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REGARD SUR LE HANDICAP ET SES CONSEQUENCES
Article de BOUKOU Hélène Gisèle

La vie est parsemée d’accrocs qui compliquent le vécu des uns et des autres. Néanmoins, si l’on parvient à se munir ne fusse que d’une parcelle d’optimisme et d’allant, on arrive à placer un pas devant l’autre pour avancer. Il est cependant impossible de faire abstraction des trébuchements, car ils font partie de la longue route de l’existence.

Pour les personnes en situation de handicap (avec une diversité de pathologies), cette vision de la vie est multipliée par toute une armada de difficultés à surmonter, vu que leur quotidien est devenu une galère permanente qu’elles gèrent au mieux, à leur corps défendant. Au-dessus de cet état de fait qui est déjà en soi, un fardeau bien accablant, viennent se greffer une nuée de discriminations auxquelles elles sont constamment en butte. Elle barricade la vie sociale à laquelle aspirent les personnes en situation de handicap. Elles ne sont pas toujours en mesure de s’affirmer pleinement dans leur autonomie et leur liberté de manœuvre s’en trouve fort réduite, fortement entravée. Tous ces petits riens de la vie, tels que : flâner au gré de ses envies, faire ses courses sans désagréments, assister à un spectacle…, bref, sortir tout simplement pour le plaisir de se sentir vivre ; ces petites choses qui peuvent sembler banales, insignifiantes, ne sont malheureusement pas toujours à leur portée. Et en contrebas, le handicap a figé leur sourire, le handicap à contraint à sombrer dans un lourd et douloureux silence, ceux qui ont glissé tout doucement dans le renoncement et qui n’ont plus la force d’une quelconque combativité.

Un paramètre de taille leur fait défaut : l’accessibilité à tous les niveaux qui est la porte qui laissera filtrer un rai de lumière qui donnera un regain de vitalité à ces personnes marginalisées. Accéder aisément aux endroits publics, administratifs, commerciaux, etc…, sans être confronté à des trottoirs qui auront l’air de les narguer parce qu’elles seraient dans l’impossibilité de les franchir, c’est supplanter la discrimination. Accéder, c’est abolir les obstacles qui obstruent l’issue d’une liberté définissant la vie. Accéder, c’est crier à plein poumons que les personnes en situation de handicap font partie de la société et qu’elles revendiquent leur droit à la citoyenneté.

En outre, cherchera-t-on jamais à percevoir et à comprendre ce qu’il y a derrière l’écran qui voile ce qui leur est dû ? Il y a un homme, une femme, un enfant, une personne âgée qui, en dépit de leur déficience physique ou mentale sont tous, avant tout, des êtres humains et non pas des « moins que rien », des « laissés pour compte », ni des « quantités négligeables ». Elles ne s’abaissent pas à quêter l’aumône ; elles sont ardemment à la recherche de la considération et du respect. Elles ont besoin qu’on les regarde et qu’on les aborde avec naturel au lieu d’offrir le tableau de ces yeux fuyants qui dédaignent de voir de loin ou de près, les personnes handicapées qui ne sont pourtant pas descendues d’une planète inconnue, mais qui sont bel et des créatures de Dieu Tout-Puissant !

Que reproche-t-on au juste, aux personnes en situation de handicap, qu’on n’exprime pas avec des mots ? La DIFFERENCE ! La différence qu’elles n’ont malheureusement pas demandée, mais qui fait d’elles, hélas, des êtres à part, au regard des autres. La totale incompréhension et le rejet quasi systématique dont elles sont victimes, chargent encore plus leur fardeau qui est déjà si lourd à porter au quotidien. Néanmoins, elles scandent qu’elles sont doublement méritantes parce qu’elles savent fièrement et courageusement relever les défis. Leur détermination est inébranlable car en dépit de leur infortune, ce sont elles qui cultivent vaillamment la réelle valeur du mot DIGNITE. Qu’on se le dise !!

