|
Documents & analyses
REGARD SUR LE HANDICAP ET SES CONSEQUENCES
La vie est parsemée d’accrocs qui compliquent le
vécu des uns et des autres. Néanmoins, si l’on
parvient à se munir ne fusse que d’une parcelle
d’optimisme et d’allant, on arrive à placer
un pas devant l’autre pour avancer. Il est cependant impossible
de faire abstraction des trébuchements, car ils font
partie de la longue route de l’existence.
Pour les personnes en situation de handicap (avec une diversité
de pathologies), cette vision de la vie est multipliée
par toute une armada de difficultés à surmonter,
vu que leur quotidien est devenu une galère permanente
qu’elles gèrent au mieux, à leur corps
défendant. Au-dessus de cet état de fait qui
est déjà en soi, un fardeau bien accablant,
viennent se greffer une nuée de discriminations auxquelles
elles sont constamment en butte. Elle barricade la vie sociale
à laquelle aspirent les personnes en situation de handicap.
Elles ne sont pas toujours en mesure de s’affirmer pleinement
dans leur autonomie et leur liberté de manœuvre
s’en trouve fort réduite, fortement entravée.
Tous ces petits riens de la vie, tels que : flâner au
gré de ses envies, faire ses courses sans désagréments,
assister à un spectacle…, bref, sortir tout simplement
pour le plaisir de se sentir vivre ; ces petites choses qui
peuvent sembler banales, insignifiantes, ne sont malheureusement
pas toujours à leur portée. Et en contrebas,
le handicap a figé leur sourire, le handicap à
contraint à sombrer dans un lourd et douloureux silence,
ceux qui ont glissé tout doucement dans le renoncement
et qui n’ont plus la force d’une quelconque combativité.
Un paramètre de taille leur fait défaut :
l’accessibilité à tous les niveaux
qui est la porte qui laissera filtrer un rai de lumière
qui donnera un regain de vitalité à ces personnes
marginalisées. Accéder
aisément aux endroits publics, administratifs, commerciaux,
etc…, sans être confronté à des
trottoirs qui auront l’air de les narguer parce qu’elles
seraient dans l’impossibilité de les franchir,
c’est supplanter la discrimination. Accéder,
c’est abolir les obstacles qui obstruent l’issue
d’une liberté définissant la vie. Accéder,
c’est crier à plein poumons que les personnes
en situation de handicap font partie de la société
et qu’elles revendiquent leur droit à la citoyenneté.
En outre, cherchera-t-on jamais à percevoir et à
comprendre ce qu’il y a derrière l’écran
qui voile ce qui leur est dû ? Il y a un homme, une
femme, un enfant, une personne âgée qui, en dépit
de leur déficience physique ou mentale sont tous, avant
tout, des êtres humains
et non pas des « moins que rien », des «
laissés pour compte », ni des « quantités
négligeables ». Elles ne s’abaissent pas
à quêter l’aumône ; elles sont ardemment
à la recherche de la considération et du respect.
Elles ont besoin qu’on les regarde et qu’on les
aborde avec naturel au lieu d’offrir le tableau de ces
yeux fuyants qui dédaignent de voir de loin ou de près,
les personnes handicapées qui ne sont pourtant pas
descendues d’une planète inconnue, mais qui sont
bel et des créatures de Dieu Tout-Puissant !
Que reproche-t-on au juste, aux personnes en situation de
handicap, qu’on n’exprime pas avec des mots ?
La DIFFERENCE ! La différence qu’elles n’ont
malheureusement pas demandée, mais qui fait d’elles,
hélas, des êtres à part, au regard des
autres. La totale incompréhension et le rejet quasi
systématique dont elles sont victimes, chargent encore
plus leur fardeau qui est déjà si lourd à
porter au quotidien. Néanmoins, elles scandent qu’elles
sont doublement méritantes parce qu’elles savent
fièrement et courageusement relever les défis.
Leur détermination est inébranlable car en dépit
de leur infortune, ce sont elles qui cultivent vaillamment
la réelle valeur du mot DIGNITE.
Qu’on se le dise !!
