 
                   
                  Le 6 août 2001: Le Chef 
                  Spirituel se rendit à Nkendolo en compagnie de papa Armand 
                  DIANGIENDA et sa suite habituelle. Pendant qu’ils s’y 
                  trouvaient encore, papa Mbenza KIANGANI leur annonça 
                  par personne interposée la mort de mama KIWASISILUA, 
                  survenue à Kinshasa, mais personne n’osa en informer 
                  Papa DIALUNGANA KIANGANI. Comme d’habitude, de retour 
                  à la résidence, il fit normalement le « 
                  beko » (veillée de prières), aux côtés 
                  de ses enfants et quelques uns de ses plus proches collaborateurs. 
                  Après avoir clôturé lui-même la prière 
                  finale, il posa à papa Mbenza la question de savoir: 
                  quelle nouvelle avait-il reçu 
                  de Kinshasa ? Celui-ci le mit au courant du décès 
                  de son épouse. Aussitôt, il fit une courte prière 
                  pour le repos de son âme. 
                   
                  Le 9 août 2001: Enterrement 
                  de mama KIWASISILUA à Nkamba, nouvelle Jérusalem. 
                   
                  Le 10 août 2001: Papa 
                  DIALUNGANA KIANGANI s’entretint avec dix neuf (19) de 
                  ses enfants (KISOLOKELE, DIALUNGANA et DIANGIENDA confondus) 
                  présents à Nkamba. 
                   
                  Le 11 août 2001: La plupart 
                  d’entre eux dirent au revoir à leur Père 
                  et Chef Spirituel avant de repartir pour Kinshasa. Seuls sept 
                  d’entre eux restèrent sur place : Papa KIMBANGU 
                  KIANGANI, papa MBENZA, papa Armand, papa « Solo », 
                  papa « Reagan », mama NSONA et mama NKUAKIADI. Mama 
                  Pauline NSALULU n’avait pas encore regagné Kinshasa 
                  non plus. Entre-temps papa Kayombo, éprouvé par 
                  la mort d’un parent, avait reçu pour sa part la 
                  permission de se rendre également à Kinshasa. 
                   
                  Le 12 août 2001: La santé 
                  déjà précaire de Papa DIALUNGANA KIANGANI 
                  s’était quelque peu altérée. Papa 
                  Nzinga, son médecin traitant lui suggéra d’aller 
                  si possible, se faire soigner en Europe. Il refusa en précisant 
                  qu’il n’irait pas mourir dans un pays étranger. 
                  Bien sûr que ses deux frères KISOLOKELE et DIANGIENDA 
                  y fussent décédés, mais cela ne saurait 
                  être le cas pour lui. Etant spirituellement tous les trois 
                  une seule et même personne, lui se devait de mourir en 
                  Afrique (en RDC) afin de concrétiser la promesse faite 
                  par Papa DIANGIENDA KUNTIMA en 1990, selon laquelle il ne mourrait 
                  pas à l’étranger. « Si vous ne 
                  souhaitez pas aller vous faire soigner en Europe, rendez-vous 
                  alors à Kinshasa », lui proposa papa Nzinga. 
                  Mais Papa DIALUNGANA KIANGANI lui rétorqua : 
                  
                     
                       
                          « je ne mourrai 
                            ni en Europe, ni à Kinshasa, ni à Nkamba-Nouvelle 
                            Jérusalem. Si cela se passe à Kinshasa, 
                            il risquera d’y avoir après ma mort, 
                            beaucoup de faux témoignages en mon nom. Toutefois, 
                            si mon Père m’en donne la permission, 
                            j’irai à Kinshasa. Pour l’instant, 
                            il n’en est rien ». 
                             