Le 17 Août 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, déclara en Assemblée Nationale que : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits… ». Quelques siècles plus tard, l’Organisation des Nations Unies (ONU) proclama, le 3 Décembre 1992, que cette date serait dorénavant celle de « la journée internationale des personnes handicapées, pour le respect de leur dignité, la reconnaissance de droits fondamentaux liés à l’éducation ou à l’accès au travail ».

Mais bien avant la promulgation de ce décret, le Chef Spirituel, DIANGIENDA KUNTIMA, qui habitait alors au Centre d’Accueil de Kinshasa, avait déjà déblayé le terrain pour une future reconnaissance officielle, en y conviant, le 10 Mai 1990, les personnes en situation de handicap au sein de l’Eglise, pour un entretien avec elles. Il savait combien était intense leur souffrances, face à l’isolation qui était devenue partie intégrante de leur vie. Papa DIANGIENDA s’était longuement entretenu avec elles et les avait réconfortées. Avec des mots empreints d’une affection et d’une douceur toute paternelle, il leur avait fait comprendre qu’elles étaient, à tout point de vue, des êtres humains semblables aux autres, qui avaient largement leur place dans la société et au sein de l’Eglise Kimbanguiste où elles avaient leur rôle à jouer, leur mission à accomplir. Ces encouragements leur avaient donné un nouveau souffle vivifiant pour poursuivre bravement leur chemin… Il leur avait certifié qu’elles faisaient aussi partie du troupeau de brebis dont il était le Maître, et qui paissait dans son pâturage.

Ragaillardies par la considération que leur avait témoignée Papa DIANGIENDA, elles s’organisèrent au fil du temps, jusqu’à mettre en place une association dénommée : « Mutuelle de Solidarité des Handicapés Kimbanguistes », (en sigle : MUSHAKI), dont le Président est NZUZI MABETO, plus connu sous le sobriquet de « ARATA ».

Dieu nous a tous créés avec Amour et nous a rendus égaux pour que les êtres humains vivent en parfaite harmonie sur terre. Alors, pour perpétuer la démarche entreprise par Papa DIANGIENDA, son Eminence Simon KIMBANGU KIANGANI, dans sa magnanimité, n’a pas oublié cette couche sociale à laquelle on ne prête généralement que très peu d’attention : les personnes handicapées qu’englobent plusieurs spécificités déficientes. Pour lénifier le tourment qui encercle les défavorisés du destin, il a dégagés ces éplorés de l’ombre où ils ont toujours été relégués, en leur dédiant, il y a quatre ans, en 2007, la date annuelle du 10 Mai, en souvenir de la première entrevue où son Eminence DIANGIENDA KUNTIMA avait pansé leurs blessures morales, à cette même époque référentielle.
Personne au monde ne peut attester qu’elle est à l’abri du handicap, car celui-ci peut frapper sans crier gare, du plus grand au plus petit. Il n’épargne aucun individu ; il pose son sceau, soit à la naissance, soit au cours d’une maladie, ou d’un accident de circulation… Le monde du handicap est globalement très mal cerné. Partout ailleurs, c’est la déconsidération qui prime envers ceux qui ont eu l’infortune de naître ou de devenir bien après, des personnes physiquement différentes des autres.

Par ailleurs, ces dernières années, le vocabulaire a très nettement évolué, en ce sens que, on est tenu de ne plus dire :

- un handicapé ou un infirme, car ces mots résonnent péjorativement aux oreilles de ceux qui sont concernés par ces qualificatifs, et parfois, ils sont huilés de mépris, de condescendance dans la plupart des cas par ceux qui les prononcent ; pour ce faire, ils ont été remplacés par les termes ou expressions : « personne en situation de handicap, personne à mobilité réduite, personne handicapée » (vous remarquerez l’importance du mot personne qui précède chaque appellation) ;

- un aveugle, mais dites plutôt : « personne non voyante (qui ne voit plus du tout), ou mal voyante » (celle dont la vue a considérablement baissée, en conservant tout de même une petite lueur de visibilité) ;

- un sourd, mais, « personne (ou un) malentendant(e) dont la surdité est totale ou qui n’entend que très peu.