Le 17 Août 1789, la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen, déclara en Assemblée
Nationale que : « Les hommes naissent et demeurent libres
et égaux en droits… ». Quelques siècles
plus tard, l’Organisation des Nations Unies (ONU) proclama,
le 3 Décembre 1992,
que cette date serait dorénavant celle de « la
journée internationale des personnes handicapées,
pour le respect de leur dignité, la reconnaissance
de droits fondamentaux liés à l’éducation
ou à l’accès au travail ».
Mais bien avant la promulgation de ce décret, le Chef
Spirituel, DIANGIENDA KUNTIMA, qui habitait alors au Centre
d’Accueil de Kinshasa, avait déjà déblayé
le terrain pour une future reconnaissance officielle, en y
conviant, le 10 Mai 1990,
les personnes en situation de handicap au sein de l’Eglise,
pour un entretien avec elles. Il savait combien était
intense leur souffrances, face à l’isolation
qui était devenue partie intégrante de leur
vie. Papa DIANGIENDA s’était longuement entretenu
avec elles et les avait réconfortées. Avec des
mots empreints d’une affection et d’une douceur
toute paternelle, il leur avait fait comprendre qu’elles
étaient, à tout point de vue, des êtres
humains semblables aux autres, qui avaient largement leur
place dans la société et au sein de l’Eglise
Kimbanguiste où elles avaient leur rôle à
jouer, leur mission à accomplir. Ces encouragements
leur avaient donné un nouveau souffle vivifiant pour
poursuivre bravement leur chemin… Il leur avait certifié
qu’elles faisaient aussi partie du troupeau de brebis
dont il était le Maître, et qui paissait dans
son pâturage.
Ragaillardies par la considération que leur avait
témoignée Papa DIANGIENDA, elles s’organisèrent
au fil du temps, jusqu’à mettre en place une
association dénommée : «
Mutuelle de Solidarité des Handicapés Kimbanguistes
», (en sigle : MUSHAKI), dont le Président
est NZUZI MABETO, plus connu sous le sobriquet de «
ARATA ».
Dieu nous a tous créés avec Amour et nous a
rendus égaux pour que les êtres humains vivent
en parfaite harmonie sur terre. Alors, pour perpétuer
la démarche entreprise par Papa DIANGIENDA, son Eminence
Simon KIMBANGU KIANGANI, dans sa magnanimité, n’a
pas oublié cette couche sociale à laquelle on
ne prête généralement que très
peu d’attention : les personnes handicapées qu’englobent
plusieurs spécificités déficientes. Pour
lénifier le tourment qui encercle les défavorisés
du destin, il a dégagés ces éplorés
de l’ombre où ils ont toujours été
relégués, en leur dédiant, il y a quatre
ans, en 2007, la date annuelle du 10 Mai, en souvenir de la
première entrevue où son Eminence DIANGIENDA
KUNTIMA avait pansé leurs blessures morales, à
cette même époque référentielle.
Personne au monde ne peut attester qu’elle est à
l’abri du handicap, car celui-ci peut frapper sans crier
gare, du plus grand au plus petit. Il n’épargne
aucun individu ; il pose son sceau, soit à la naissance,
soit au cours d’une maladie, ou d’un accident
de circulation… Le monde du handicap est globalement
très mal cerné. Partout ailleurs, c’est
la déconsidération qui prime envers ceux qui
ont eu l’infortune de naître ou de devenir bien
après, des personnes physiquement différentes
des autres.
Par ailleurs, ces dernières années, le vocabulaire
a très nettement évolué, en ce sens que,
on est tenu de ne plus dire :
- un handicapé ou un infirme,
car ces mots résonnent péjorativement
aux oreilles de ceux qui sont concernés par
ces qualificatifs, et parfois, ils sont huilés
de mépris, de condescendance dans la plupart
des cas par ceux qui les prononcent ; pour ce faire,
ils ont été remplacés par les
termes ou expressions : «
personne en situation de handicap, personne à
mobilité réduite, personne handicapée
» (vous remarquerez l’importance
du mot personne
qui précède chaque appellation) ;
- un aveugle, mais dites plutôt
: « personne non
voyante (qui ne voit plus du tout), ou
mal voyante » (celle dont la vue a considérablement
baissée, en conservant tout de même une
petite lueur de visibilité) ;
- un sourd, mais, «
personne (ou un) malentendant(e) dont la surdité
est totale ou qui n’entend que très peu.
|
Nous ne prétendrons aucunement que ce nouveau vocabulaire
a été assimilé par tous, mais l’effort
de se conformer à l’usage de ces mots peut être
fourni sans que cela représente une contrainte, si on
y met un brin de volonté.