                            « Je m’en irai en paix sans avoir 
                            une seule dette envers vous tous. Je vous ai dit tout 
                            ce que j’avais à vous dire. Là 
                            où je n’ai pas pu aller physiquement, 
                            Papa Simon KIMBANGU KIANGANI s’y est rendu en 
                            mon nom ; et tout ce que je n’ai pu faire par 
                            moi-même, je l’ai délégué 
                            pour l’exécuter à ma place. C’est 
                            lui notre Père, c’est lui Papa DIANGIENDA 
                            et c’est également lui « la tête 
                            », l’alpha et l’oméga.  
                           
                          | 
                     
                   
                   
                  Le 14 août 2001: « 
                  Quand est-ce que la souffrance de la race noire prendra-t-elle 
                  fin ? » demanda papa Nzinga. Réponse de Papa 
                  DIALUNGANA KIANGANI : « Achevez simplement la construction 
                  de la cité de Nkendolo. Dieu vous réserve de belles 
                  choses et tous les maux dont vous souffrez disparaîtront. 
                  Une fois que les travaux de Nkendolo seront terminés, 
                  beaucoup de gens viendront pour initier différents projets 
                  et n’auront même plus besoin de votre quote-part. 
                  C’est pourquoi je vous exhorte à construire à 
                  présent que vous en avez le temps et l’occasion, 
                  afin que le bon Dieu vous fasse bon droit. Si vous ne le réalisez 
                  pas maintenant, quand l’accomplirez-vous ? » 
                  A 18 h, Papa DIALUNGANA KIANGANI 
                  fit le tour de Nkendolo et salua tous les ouvriers des trois 
                  Congo (Angola, Congo-Brazzaville et R.D.C) qui travaillaient 
                  sur le site. 
                   
                  Le 15 août 2001: Culte 
                  matinal dans le majestueux temple de Nkamba. Le Chef Spirituel 
                  eut une soudaine montée de fièvre. De ce fait, 
                  il autorisa Papa Simon KIMBANGU KIANGANI à faire la prière 
                  finale. Ayant franchi le seuil de la résidence, il n’en 
                  ressortit plus tout au long de la journée. 
                   
                  A 15h, papa Nzinga et papa 
                  Jétou firent un bref rapport à papa MBENZA sur 
                  l’état de santé de Papa DIALUNGANA KIANGANI. 
                  Papa Mbenza leur dit : « merci pour le rapport… 
                  Nous avons combattu victorieusement pour mama KIWASISILUA, le 
                  moment est venu de combattre pareillement pour Papa ». 
                   
                  Quelque temps après, Papa Simon KIMBANGU KIANGANI eut 
                  lui aussi droit au même rapport. Sa réponse fut 
                  : « Papa DIALUNGANA KIANGANI est en train de combattre 
                  sur plusieurs fronts… mais il serait plus indiqué 
                  d’être fin prêts pour l’événement 
                  qui ne tarderait pas à survenir ». En écoutant 
                  les réponses données par l’un et l’autre, 
                  papa Jétou et Nzinga comprirent que Papa DIALUNGANA KIANGANI 
                  n’en avait plus pour longtemps. 
                   