Nous ne prétendrons aucunement que ce nouveau vocabulaire a été assimilé par tous, mais l’effort de se conformer à l’usage de ces mots peut être fourni sans que cela représente une contrainte, si on y met un brin de volonté.

Entre l’homme et la femme, il y a certes, des similitudes dans le ressenti, face au handicap, mais nous nous appuierons plus, sur le détail qu’en règle générale, la femme perçoit les choses avec plus d’acuité ; et la femme en situation de handicap elle, les vit avec une dimension plus forte. Face à sa différence, à son repli sur elle-même, elle prend conscience de sa féminité qui ne demande qu’à s’épanouir. Une lutte interminable de nuit de silence jalonnée d’une enfilade de « pourquoi » et de « comment » est la traversée d’une phase difficile à maîtriser.

Au départ, une sensation enrobée d’effroi plane comme une ombre sur le kaléidoscope de questions douloureuses qui imprime sa rotation dans le cerveau. La terreur inextinguible s’y insinue implacablement avant que ne fuse le cri de révolte. Un nombre incalculable de femmes en situation de handicap en état de choc, ont sombré dans le désespoir. Selon les cas, une longue préparation psychologique avisée s’impose pour vaincre le traumatisme infligé. Mais il est à noter aussi que parfois, un combat intérieur personnel conduit à des résultats aussi extraordinaires qu’une thérapie médicale.

La femme à mobilité réduite est condamnée à un apprentissage de sa nouvelle vie car elle doit se contraindre impérativement à ETUDIER et à COMPRENDRE son corps devenu déficient. Elle en soupèse les moindres signes défaillants pour mieux les adapter au quotidien qui, désormais, deviendra le sien. Prétendre que tout se joue du jour au lendemain est un leurre car patience, découragement, espoir, larmes puis détermination s’entrechoquent alternativement. Le débat intérieur est livré sans commune mesure. C’est une chevauchée infernale d’émotions où la monture à dompter n’a pas de bride et pourtant, il faut s’en sortir vaille que vaille !

Puis, c’est l’accalmie, la douce sérénité après la houle. L’instinct de femme s’éveille en déployant des trésors de tolérance. Avec d’infinies précautions, comme le pèlerin qui au terme de ses pérégrinations, la femme en situation de handicap parvient à surmonter son effondrement. Sa féminité prend alors le pas sur sa faiblesse. S’étant plus aguerrie, elle goûte aux joies, au bien-être de se sentir femme en relevant bien de défis ! Sa sensibilité naturelle exacerbée par son handicap tonifie son besoin d’amour, de tendresse et d’affection. Elle s’y accroche comme unique moyen d’ouvrir la porte de ses rêves enfouis au tréfonds d’elle-même. Et lorsque enfin, au terme de sa courageuse ascension, elle atteint le statut de d’épouse ou de mère simplement, soit les deux réunies, ou encore, lorsqu’elle se ménage une place dans le monde de l’emploi, un cap très important est franchi avec succès ; il n’y a plus rien à prouver, ni à démontrer car elle est FEMME ! Cette conviction rassurante lui donne le pouvoir de s’extirper de l’impasse en rejetant loin derrière elle, peur et désolation. Le handicap n’est pas une fin en soi. Il subsiste toujours de la dislocation, une « partie vivante » qui refoule l’inéluctable et qui aspire avidement des goulées d’air assainissant l’esprit en déroute. Il suffit d’en percevoir les signaux et de se fier à l’instinct de survie qui est la plus grande arme de la personne en situation de handicap.

Bâtir, autour du moral une forteresse inexpugnable garantit une force de caractère nourrie par la foi, pour certains, ou par une farouche combativité pour d’autres. C’est en se réfugiant sous l’oasis de paix de Dieu, que le combat est gagné d’avance.


BOUKOU Hélène Gisèle
(Personne en situation de handicap)
Responsable de la Preski - Paroisse de Rennes
Rennes, 24 juin 2011


Complément de lecture : articles de la même auteure, bibliothèque du site www.kimbanguisme.net

Lève-toi et marche ! (juillet 2007)
La foi dans la souffrance (décembre 2006)
 
 
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