Entre l’homme et la femme, il y a certes, des similitudes
dans le ressenti, face au handicap, mais nous nous appuierons
plus, sur le détail qu’en règle générale,
la femme perçoit les choses avec plus d’acuité
; et la femme en situation de handicap elle, les vit avec une
dimension plus forte. Face à sa différence, à
son repli sur elle-même, elle prend conscience de sa féminité
qui ne demande qu’à s’épanouir. Une
lutte interminable de nuit de silence jalonnée d’une
enfilade de « pourquoi » et de « comment »
est la traversée d’une phase difficile à
maîtriser.
Au départ, une sensation enrobée d’effroi
plane comme une ombre sur le kaléidoscope de questions
douloureuses qui imprime sa rotation dans le cerveau. La terreur
inextinguible s’y insinue implacablement avant que ne
fuse le cri de révolte. Un nombre incalculable de femmes
en situation de handicap en état de choc, ont sombré
dans le désespoir. Selon les cas, une longue préparation
psychologique avisée s’impose pour vaincre le
traumatisme infligé. Mais il est à noter aussi
que parfois, un combat intérieur personnel conduit
à des résultats aussi extraordinaires qu’une
thérapie médicale.
La femme à mobilité réduite est condamnée
à un apprentissage de sa nouvelle vie car elle doit
se contraindre impérativement à ETUDIER et à
COMPRENDRE son corps devenu déficient. Elle en soupèse
les moindres signes défaillants pour mieux les adapter
au quotidien qui, désormais, deviendra le sien. Prétendre
que tout se joue du jour au lendemain est un leurre car patience,
découragement, espoir, larmes puis détermination
s’entrechoquent alternativement. Le débat intérieur
est livré sans commune mesure. C’est une chevauchée
infernale d’émotions où la monture à
dompter n’a pas de bride et pourtant, il faut s’en
sortir vaille que vaille !
Puis, c’est l’accalmie, la douce sérénité
après la houle. L’instinct de femme s’éveille
en déployant des trésors de tolérance.
Avec d’infinies précautions, comme le pèlerin
qui au terme de ses pérégrinations, la femme
en situation de handicap parvient à surmonter son effondrement.
Sa féminité prend alors le pas sur sa faiblesse.
S’étant plus aguerrie, elle goûte aux joies,
au bien-être de se sentir femme en relevant bien de
défis ! Sa sensibilité naturelle exacerbée
par son handicap tonifie son besoin d’amour, de tendresse
et d’affection. Elle s’y accroche comme unique
moyen d’ouvrir la porte de ses rêves enfouis au
tréfonds d’elle-même. Et lorsque enfin,
au terme de sa courageuse ascension, elle atteint le statut
de d’épouse ou de mère simplement, soit
les deux réunies, ou encore, lorsqu’elle se ménage
une place dans le monde de l’emploi, un cap très
important est franchi avec succès ; il n’y a
plus rien à prouver, ni à démontrer car
elle est FEMME ! Cette conviction rassurante lui donne le
pouvoir de s’extirper de l’impasse en rejetant
loin derrière elle, peur et désolation. Le handicap
n’est pas une fin en soi. Il subsiste toujours de la
dislocation, une « partie vivante » qui refoule
l’inéluctable et qui aspire avidement des goulées
d’air assainissant l’esprit en déroute.
Il suffit d’en percevoir les signaux et de se fier à
l’instinct de survie qui est la plus grande arme de
la personne en situation de handicap.
Bâtir, autour du moral une forteresse inexpugnable garantit
une force de caractère nourrie par la foi, pour certains,
ou par une farouche combativité pour d’autres.
C’est en se réfugiant sous l’oasis de paix
de Dieu, que le combat est gagné d’avance.
BOUKOU Hélène
Gisèle
(Personne en situation de handicap)
Responsable de la Preski - Paroisse de
Rennes
Rennes, 24 juin 2011
Complément de lecture : articles de la même auteure,
bibliothèque
du site www.kimbanguisme.net
• Lève-toi
et marche ! (juillet 2007) • La
foi dans la souffrance (décembre 2006)
|
|