                  A 17h, papa « Solo » 
                  KISOLOKELE vint à son tour aux nouvelles. On lui fit 
                  pratiquement le même rapport. Juste après, il alla 
                  s’asseoir près de Papa DIALUNGANA KIANGANI avec 
                  qui il conversa une heure durant. Le soir venu, le Chef Spirituel 
                  désigna Papa Simon KIMBANGU KIANGANI pour qu’il 
                  reçût les honneurs à sa place et qu’il 
                  supervisât par la même occasion le nsinsani des 
                  jeunes kimbanguistes.  
                  A 22h, le « beko » 
                  eut lieu dans sa chambre avec les participants habituels : Papa 
                  Simon KIMBANGU KIANGANI, papa Mbenza KIANGANI, papa « 
                  Solo » KISOLOKELE, papa Nzinga, papa Jétou, papa 
                  John, papa Siméon ainsi que lui-même le Chef Spirituel. 
                  A la fin, tout le monde s’en alla, excepté papa 
                  Nzinga et papa Jétou. 
                  Le 16 août 2001 : 
                    La nuit fut plus ou moins calme jusqu’à 3h du 
                    matin. Papa DIALUNGANA KIANGANI qui s’était réveillé 
                    ordonna à papa Nzinga de faire la prière. Ayant 
                    ressenti une vive douleur au niveau du cœur, il fut très 
                    vite examiné et le diagnostic fit état d’une 
                    sévère hypotension. A 3h30, son médecin 
                    traitant constata que sa tension artérielle avait chuté 
                    jusqu’à 0. Papa DIALUNGANA KIANGANI fit venir 
                    ses enfants (Papa Simon KIMBANGU KIANGANI, papa « Solo 
                    » KISOLOKELE et papa MBENZA KIANGANI) qui arrivèrent 
                    à son chevet à 4h du matin. Devant témoins, 
                    il leur exprima sa dernière volonté : « 
                    Mes enfants, je vous ai fait venir pour vous dire que mon 
                    corps est faible, il est donc temps que je m’en aille. 
                    Préservez durablement l’œuvre de Dieu. Toi, 
                    l’aîné (Papa S.K.K) tu as pour charge de 
                    réunir tous tes frères dans l’amour, soyez 
                    tous unis plus que jamais. Quand vous serez confrontés 
                    à une situation donnée, mettez-vous tous d’accord 
                    sans oublier d’associer les anciens et les jeunes. Ce 
                    n’est que bien après que vous en informerez l’église 
                    toute entière. Aimez-vous et entendez-vous sincèrement 
                    les uns, les autres. Prenez surtout soin de l’église 
                    ». Après cela, Papa DIALUNGANA KIANGANI 
                    procéda à la bénédiction de tous 
                    ceux qui étaient présents. Papa Kayombo, absent 
                    de Nkamba, fut bénit par personne interposée. 
                     
                    Malgré une tension artérielle stationnaire, 
                    le Chef Spirituel donna finalement son accord pour se rendre 
                    à Kinshasa. Pendant que l’on apprêtait 
                    à la hâte véhicules et sacs de voyage, 
                    il en profita pour saluer ses belles-filles ainsi que tous 
                    ceux qui vivaient dans sa maison. Le cortège était 
                    constitué de plusieurs véhicules. Parmi les 
                    personnes qui avaient accompagné le Chef Spirituel, 
                    on peut citer entre autres : mama Kuluntu (Pauline NSALULU), 
                    mama NKUAKIADI, mama NSONA Marie, papa MBENZA KIANGANI, papa 
                    « Solo » KISOLOKELE, papa Nzinga, papa Jétou, 
                    papa Siméon Mazanga, papa John, papa Ntalani (Sipa) 
                    et papa Nseka (Sitra).  
                    A 7h 30, le cortège 
                    démarra en direction de Kinshasa. En cours de route, 
                    Papa DIALUNGANA KIANGANI n’adressera la parole à 
                    personne et entrera finalement dans le coma. 
                     
                    A quelques mètres de Kiemba, papa Nzinga sentit une 
                    main se poser sur l’une de ses épaules. Une bouffée 
                    de chaleur inonda instantanément son corps et vit une 
                    lueur d’une grande intensité. Une voix intérieure 
                    lui chuchota que Papa DIALUNGANA KIANGANI était sur 
                    le point de « partir ». Le cortège s’immobilisa 
                    net à Kiemba. A l’instant même où 
                    papa MBENZA entama une prière, le Chef Spirituel rendit 
                    l’âme sur place. Il était 10h30. La question 
                    se posa de savoir s’il fallait poursuivre le voyage 
                    jusqu’à Kinshasa ou rebrousser chemin ? Tous 
                    optèrent à l’unanimité pour la 
                    première hypothèse, afin que Papa Mfumu’a 
                    Mbanza pût y être honoré une dernière 
                    fois par les fidèles. 
                     
                    Arrivé à la frontière naturelle Bas-Congo 
                    et Kinshasa (au revoir Bas-Congo), papa Nseka « Sitra 
                    » qui conduisait le tout-terrain du chef spirituel, 
                    vit tout à coup, Papa Simon KIMBANGU et mama MUILU 
                    KIAWANGA NZITANI Marie. Assis tous les deux sur le capot, 
                    ils avaient chacun dans leur main un drapelet. Spirituellement, 
                    un dialogue s’instaura entre eux et le chauffeur, à 
                    l’insu des autres occupants du véhicule. « 
                    N’aie pas peur, lui dirent-ils, nous sommes venus vous 
                    accueillir et vous escorter jusqu’au centre d’accueil. 
                    Dès que vous en franchirez l’entrée, contrairement 
                    à l’accoutumée, allez plutôt stationner 
                    derrière la résidence ». A partir 
                    de Mitendi, on téléphona à papa « 
                    Zako » pour le prévenir que le cortège 
                    du Chef Spirituel arriverait sous peu à Kinshasa. Etant 
                    donné que Papa Mfumu’a Mbanza avait reçu 
                    de son père l’autorisation de s’y rendre 
                    au dernier moment, les autorités de l’église 
                    à Kinshasa n’étaient pas au fait de la 
                    situation, telle qu’elle se présentait réellement. 
                     
                    Après l’annonce officielle faite par papa « 
                    Zako », la triste nouvelle de la mort de Papa DIALUNGANA 
                    KIANGANI parvint presqu’aussitôt aux quatre coins 
                    du monde, grâce à internet et à la téléphonie 
                    mobile. Avec la disparition du dernier fils de Papa Simon 
                    KIMBANGU, la question de la succession 
                    devint inéluctable et se posa déjà avant 
                    même l’enterrement de l’illustre disparu. 
                    Les propos controversés du secrétaire général 
                    de l’église avaient d’une certaine façon, 
                    précipité les choses. Afin de décourager 
                    cette tendance incitative à la prise illégale 
                    et collégiale du pouvoir spirituel, papa Tukemboso[5] 
                    n’eut pas d’autre choix que de divulguer le message 
                    de papa DIANGIENDA KUNTIMA du 16 mars 1980 à Matadi. 
                    Ce dernier confirme dans ledit message que : «… 
                    Kati na bana, Nzambi tulaka kidimbu, c’est-à-dire, 
                    muana yina ke tambula mbote… Nzambi ke na secret na 
                    yandi, Nzambi ke riche, muntu ke ku remplacer, yandi kele… 
                    »[6]. 
                    Papa DIANGIENDA KUNTIMA y donna sa vision de la succession 
                    pour les jours à venir. Il parla de leur remplaçant, 
                    de leur successeur, du futur Chef Spirituel au singulier et 
                    non pas au pluriel. Allez-y comprendre ! 
                     
                    La mort de Papa Mfumu’a Mbanza n’était 
                    pas en soi une surprise pour les kimbanguistes, d’autant 
                    plus que Papa KISOLOKELE et Papa DIANGIENDA l’avaient 
                    déjà précédé sur cette 
                    voie. En tant que chef de l’église, il « 
                    partit » le dernier parce qu’il lui fallait tout 
                    d’abord recevoir la demande de pardon du péché 
                    originel; se révéler ensuite à la face 
                    du monde comme le Christ réincarné et enfin 
                    préparer sa propre succession à la tête 
                    de l’E.J.C.S.K. Papa DIALUNGANA KIANGANI avait aussi 
                    la responsabilité d’enterrer mama Elisabeth MVETE 
                    « Bibi », épouse de Papa DIANGIENDA KUNTIMA, 
                    décédée le 16 avril 1998; mama Lukuikilu 
                    Mikala Mandombe , disciple de Papa Simon KIMBANGU, 
                    décédée le 18 mai 2001 et sa propre épouse 
                    mama Marie KIWASISILU, décédée le 6 août 
                    2001. Quant à mama Pauline NSALULU, épouse de 
                    Papa KISOLOKELE, nous osons croire que son « programme 
                    » est entre les mains de Papa Simon KIMBANGU KIANGANI. 
                    Ce n’est certainement pas pour rien qu’il intercède 
                    souvent pour elle dans ses prières. 
                     
                    Papa DIALUNGANA KIANGANI avait reçu de nombreux hommages 
                    venus de différents horizons. Le 18 août 2001, 
                    le président Joseph KABILA KABANGE s’était 
                    déplacé jusqu’au centre d’accueil 
                    kimbanguiste, pour s’incliner devant le corps de celui 
                    qui l’avait reçu lors de sa toute première 
                    visite à Nkamba, le 19 juin 2001. L’enterrement 
                    du Chef Spirituel y avait eu lieu le 21 août 2001 à 
                    16h. Il reposa enfin aux côtés de ses frères 
                    Papa KISOLOKELE et Papa DIANGIENDA. Aujourd’hui, les 
                    cinq (Papa Simon KIMBANGU, sa femme et ses trois enfants) 
                    sont tous au grand complet, dans l’enceinte même 
                    du mausolée de Nkamba, constituant ainsi un véritable 
                    puzzle. Jugez-en par vous-mêmes. Mama MUILU mourut un 
                    lundi, Papa KISOLOKELE un mardi, Papa DIANGIENDA un mercredi, 
                    Papa DIALUNGANA un jeudi et Papa Simon KIMBANGU un vendredi. 
                    Est-ce là un pur hasard ? 
                     
                    Quoiqu’il en soit, souvenons-nous que Kiemba 
                    (l’endroit où Papa Mfumu’a Mbanza rendit 
                    l’âme) signifie piège et cela a spirituellement 
                    un sens. En principe, l’utilité d’un piège 
                    est de mettre hors d’état de nuire les éléments 
                    nuisibles d’un environnement donné. En clair, 
                    il est encore temps pour quiconque nuirait à la bonne 
                    marche de l’église de s’amender. En vérité, 
                    chaque kimbanguiste a le devoir de corriger éventuellement 
                    sa conduite, pour qu’elle soit conforme à la 
                    trilogie « amour, commandements et travail ». 
                    Toute négligence, quelle qu’elle soit, peut devenir 
                    également un piège sans issue. Il est écrit 
                    dans Apocalypse 22 :12 : « Voici : je viens bientôt, 
                    et j’apporte avec moi ma rétribution à 
                    chacun selon ses œuvres ».  
                    « Konso muntu kakipapila ». 
                    NGOMA Saturnin 
                  E-mail: ngoma4@voila.fr 
                  15 août 2010  
                   
                  NOTES 
                  : 
                   
                  [1]. 
                  Eglise de Jésus Christ sur la terre par son envoyé 
                  spécial Simon KIMBANGU.  
                  [2]. 
                  Pape de l’église copte orthodoxe d’Egypte, 
                  il visita l’église kimbanguiste en octobre 1979. 
                  La résidence qui porte son nom fut construite à 
                  cette occasion et c’est là qu’il fut logé 
                  durant son séjour.  
                  [3]. 
                  Fanfare kimbanguiste.  
                  [4]. 
                  « Ceux que nous appelions jusqu’à ce 
                  matin les petits papas…deviennent tout simplement des 
                  papas tout court, avec la plénitude de tous les pouvoirs 
                  ».  
                  [5]. 
                  Ancien membre du cabinet de Papa DIANGIENDA KUNTIMA et représentant 
                  légal 2e suppléant chargé de la presse 
                  et information (en 2001). C’est à lui qu’il 
                  avait confié la bande contenant le message du 16 août 
                  1980, avec mission de le divulguer au moment où l’église 
                  serait confrontée à la fameuse question de la 
                  succession.  
                  [6]. 
                  Extrait du message du 16 août 1980: «… 
                  Parmi les enfants, Dieu avait déjà apposé 
                  son sceau… l’enfant qui se conformera à la 
                  volonté divine… Dieu est discret et riche, l’enfant 
                  qui nous remplacera existe ».  
                   
                       | 
                 |